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Minecraft*
Il aura suffi que Roshi Bhadain et le MMM tiennent, hier, leur conférence de presse en solo pour que circulent les rumeurs d’un éclatement imminent du regroupement de l’espoir dans des rangs de l’opposition plurielle. Cela traduit la fragilité manifeste de cet attelage comprenant le PMSD, le MMM, le Reform Party et le one-man-party qu’est Nando Bodha. Si l’entrée en scène de ce dernier avait provoqué une scission avec les travaillistes, car Paul Bérenger, le soi-disant expert en «ethnic politics», pensait que l’ex-dauphin de SAJ allait changer la donne sur l’échiquier, en cassant la bi-polarité Navin-Pravind, force est de constater que Bodha n’arrive pas à décoller et risque de finir, du moins aux yeux du MMM, comme un Madan Dulloo, voire un Ashok Jugnauth, sans plus.
La situation économique se corse, avec le glissement continu de la roupie, une majoration des prix des produits pétroliers et du coût du fret. Cette inflation galopante va immanquablement engendrer une tension sociale que le MSM ne pourra pas gérer seul sur le terrain. Les promesses faites avant le Covid-19 ne pourront pas être respectées – d’autant que la Banque mondiale, le FMI, le GAFI veillent au grain. Mais la République des Chatwas que ce régime a construit, alléchée par les milliards de la BoM, va réclamer des comptes ; chacun réclamera son «boute» du butin.
Si au sein de l’opposition, les choses ne sont pas aisées en raison de la confusion des rôles et d’un trop-plein de chefs et de sous-chefs, au sein de LaKwizinn, les bruits de casseroles se font entendre. Si Steve Obeegadoo puise dans sa voix de stentor pour tenter d’impressionner la galerie, il devient évident qu’il n’arrive pas à galvaniser les troupes. Il n’est ni Ivan Collendavelloo, encore moins Xavier Duval. Alors pourquoi le MSM lui a-t-il offert ce poste très convoité de no 2 du gouvernement, se demande-t-on de plus en plus ? Sa gestion laborieuse du dossier tourisme et son slogan «Sel Solityon Vaccination» jouent contre lui. Pire, il ne peut pas compter sur Collendavelloo ou Ganoo, car ces deux-là souhaitent secrètement qu’il chute afin que, eux, ils grimpent ; la fin de leur carrière étant proche.
Le contexte socio-économique, l’usure du pouvoir du MSM, la mort de SAJ, les chiffres faussés de Renganaden Padayachy, l’inflation, le manque d’indépendance des institutions comme la Banque centrale, l’ICAC, la FSC et la FIU (à un moment où le GAFI débarque) et le manque de dynamisme et d’expérience des ministres et des conseillers vont pousser le MSM à négocier tôt ou tard une alliance électorale avec l’opposition. C’est une question de temps. En fait, Bérenger l’a confirmé hier : «Tout korek ant nous, nou pe zwenn semaine prochaine normalement. Bez la dan MSM ek PTr.» En fait, quand Bérenger parle ainsi, il exprime le contraire de ses pensées… Ceux qui suivent la politique depuis plus d’un quart de siècle connaissent ces codes et signes avant-coureurs. Rien n’a changé. C’est un jeu de dynasties. Les parents disparaissent et les enfants prennent la relève. Les électeurs sont des moutons, qui aiment le changement qu’on leur vend, même si au fond rien ne change réellement.
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Dans l’express d’hier, une psychologue, sûrement bien intentionnée, affirmait que «l’enfant qui passe plus de deux heures sur un écran récréatif risque de devenir dépendant». Elle recommande donc qu’on ne donne pas un smartphone ou une tablette à des enfants «avant 13-14 ans» et parle d’addiction numérique. Je pense qu’il est important, au nom de mes enfants du moins, de nuancer fortement ses propos. J’ai pas mal recherché les études sur les effets, bienfaisants et délétères, des écrans sur les jeunes enfants (j’ai deux enfants, âgés de 7 et 10 ans). Je n’ai pas encore trouvé une étude qui fait autorité mondialement sur le sujet; les experts restent partagés. Raison pour laquelle les recommandations doivent varier selon les pays, les contextes, les enfants, les parents, la fermeture des écoles, l’apprentissage en ligne, etc. À contrario, il existe des points de vue qui affirment que l’on ne devrait pas parler d’addiction. Au Boston Children’s Hospital, l’on met surtout en avant le fait que «one thing we need to get away from is the concept that screens are toxic (…) screens are not inherently toxic. They are neutral. It’s what we do with them that matters.» Dans l’article Stop the Freakout Over Kid’s Screen Time, la journaliste Kiera Butler estime que l’on suit une longue tendance qui a commencé depuis la Grèce antique : «Philosophers claimed that the act of writing would make young people more rebellious. In the 18th century, parents worried that their children would become addicted to reading…»
Les temps changent. Comme me disait une amie, de toutes façons avec la pandémie et le «home schooling», nous n’avons pas beaucoup de choix. Il nous faut nous faire une raison : les écrans vont prendre encore plus de place dans notre «panorama éducatif et social» et nos enfants ne deviendront pas pour autant des drogués ou des zombies. Mon fils, Sami-Lee, qui vit aux États-Unis, me parle beaucoup de son jeu favori, Minecraft, grâce auquel il peut créer son propre univers, avec pour seules limites : l’imagination et le temps. Alors écoutons plutôt Maria Montessori qui nous a légué une bien belle phrase, si réaliste : «N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands.» Et nous, on sera, sans doute, morts.
* Minecraft est un jeu virtuel de survie. Les joueurs se retrouvent projetés dans un vaste «Open World», sans aucune ressource. Le but est donc de rester en vie. Pas évident quand on n’a rien du tout. Il faut récolter des ressources et les associer pour en obtenir de nouvelles… Un jeu d’adultes et d’enfants. Une leçon de vie, quoi.
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