Le leader de l’opposition, Xavier Duval, le sait pertinemment bien : le PMSD n’a pas d’avenir dans toute alliance dirigée par le MMM.

En effet, à moins qu’on ne soit arrivé à un tel niveau de développement dans le nation-building – et que les Mauriciens auront tout simplement cessé de réagir par reflexe communal ou raciste – il serait impossible qu’un jour un futur gouvernement aura comme N°1, Paul Bérenger et N°2, Xavier Duval. Le PMSD serait donc condamné à n’être que le N°3.

Par contre, dans un arrangement avec le MSM mais aussi avec le Parti travailliste, le PMSD est tout à fait assuré d’être le N°2. D’ailleurs cela s’est produit en plusieurs occasions lors des coalitions mises en place soit sous les Ramgoolam soit sous les Jugnauth. Donc dans le contexte actuel avec le MSM solidement ancré au pouvoir, le coq n’a d’autre choix que reprendre le chemin du poulailler de LaKwizinn que le parti avait abandonné en 2016 sur une question de principe. On ne pourrait que saluer la décision du PMSD d’avoir sauvé le rule of law dans le pays plutôt que de jouir du pouvoir.

Quels sont les intérêts mutuels qui pourraient justifier ce développement au niveau du poulailler ? Pour Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), ce serait une occasion idéale pour déclencher une vaste et spectaculaire opéra tion visant à chasser le bouc émissaire. Et s’inspirant de la légende biblique, de mettre tous les péchés sur le dos du pauvre animal. Et les péchés se ramassent à la pelle. Du coup, dans un élan de grande humilité, PKJ pour rait dire haut et fort – à tout le monde, aux Mauriciens comme aux étrangers – que sa plus grave erreur de jugement aura été de faire confiance à son ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Et là encore, il pourrait procéder à quelques licenciements étonnants dont celui du gouverneur de la Banque de Maurice. Du coup, PKJ serait en position de faire son mea culpa auprès de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’Union européenne pour dire que sa bonne foi a été trompée mais qu’il entame maintenant un nouveau départ. Ayant été un parti farouchement pro-occidental de toute son histoire, le PMSD qui jouit d’une certaine crédibilité auprès des Européens pourrait aider à refaire l’image du gouvernement.

L’apport du PMSD pourrait aussi permettre au MSM d’investir dans des opérations de communication politique en dehors du Hindibelt où des manœuvres d’overkill ont été menées notamment avec la nomination des gens, tous de la même… sous-caste, au sein d’un conseil d’administration.

Le PMSD gagne quoi ? Énormément de bénéfices. Dont le double jackpot de Xavier Duval lui-même. Il prend les Finances, le poste le plus important après celui du Premier ministre. Ensuite il accède aux fonctions constitutionnelles de Deputy Prime Minister. Que fait-on de Steve Obeegadoo dans ce cas ? Il n’est point nécessaire de détenir un doctorat en sciences-po pour conclure, après une analyse coût-bénéfice sommaire, que les dégâts causés par la rétrogradation d’Obeegadoo seraient largement compensés par les bénéfices découlant de la présence du coq dans le poulailler. Se retrouvant dans une situation de beggars can’t be choosers, Obeegadoo serait très reconnaissant pour toute autre nomination ministérielle dont il bénéficierait. Ayant été éduqué en Angleterre, il tirerait un confort maximal de l’adage ‘half a loaf is better than no bread at all’.

Le PMSD gagnerait aussi par la nomination du fiston Adrien au poste d’Attorney-General et celle de Kushal Lobine à l’Agriculture, un ministère sans direction sous le MSM, pourtant tellement nécessaire à cultiver le Hindi-belt. Il serait nuisible à l’image de Xavier Duval s’il crée l’impression de n’avoir œuvré que pour lui-même et son fils tout en acceptant un ou deux ministères ‘couillon-couillon’ pour d’autres éléments du PMSD.

Le coq a chanté mais il faudrait s’attendre à d’âpres négociations avant qu’il n’entre dans le poulailler. Ainsi, l’abandon des pétitions électorales du PMSD pourrait servir de monnaie de marchandage…