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Britam : tout ça pour ça ?!
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Britam : tout ça pour ça ?!
Britam oblige, les deux conférences de presse politiques d’hier étaient bien plus interminables que d’habitude. Au moins 75 minutes pour celle du gouvernement, animée par les ministres Maneesh Gobin, Mahen Seeruttun et Bobby Hurreeram. En un peu moins de 60 minutes pour l’Alliance de l’Espoir, avec le quatuor Duval-Bérenger-Bhadain-Bodha. Accusations, délations, dénonciations, insinuations, interrogations, on a entendu tout et son contraire sur l’affaire Britam de deux perspectives politiques diamétralement opposées et forcément excessives (puisque les conférences de presse sont devenues des meetings déguisés). Les 352 pages du rapport provoquent des réactions terribles, irrationnelles, enflammées. Tout paraît biaisé. Chacun veut avoir raison sur tout, sans aucune concession possible. Tout le monde sait tout sur ces ventes d’actions au Kenya. Voilà de quoi confondre le grand public, forcément abasourdi par tant de bile excessive, des deux côtés.
Du côté du Trésor, on a défendu bec et ongles le «juge et docteur Bhushan Domah», sans toutefois citer le nom de l’omniprésent Sattar Hajee Abdoula (comme s’il fallait le protéger) ou celui de l’autre assesseur, Imrith Ramtohul. On a aussi et surtout cloué au pilori Roshi Bhadain, grand responsable, selon les ministres, «d’avoir détourné Rs 1,9 milliard qui devaient aller aux victimes du Super Cash Back Gold et de Bramer Asset Management». «Akot kas-la finn alé», ont lancé les ministres, fiers serviteurs de Pravind Jugnauth, «l’homme qui eut le courage et la vision d’avoir institué cette commission d’enquête».
Alors que sur le plan local, les institutions «indépendantes et fonctionnelles», comme la police et l’ICAC, vont démarrer leur enquête séparément, sur le plan international, des agences comme l’UNODC et la Banque mondiale seront alertées «pour essayer de retracer cet argent». Les ministres-justiciers, qui traquent chaque sou de l’argent public, ont donné l’assurance que «Bhadain va payer pour tout le mal qu’il fait au pays», lui qui est «cornered par le rapport Domah, qui insulte et menace tout le monde, y compris la presse…» Entendre Bobby Hurreeram défendre la presse a surpris, mais il n’a pas précisé à quelle presse en particulier il faisait référence. En revanche, il s’est demandé comment feront Bérenger et Duval pour s’asseoir désormais aux côtés de Bhadain.
Dans le camp de l’Espoir, la riposte a été simultanée. La guerre de l’opinion politicienne se fait chaque samedi par conférence de presse interposée. Chacun joue au démocrate en faisant croire que la presse est un partenaire privilégié (alors que tel n’est souvent pas le cas). Malgré la charge contre Bhadain, la bonne humeur est de rigueur. Bérenger fait deux fois plus de blagues que d’ordinaire, sûrement pour démontrer que la solidarité reste de mise, que Britam ne pourra pas écorner leur alliance. On pouvait effectivement constater que le rapport Domah n’a pas provoqué de gêne, mais semble surtout avoir resserré les rangs, car même le PTr a abondé dans le même sens la veille. Comme un seul homme, Duval, Bérenger et Bodha ont défendu le leader du Reform Party, et ont rejeté la «soi-disant commission d’enquête». Pour l’opposition, ce rapport n’est rien d’autre qu’une arme politique pour descendre un adversaire, en l’occurrence «Roshi», parce qu’il parle des sujets qui dérangent comme l’affaire Kistnen et Angus Road.
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Nos lecteurs aussi semblent déchaînés par le rapport ou par les propos des uns et des autres, à en juger par les commentaires qu’ils nous font parvenir. «Oui, la politique locale a atteint des bas-fonds comme jamais, mais faudrait pas que ‘l’express’ la rejoigne aussi dans le caniveau (…) Je suis convaincu que la déchéance du langage fait le lit de toutes les tyrannies et vous avez un rôle pour empêcher cette déchéance même si (ou plutôt surtout si) tous les autres s’y vautrent par ailleurs», écrit un fidèle lecteur de l’express.
Dans pas mal de nos éditoriaux, nous avons fait le point que pratiquement tout est politisé à outrance chez nous. De la nomination d’un petit fonctionnaire ou de l’octroi d’un permis pour nettoyer les bureaux au renouvellement du contrat du commissaire de police ou du DG de l’ICAC. C’est pour cela que peu de personnes vont lire le rapport de Domah parce qu’on croit savoir où chacun veut en venir. Quatre ans de travail, et voilà qu’une bonne partie de l’opinion rejette tout de go ce travail qui n’a par ailleurs rien trouvé de compromettant, en termes de documentary evidence, contre Bhadain. En revanche, comme publié dans l’express du jeudi 29 juillet, l’on a appris que la partie kenyane, pourtant susceptible d’apporter des éléments autrement moins partisans, n’a pas eu la possibilité de donner son son de cloche. Bhushan Domah avait bouclé son rapport - apparemment avant les dernières élections générales - alors que les Kenyans n’ont été notifiés que... le mois dernier.
Comme contribuable, il y a de quoi être déçu qu’il y ait eu autant de temps, d’énergie et de roupies gaspillés par la commission d’enquête pour retourner… vers la police et l’ICAC ! Tout ça pour ça, vraiment ?
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