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Covidisme

11 août 2021, 07:22

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Avec tout son sérieux, ma fille de (presque) sept ans m’a demandé cette semaine si le coronavirus, qui chamboule son calendrier et ses habitudes scolaires, de même que ses plans d’anniversaire, a été conçu par des chauve-souris pour nuire aux humains ?! J’ai alors compris qu’au-delà des statistiques, études, théories, ou vaccins qu’on dissémine ou pas, que le Covid-19 s’avère bien plus qu’un virus. C’est devenu, au fil des rituels et des sermons, une nouvelle religion, avec ses milliards de fidèles et de dollars. Le problème, c’est que chacun, en son âme et conscience, sans avoir accès à toutes les données, est appelé à croire, ou ne pas croire. Ou être agnostique, avec quelques variants de doute.

Comme toutes les religions, le Covid-19 s’avère surtout une idéologie, conçue pour imposer ou justifier notre situation depuis décembre 2020. Toute idéologie se heurtant à une contre-idéologie, cette quête de sens emprunte plusieurs chemins, certains débouchant sur le port du masque et d’autres sur la problématique des vaccins, du mix vaccinal, des passes sanitaires et l’influence transnationale des Big Pharma. Prêcheurs et détracteurs s’affrontent sans pitié. Mais au fond, combien d’entre nous, bombardés par toutes sortes d’infos et abrutis par les médias internationaux et les réseaux sociaux, pensons réellement que le virus serait le produit d’un laboratoire chinois, comme le martelait Donald Trump, dès les premières manifestations de la pandémie ? Malgré les théories et les complots, personne n’a pu le certifier, y compris l’OMS qui a enquêté sur place à Wuhan. En attendant des conclusions définitives, tantôt l’on nous dit que Bill Gates tire les ficelles de l’OMS, et tantôt on nous rappelle que c’est de notoriété publique, que l’OMS appartient à la Chine. Que Gates finance des écoles de journalisme en Europe pour accentuer et justifier la campagne de vaccination, alors que celle-ci n’est pas sans risques pour nous cobayes...

Et alors que l’État mauricien commence à atténuer les mesures totalitaires dites sanitaires, il importe de prendre du recul par rapport aux multiples versions et lobbies, afin de ne pas induire nos enfants en erreur. Une façon de procéder est de se demander : qui gagne quoi en poussant dans telle ou telle direction ? Du médecin au ministre en passant par l’OMS et les géants de l’industrie pharmaceutique. Beaucoup pensent que si les médias parlaient moins du Covid-19, on pourrait enfin passer à autre chose, opérer en douce une sorte de retour à la vie d’avant, alors que d’autres, comme des prophètes de malheur, persistent à parler de 3e, voire de 4e vague, ou de 3e ou de 4e dose. D’autres encore comme QAnon, Alex Jones, David Icke, un paquet d’anti-vax et Donald Trump ont tout bonnement été bannis de certains réseaux sociaux ou moteurs de recherche (Facebook et Instagram auraient supprimé plus de 12 millions de contenus qui, selon eux, diffusaient de la désinformation et promouvaient des théories du complot «fausses, discréditées et dangereuses.») Mais la question à laquelle je ne trouve pas encore de réponse : si nous arrivons à effacer toutes les fake news et théories du complot, serait-il alors possible de favoriser l’emergence d’une société meilleure régie par la transparence et la vérité ? Que les vaccins s’échangeront par le biais du commerce équitable entre producteurs du Nord et consommateurs du Sud... 

Mais qui détient la vérité ultime et qui tire profit du Covid-19 ? Aux États-Unis, la moitié des Américains adhèrent aujourd’hui à au moins une théorie du complot, dont la plupart à l’hypothèse selon laquelle la pandémie de SARS-CoV-2 soit, comme l’imagine ma fille, le résultat d’une fuite accidentelle de l’Institut de virologie de Wuhan. Mais les chiffres montrent que ceux qui engrangent le plus d’argent sont surtout des Américains… Et au Bangladesh, on redoute le variant mauricien davantage que son homologue indien. Dommage que notre institut de vaccin n’existe pour l’instant que sur papier. 

*** 

Chez nous, les prêcheurs qu’étaient Jagupal, Gaud et Joomaye interviennent de moins en moins, comme s’il leur fallait minimiser les nombreux cas qui sont détectés depuis que les frontières ont été entr’ouvertes. Les statistiques sont présentées autrement. Comme s’il fallait créer des conditions pour inciter davantage qu’une poignée de touristes à revenir remplir nos hôtels, à partir du 1er octobre, puisque nous sommes, selon Lord Obeegadoo, «relatively Covid-safe». Les autorités ont fini par réaliser que les resort bubbles ne sont que des bulles vides et qu’il est temps de crever l’abcès, et de faire face à la terrible réalité : sans devises, on va s’enfoncer davantage dans un marasme, que d’aucuns préfèrent ne pas voir.

La Santé a changé de ton : les symptômes du Covid- 19 sont devenus aussi insignifiants qu’une grippe ou une pneumonie banale. On rationalise de plus en plus le covidisme, soit cette dimension idéologique ou religieuse. On dédramatise la manière dont le virus se doit d’être vécu mentalement et moralement. 

Sur la toile, un humoriste a fait un sketch qui cartonne : «Le Covidisme». L’humoriste décrit son quotidien de «covidiste» comme un être possédé, appartenant à une secte à part entière. Selon lui, la vertu cardinale du «covidisme» est «l’hygiénisme», avec une finalité : une société aseptisée, dépourvue de microbes et de virus, avec ses érudits, ses modérés et ses extremistes. 

Et puis bien sûr, il y a les mécréants aussi...