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Cannabis, un souffle nouveau
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Cannabis, un souffle nouveau
Bonne nouvelle ! Le gouvernement s’est enfin décidé à explorer les usages industriels et médicinaux du chanvre. Cette ordonnance aligne Maurice sur un certain nombre d’autres pays africains, qui sont en quête du nouvel or vert, notamment l’Afrique du Sud, le Lesotho, le Maroc, l’Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe. Plus près de chez nous, à La Réunion, depuis octobre 2020, un décret autorise l’expérimentation du cannabis thérapeutique et les essais ont commencé à partir du 31 mars 2021 pour une durée de deux ans. Et en avril 2021, une entreprise du Lesotho est devenue la première en Afrique à être autorisée à exporter du cannabis médical vers l’Union européenne, qui, au siècle dernier, achetait toute notre cargaison de sucre à un prix préférentiel...
C’était hier. Aujourd’hui, ce qui se passe ailleurs prouve qu’il était grand temps pour notre pays de tenter, des années après la mort du King Sugar, le nouveau filon vert, surtout avec la quantité de champs de canne qui sont abandonnés. Pour cela, il nous fallait, de manière dépassionnée, oublier nos préjugés et penser le cannabis comme une industrie et non plus comme une drogue récréative.
On l’écrit depuis 2013 : en faisant la promotion de la culture du cannabis, on pourrait créer de nouveaux emplois, attirer des touristes et faire rentrer des devises dans les caisses de l’État comme dans celles du secteur privé. En ces temps de changement climatique, on amorcerait aussi un important retour à la terre, en faisant pousser des plantes au lieu de bétonner tout Maurice. Mais en écoutant les socioculturels, ou en leur accordant de l’importance dans l’espace public, les gouvernements Ramgoolam et Jugnauth ont préféré, par manque d’audace, pousser les graines du chanvre sous le tapis en temps électoral.
Pourtant, le cannabis est sans doute la substance illégale la plus consommée à Maurice. L’herbe de Chamarel, si elle parvient à maturité, est pour les connaisseurs l’un des meilleurs produits de cette partie du monde ; certainement meilleur que le zamal réunionnais, ou le jamala malgache, ou encore le chanvre indien. La spécialiste des plantes tropicales, l’ex-présidente Ameenah Gurib-Fakim, confiait, il y a quelques années à l’express, qu’il n’y a jamais eu d’étude scientifique sur le cannabis mauricien, alors que le MSIRI refusait, il y a des décennies, d’étudier la possibilité de cultiver le chanvre industriel.
En l’absence d’études sérieuses, les impressions non-sérieuses de tout un chacun fleurissent notre jardin déjà rempli de préjugés, qui ont remplacé durablement la canne à sucre chez nous. C’est ainsi qu’il y a quelques années, lasse d’attendre une réponse des autorités mauriciennes relative à son projet de culture et de production de cannabis médical, la société Dr Potter’s a préféré signer un accord avec le gouvernement d’Antigua. Pourtant, le milliardaire à la tête de la société avait d’abord choisi Maurice pour investir plus de $ 20 millions par an et jusqu’à $ 100 millions à terme.
Mais l’herbe était plus verte ailleurs à l’époque. Aujourd’hui, elle pourrait devenir un pilier de notre économie qui cherche un souffle nouveau…
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