On ne peut ne pas saluer la décision du président Pradeep Roopun de recevoir une délégation de parlementaires travaillistes dans le sillage de leur lettre de dénonciation du comportement odieux du speaker, Sooroojdev Phokeer, quand il s’est moqué de la maladie dont souffre le député Rajesh Bhagwan, du MMM. 

Ceux qui manifestent le réflexe automatique d’associer la présidence de la République à la fameuse Kwizinn, réduisant Pradeep Roopun à un simple chokra auront sans doute réalisé qu’il s’est démarqué des autres. Surtout de l’attitude affichée par ceux qui au gouvernement se contentent de dire «laisser aboyer les chiens, la caravane passe». Le président Roopun a pris l’initiative d’offrir l’occasion aux chiensaboyeurs rouges de venir lui exprimer en personne leur condamnation du comportement du speaker. 

Suivant cette initiative de la présidence, il serait intéressant de voir comment LaKwizinn va dorénavant gérer le dossier Phokeer. Tout d’abord, il faudrait reconnaître que Phokeer a été d’une efficacité foudroyante et dévastatrice dans sa mission de défendre les intérêts de LaKwizinn au Parlement. Il a utilisé tous les moyens physiques et psychologiques possibles pour désarticuler l’opposition au Parlement. Il a été tellement implacable dans cette tâche qu’il a rendu impuissants les adversaires au Parlement de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ). 

Puisque Phokeer s’est avéré tellement utile à LaKwizinn dans l’entreprise d’étranglement de l’opposition, on ne voit pas PKJ le virer aussi facilement. Phokeer se dédouanerait-il en présentant des excuses ? Dans ce cas, il deviendrait un lame duck, un joke, ce qui lui ferait perdre le contrôle du Parlement pour le compte de LaKwizinn. En fait, les dégâts politiques qu’il a occasionnés pourraient prendre une telle proportion que PKJ n’aurait d’autre choix que de le débarquer. 

Phokeer se retrouve contesté devant la justice en raison de son comportement dictatorial en violation des normes respectées à Maurice. En insultant Rajesh Bhagwan en pas moins de 11 fois sur son problème médical, il a techniquement enfreint les lois et les conventions internationales auxquelles Maurice a souscrites pour assurer la protection des malades et des autrement capables. Des procès contre Phokeer sur la base de cette violation de la dignité humaine annoncent des dégâts inestimables. 

Quoi qu’il en soit, il serait néanmoins difficile sinon impossible pour PKJ de trouver un remplaçant disposant de la puissance de feu de Phokeer. Avec tous les néophytes qui entourent PKJ et la quasi-démobilisation d’Ivan Collendavelloo, l’opposition, qui compte des éléments aussi aguerris que Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan, Arvin Boolell, Shakeel Mohamed et Patrick Assirvaden, va cracher du feu au Parlement. À moins que Bobby Hurreeram qui a déjà fonctionné comme deputy-speaker dans le passé ne s’offre en l’homme providentiel. Dans ce cas, il faudrait permettre aux députés de l’opposition – au nouveau speaker aussi – de s’armer de tout l’attirail de kickboxing avec chaussures, gants et masques en acier assortis.