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C’est logique…

23 août 2021, 12:49

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Et si on avait simplement nommé Anil Kumar Dip comme commissaire de police (CP) par intérim avant de le faire sauter comme un bouchon de champagne ? Ce faisant, l’ICAC démontrerait qu’elle n’est pas tout à fait un bouledogue sans dents qui sert à protéger le pouvoir en place, et le gouvernement démontrerait, pour sa part, son sérieux dans la lutte contre la (petite) corruption. Quand la FATF partira, le MSM pourrait alors placer son homme de confiance, en sus de Heman Jangi, aux Casernes centrales, sans qu’on puisse l’accuser d’avoir fait passer son choix sur la tête des autres… Win-Win-Win ! Pauvre Dip ! Il devient le trophée de Navin Beekarry. 

L’express faisait ressortir, le jour de la nomination de Dip, qu’étymologiquement, «par intérim» fait référence à quelque chose ou quelqu’un de «provisoire». Qui normalement n’est pas appelé à durer. Dans le monde du travail, le terme se réfère au travail dit «temporaire». L’une des différences fondamentales entre un CP provisoire et un CP permanent, outre la sécurité d’emploi, a trait au fait que les compensations salariales peuvent être différentes (surtout le package à l’heure de la retraite). 

On le redit : c’est au pied du mur, dans le feu de l’action, qu’on verra si l’intérim aura des effets négatifs sur la productivité ou la vitesse d’ajustement au régime MSM du policier Anil Kumar Dip. Si pour plaire à Pravind Jugnauth, et faire refermer le dossier de l’ICAC, il doit devenir un bouclier comme Phokeer au Parlement (qui a fait feu de tout bois pour bloquer la question qui fâche sur Angus Road) ou comme le DG de l’ICAC (dont le contrat vient d’être renouvelé après son acrobatie indécente devant les Law Lords dans l’affaire MedPoint), donc on est mal barré. Car le MSM contrôlerait alors trois institutions, et non des moindres : l’Assemblée nationale qui expulse et insulte l’opposition, l’ICAC qui range des affaires embarrassantes – comme le Yerrigadoogate/Bet 365 – dans des tiroirs fermés à double tour et… la police. 

La question demeure. Qui surveille nos policiers ? Le Complaints Bureau de la police ? L’ICAC, en toute indépendance sans les consignes de LaKwizinn ? La Commission des droits humains ? Ces trois institutions, hélas, ont démontré leurs limites dans plusieurs cas de dérapage des forces de l’ordre. Il nous faut une plate-forme, hors des Casernes centrales, pour signaler les infractions commises par des policiers. D’autant plus que de nos jours, avec nos smartphones et Internet, il est facile de mettre à nu les comportements inacceptables de bien des policiers, comme ceux qui s’évertuent à faire capoter l’enquête judiciaire, avec la complicité de relais complices. 

*** 

Qui de Pravind Jugnauth ou de Navin Ramgoolam sera le mâle dominant d’une éventuelle alliance PTr-MMM ? Au stade actuel de leur vie politique, c’est sans doute la question qui les taraude le plus. Et les autres points ne nous semblent pas si «fondamentaux» que cela.

Dans l’opinion publique, il devient de plus en plus clair que celui, qui court le plus derrière cette alliance électorale demeure le leader du MSM, qui a tout à perdre s’il arrivait à perdre le pouvoir. Ramgoolam, lui, a déjà beaucoup perdu, même s’il doit lui rester quelques autres millions. 

En 1995, pour conquérir le pouvoir, Navin Ramgoolam avait misé sur Paul Bérenger pour crédibiliser son programme gouvernemental et accessoirement venger le 60-0 de son père face à Anerood Jugnauth. Puis, une fois Premier ministre, après avoir investi les municipalités (dont les portes lui ont été ouvertes par les mauves), il s’est débarrassé du MMM car Bérenger marchait trop sur ses plates-bandes premierministérielles, surtout quand il était à l’étranger. Bérenger s’était alors jeté dans les bras des Jugnauth pour reconquérir le pouvoir et devenir, pour la première fois de sa longue carrière, grâce à un accord à l’israélienne, Premier ministre, même si ce n’était que pour deux ans. Il avait pris goût à ce poste suprême, mais n’a pu récidiver en 2005, mordant la poussière face au même Navin Ramgoolam. Depuis, ce dernier a connu succès sur succès. Et Bérenger veut se réfugier entre Roshi Bhadain et Nando Bodha. 

Personne n’est dupe. Face à Pravind Jugnauth, il faudra trouver le bon Vaish. Au sein du PTr, le message est clair : Bodha ne compte pas et Ramgoolam ne va pas step down. Mais le «tout ou rien» pourrait se diluer dans l’orange, si les ego sont mis de côté, car l’économie – qui ne va pas se redresser aussi vite que nous le dit Rengananden Padayachy – va bientôt imposer sa propre logique…