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Un an après ...
Souvenez-vous. Il y a un an de cela, sous le couvert d’une situation pandémique inédite, d’une loi-omnibus d’exception, et d’un certificat d’urgence, de basses manoeuvres et de gros contrats publics avaient été exécutés sans transparence aucune, soi-disant pour sauver des vies mauriciennes. Mais personne n’était dupe des intentions véritables de ceux qui s’affairaient alors qu’on était en situation de «lockdown», tant tout cela laissait transpirer un parfum de corruption et de népotisme. Malgré cela, la police et l’ICAC n’avaient pas cru bon de lever le moindre petit doigt. Et alors que l’on croyait que les Mauriciens avaient fini par intérioriser que la corruption est, peutêtre, dans l’homme politique, comme l’eau polluée est dans la mer, il y a eu un sursaut salutaire.
Le réveil citoyen a eu lieu le 29 août 2020.
Moment historique. Réveillés, voire révoltés, par l’échouage du Wakashio et des dauphins, plus de 75 000 Mauriciens ont choisi de se rebeller pacifiquement dans les rues de Port-Louis. Munis de pancartes les unes plus satiriques que les autres envers le pouvoir, nous avons défilé, quadricolore en main, dans une rare communion patriotique. «De mémoire de journaliste, la qualité de la foule réunie hier à Port-Louis dépasse l’imaginaire citoyen. Les nostalgiques de 1975 et 1982 ont eux-mêmes été surpris par cette foule des grands jours. A-t-on participé au printemps mauricien ? Ou est-ce encore trop tôt pour en parler ? Quoi qu’il en soit, on a entamé un nouveau chapitre de notre histoire commune hier», écrivionsnous dans l’édition spéciale marche citoyenne, en date du 30 août 2020.
Un an après que s’est-il passé ?
Outre la démission forcée du ministre du Commerce et du DG de la STC, dans le sillage de l’ouverture, sur ordre du DPP, de l’enquête judiciaire sur la mort de l’activiste MSM Soopramanien Kistnen, et le fait prévisible que le mouvement citoyen lancé par Bruneau Laurette, et soutenu par des citoyens affranchis ou en marge des partis traditionnels, allait passer d’apolitique à politique, il est important de réaliser que nous avons, au mieux, fait du surplace et, au pire, pataugé dans la gadoue. Le gouvernement MSM, qui vient de remplacer Nando Bodha par Maneesh Gobin comme SG du parti, n’a pas fléchi et résiste tant bien que mal à la pression émanant de la rue, en utilisant le Parlement, la MBC, l’ICAC et la police comme boucliers, de même qu’une armée de chatwas embusqués à tous les niveaux et nourris par les mamelles du pouvoir…
Certes, la bande à Laurette n’a pas su ou pu garder le tempo. Pour diverses raisons. Dont peut-être parce qu’elle a flirté à un moment avec les politiciens de l’opposition (avec lesquels elle assure avoir désormais pris ses distances), ou peut-être en raison de la propagande communaliste anti- Laurette par les sbires du pouvoir qui a surtout fonctionné en régions rurales ? Mais la question demeure, au-delà de l’union ponctuelle des citoyensmarcheurs, qu’avons-nous accompli ? Alors qu’augmentent les cas de Covid (même si la plupart demeurent pour l’heure asymptomatiques) et les prix des produits alimentaires et nonalimentaires, que chute la roupie, et que ralentit l’économie, que devient cette masse de citoyens, qui a choisi de ne plus être silencieuse, et qui a compris qu’elle est plus nombreuse, bigarrée et amoureuse du quadricolore que les 37 % qui ont élu les 41 membres du gouvernement Jugnauth ?
En marge des prochaines municipales (renvoyées par le pouvoir en utilisant le Covid-19 une fois encore), comment ce gouvernement, déjà fragile à la base, qui cultive les scandales et l’opacité (Agalega, Angus Road, St Louis, entre autres dossiers), va-t-il faire face à un nombre aussi impressionnant de Mauriciens qui réclamaient sa démission pure et simple dans la rue l’an dernier et qui continuent à répéter #BLD sur les réseaux sociaux pour son incompétence, son irresponsabilité, son immobilisme et son népotisme flagrants ?
Pour des dizaines de milliers d’entre nous, l’heure semblait trop grave, en août 2020, pour rester assis derrière un clavier, à demeurer simple spectateur, alors que notre pays s’enlisait dans une médiocrité criarde, engendrée par un régime aux dérives manifestement totalitaires.
En un an, le gouvernement n’a pas changé de cap. Au contraire, le PM et ses ministres ont dit et maintiennent : «Continuez à marcher, nous, nous avons notre travail à faire !» Comme la caravane qui passe au milieu des aboiements !
N’est-il pas temps pour nous de reprendre nos pleins droits de citoyens – acteurs de premier plan dans toute démocratie qui se respecte – et envoyer d’autres signaux forts à ceux qui ont oublié qu’ils travaillent pour nous ? La démocratie ne devrait pas se résumer aux élections uniquement. Cela dit, la situation économique joue en faveur du gouvernement ; l’heure n’est pas à la grève. On doit, au contraire, se serrer les coudes. Mais il ne faut plus se voiler la face parce que nous portons des masques ! Il faut mettre le pays avant tout, avant nous et avant eux…
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