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Ne pas se laisser distraire…
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Ne pas se laisser distraire…
Il appartiendra au professeur Kasenally d’aller se défendre en cour, de prouver que les charges dont il est accusé sont «fausses, sans fondement», comme il le dit. Il appartiendra également à l’ICAC de fournir des preuves de la culpabilité du professeur Kasenally qui aurait reçu, selon les accusations des enquêteurs, des gratifications sous forme de billets d’avion, voire des centaines de milliers de roupies.
S’il faut se réjouir des agitations de l’ICAC, qui tente de démontrer des paiements illicites entre la firme danoise BWSC et des parties mauriciennes au travers de la société PAD CO dans l’affaire St-Louis, il importe – en attendant que la justice ne tranche – que l’ICAC ne s’arrête pas en si bon chemin dans sa traque contre les corrompus et les corrupteurs.
Qu’il s’agisse de cadres, de haut fonctionnaires ou d’anciens ministres, que l’on parle de l’affaire St-Louis ou de n’importe quel autre scandale sur lequel l’organisme censé «pa get figir» enquête, le public s’attend à la même diligence. Car jusqu’ici, à part le fait d’être le bouclier du MSM, voire du Premier ministre, qui s’en sert pour ne pas répondre aux questions sur Angus Road, l’ICAC n’a convaincu personne de la pertinence de son existence. Et c’est malheureux dans un pays où l’alternance au pouvoir n’arrête pas la gangrène de la corruption, certains confondant leur poche avec les fonds publics. S’il faut donc applaudir l’ICAC qui essaie de nous convaincre du sérieux de sa bataille, il est tout aussi important que l’opinion publique garde sa vigilance face à ceux qui veulent imposer un agenda politique, quitte à brouiller des pistes.
Alors même qu’il y a une perception de non-indépendance de l’ICAC, qui a toujours donné l’impression de subir des pressions de l’hôtel du gouvernement, cette opinion est renforcée quand, par exemple, la MBC, en parlant de l’arrestation de Kasenally, présente ce dernier comme un ancien ministre MMM-PSM, oubliant qu’il fut aussi ministre au sein des alliances MSM-MMM et MSM-RMM.
S’il est important de ne pas favoriser l’amnésie sélective, c’est parce que certaines coïncidences sont suspectes sur une toile de fond politique qui se redessine selon un timing, au travers de grandes manoeuvres d’une stratégie visible orchestrée du MSM : diviser l’opposition ! La tactique depuis quelque temps est claire : donner l’impression d’un certain accord avec le PTr – la photo de Jugnauth avec Ramgoolam à l’ambassade de l’Inde et tout le soutien du Premier ministre au leader rouge pour ses soins dans la Grande Péninsule ne sont pas innocents – que le gouvernement épargne pour mieux isoler le MMM, tout en semant la zizanie entre les Mauves et les Bleus.
Les commentaires du ministre Lesjongard lors de sa dernière conférence de presse ne sont pas non plus dus au hasard : «Nou pe tann dir ki kok pou kit la bas-kour (…) Dan 2-3 semenn, zot pou trouve ki pou ariv l’Allians de lespwar (…) Le MMM est sous respiration artificielle.» Doit-on se rappeler de la déclaration du Premier ministre qui se demandait, il y a peu, «depi komie banane MMM pe degringole ? Les zot kontinie, plis zot degringole, plis zot pe dir zot pli for ki zame…».
Nul besoin d’être grand analyste pour mettre en place les pièces de la stratégie du Sun Trust : déstabiliser le MMM, courtiser le PTr (ou en donner uniquement l’impression) et casser l’entente mauve-bleu. Ce, tout en ayant les yeux rivés sur le calendrier municipal où, encore une fois, le Premier ministre va essayer de prendre tout le monde par surprise !
D’où l’importance de ne pas se laisser distraire par certaines turbulences savamment pensées pour qu’on en oublie d’autres.
Or, peut-on fermer les yeux actuellement sur toutes ces nominations politiques où des proches du MSM se retrouvent au sein de l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et de l’Electoral Boundaries Commission (EBC) ? Doit-on ne pas commenter la nomination du conseiller du Premier ministre dont la récente mission qu’il annonçait sur sa page Facebook était de «s’occuper d’un leader adversaire politique».
Ce n’est pas tant que Ken Arian, ancien steward d’Air Mauritius, ne peut aspirer à des fonctions de CEO qui préoccupe, c’est le fait que cette promotion est la meilleure illustration du copinage politique et du contrôle total d’un pouvoir plaçant ses pions partout. C’est là où se situe l’indécence ! Doit-on donc comprendre qu’il n’y avait personne d’autre ayant des compétences remarquables, à part le conseiller du Premier ministre, pour être à la tête du conglomérat Airport Hodings ? Est-ce que quelqu’un au pouvoir oserait mettre cette nomination sur le plan de la méritocratie ?
Pendant ce temps, des pilotes d’Air Mauritius – dont d’anciens lauréats ayant choisi de revenir à Maurice – reconnus pour leur professionnalisme et leur patriotisme n’auront pas de salaire sur une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans…
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