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Camouflets

11 novembre 2021, 10:05

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Camouflets

L’appétence de Steven Obeegadoo pour le pouvoir suprême joue sans cesse contre lui. Il veut bien faire, mais il y a toujours une résistance qui le freine dans son fol élan. C’était le cas hier au MMM, c’est le cas aujourd’hui au gouvernement alors qu’il assume, pour la première fois, le poste de Premier ministre par intérim, le temps que le chef du MSM revienne de sa tournée britannique (et que Collendavelloo sorte blanchi du St Louis Gate !)

Il est clair que l’entourage proche des Jugnauth a voulu minimiser la suppléance d’Obeegadoo. Primo, il n’a pas présidé le Conseil des ministres vendredi dernier et secundo, mardi, comme Leader of the house sur un front bench vide, il a affirmé avec son air solennel que la situation était sous contrôle dans les écoles, pratiquement au même moment où la ministre de l’Éducation annonçait la fermeture des établissements scolaires sur la MBC.

Au sein du gouvernement, tout le monde a compris que Leela Devi Dookun-Luchoomun a pris ses directives non pas d’Obeegadoo mais «dépi pli lao». Du coup, le camouflet administré à Obeegadoo est encore plus sonore que celui infligé au ministre de la Santé, le 18 mars 2020, quand Pravind Jugnauth avait révélé les trois premiers cas de Covid-19 à Maurice, alors même que Jagutpal, au Parlement, maintenait, quelques minutes plus tôt, qu’il n’y avait aucun cas à Maurice.

Jagutpal et Obeegadoo, dont le sort dépend de Pravind Jugnauth, ne vont rien dire pour sauver leur honneur. En politique on ferme sa gueule ou on se casse, n’est-ce pas ? Au contraire, ils vont démontrer leur extrême loyauté au régime en saluant le «formidable» travail d’équipe du gouvernement, et en particulier le rôle décisif du Premier ministre au sein du High Powered Committee. Giflés, ils n’ont donc pas d’autre choix que de répondre par des caresses et des flatteries. Tel est leur destin. Au sein du gouvernement, le maître est adulé, voire divinisé par ses sujets du cabinet. Le principe, énoncé entre autres par Épicure, est simple : la vénération du PM est un grand bien pour ceux qui le vénèrent. Ganoo et Obeegadoo, après avoir longtemps pratiqué Paul Bérenger, ont adapté leur recette à la sauce de Lakwizinn des Jugnauth.

Quand il y a une grande annonce, c’est le chef ou sa garde rapprochée qui s’en charge, mais quand il faut aller au casse-pipe, ce sont les sujets qui sont dépêchés, comme Sudheer Maudhoo et Kavy Ramano, pour le Wakashio ou l’Offshore Petroleum Bill.

Encore novices au sein du Sun Trust, contrairement à la cousine Leela Devi, les ministres verront une confirmation de leur consécration quand ils se mueront en perroquets absolus. Un proverbe asiatique nous enseigne que lorsque «le disciple est mûr, le gourou paraît». Ce qu’il faut comprendre par là c’est que, dans le rapport des forces politiques, le chef suprême et son entourage n’ont pas besoin d’aller au-devant des adeptes, encore moins de faire leur promotion. Ce sont eux qui deviennent, à coups de gifles, des suiveurs patentés, quoi qu’il arrive…