Publicité

Plus «safe» que ça, tu meurs !

13 novembre 2021, 09:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le jour de son atterrissage, Pravind Jugnauth a adressé un message télévisé à la nation. Pas de temps à perdre. Il fallait donner l’impression que son gouvernement, avec son retour, reprend la main sur le Covid-19 et ses variants. Au vu, mais pas forcément au su, de la recrudescence des cas positifs, beaucoup s’attendaient à l’instauration d’un couvre-feu ou la restauration du lockdown. Il n’en a été rien.

Le ton grave, Pravind a annoncé des demi-mesures, ou des mesurettes : couper de moitié les rassemblements de 100 personnes, interdire les pique-niques (y compris pour les touristes, mais cela il ne faut pas le dire trop fort, de peur d’être taxés d’anti-patriotes par le monarque et ses sujets) mais en gardant la mer ouverte aux activités. Outre le rappel des gestes barrières, le port du masque et l’usage du gel hydroalcoolique, à bien voir, la seule mesure, neuve, qui mérite d’être saluée est celle ayant trait à l’interdiction des cérémonies socioculturelles ultramédiatisées, plateforme préférée où le PM devient the «best, east or west».

Le discours vide de Pravind Jugnauth de jeudi dernier nous rappelle celui qu’il avait prononcé vers la fin de mars de cette année – qui avait provoqué une pluie d’incompréhension et un déluge de sarcasmes. Rappelonsnous son intervention du 23 mars dernier. Nous étions à deux jours de la fin initiale du confinement, alors prévu pour le 25 mars. Mais tout le monde voyait bien que vu la situation, le confinement allait être étendu d’au moins une semaine à cause du nombre de cas qui augmentait au quotidien (l’express l’avait déjà annoncé du reste). Or, qu’avait dit le PM ce jour-là ? «À partir d’aujourd’hui et jusqu’au 31 mars, nous travaillons sur un plan qui nous permettra de passer à une nouvelle phase avec beaucoup plus d’activités économiques.» Sans dire clairement que le confinement est prolongé du 25 au 31 mars – laissant ainsi tout un pays dans le flou, si ce n’est dans l’expectative.

On l’a plusieurs fois souligné. Dans un pays où il n’y a pas de Freedom of Information Act, et où tout le monde a peur de froisser la dynastie Jugnauth, il est encore plus important que le PM soigne sa communication en temps de crise. Il doit éviter de parler pour ne rien dire, ou pour boucher un trou.

Par rapport à son intervention de jeudi soir, il est évident que le PM (qui a dû réaliser, à Glasgow, sa bourde d’avoir présenté l’Offshore Petroleum Bill une semaine avant la COP26) n’avait pas grand-chose de plus à ajouter après la fermeture (déjà) annoncée des écoles par Leela Devi Dookun (dans le dos du PM par intérim) mais qu’il lui fallait occuper l’espace médiatique.

Aussi, le PM qui a toujours claironné que son gouvernement a géré la crise sanitaire de manière exemplaire (avec des félicitations du monde entier) et que c’est pour cela qu’ils ont pu rouvrir les frontières sereinement (en dépit des oiseaux de mauvais augure qui faisaient grand cas du variant Delta, découvert après la fabrication des vaccins) ne pouvait pas venir, du jour au lendemain, tout peindre en noir. Il lui fallait rendre hommage au personnel médical et paramédical (qui ne sont pas loin du burn out) tout en essayant de ne pas effaroucher les touristes à qui on a vendu une expérience «relatively Covid-safe»…