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Vendredi noir

27 novembre 2021, 09:14

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C’est un vendredi noir, pas à cause de la frénésie d’achat, ou du nombre de décès qui augmente encore. Un vendredi noir sur le plan démocratique, parce que l’Assemblée nationale ne peut manifestement pas travailler en bonne intelligence malgré la crise inédite que nous subissons. Pourtant, la réponse au Covid-19 et à tous ses variants — dont le dernier B.1.1.529 — ne peut qu’être collective. Soit une Whole-of-Society Approach. 

La motion du leader de l’opposition pour reporter les projets de loi sur la souveraineté mauricienne sur les Chagos et l’IBA (Amendment) Bill et pour nous concentrer sur le Covid-19 était pertinente surtout eu égard à la décision de la Grande- Bretagne d’interdire l’accès aux voyageurs provenant de six pays voisins, membres de la SADC. Aussi, demandez autour de vous, le public reste dans le flou par rapport aux vaccins, réserves en oxygène, chiffres qui reflètent la réalité, élucubrations du vice-Premier ministre quant à notre situation sanitaire qu’il trouve toujours «safe»… 

Dans pareil contexte, l’Assemblée nationale se devait de débattre de ces questions de vie et de mort en toute transparence, en croisant les perspectives des élus, indépendamment des circonscriptions et des partis qu’ils représentent. 

Mais la majorité, par la voix de Pravind Jugnauth, a objecté à ce que le Covid-19 chamboule son agenda parlementaire. 

Alors que le leader de l’opposition n’avait pas eu le temps d’expliciter sa motion, le Premier ministre a tenté de lister les raisons de son objection — ce qui lui aurait donné une plateforme pour faire sa propagande gouvernementale, alors qu’il refuse le débat contradictoire. Mais le speaker Sooroojdev Phokeer a logiquement interdit au Premier ministre de commenter une motion qu’il rejetait lui-même. Du coup, toute l’opposition s’est levée, en laissant à la majorité le soin de poursuivre son ordre du jour, normalement, comme si tout allait dans le meilleur des mondes, qu’on n’était pas en crise. 

Hors du Parlement, le PTr, le MMM, le PMSD, Nando Bodha se sont unis pour rappeler que l’opposition représentait...63 % des voix du pays, si la majorité a raflé 37 % des votes; oubliant, peut-être, qu’un bon pourcentage ne se retrouve plus en aucun parti politique, (tant les uns ont couché avec les autres, à différents moments et de différentes façons avant et, surtout, depuis notre Indépendance). Occasion ratée donc pour connaître le sentiment des élus de la majorité face au déferlement de l’actuelle vague de contaminations. Preuve que la pandémie de mutation en mutation depuis décembre 2020, risque de nous pourrir la vie pour encore longtemps, même après le pic de contaminations et de décès actuels. 

Découvert en Afrique australe, le B.1.1.529, comme le Delta et le Beta avant lui, soulève des questions auxquelles les scientifiques n’ont pas encore de réponse définitive : «Le variant est-il résistant aux vaccins existants ?», «Est-il encore plus contagieux ?», «Provoque-t-il des symptômes graves ?». En revanche, il est peu à peu indiqué d’affirmer que les métamorphoses du virus initial le rendent plus transmissible, jusqu’à rendre le variant dominant : cela a été le cas avec le variant Delta découvert initialement en Inde, et qui, selon l’OMS, aurait réduit à 40 % l’efficacité des vaccins anti-Covid contre la transmission de la maladie ! 

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Nous l’avons souligné en Une hier : depuis le 10 novembre dernier, la courbe des chiffres du Covid-19 pour Maurice sur le site de l’OMS est…plate. Et ce, alors que les chiffres communiqués par le Government Information Service (GIS) démontrent le contraire. Même problème sur le site Worldometer. Se pose alors la question alors qu’Obeegadoo fait de la publicité mensongère en vendant la destination Maurice : est-ce une coïncidence que cette période corresponde à celle durant laquelle la situation s’est nettement dégradée au pays ?

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La farouche détermination du gouvernement d’amender l’IBA Act traduit sa stratégie de tenter de mettre tous les médias sous son bol. Malheur à ceux qui résistent, vous aurez affaire à toutes les institutions du pays, de la MRA à la police, en passant par la MBC et autres médias-chatwa. Après sa tentative déjouée de contrôler Internet et les réseaux sociaux, et celle de rattrapage sous le prétexte de renforcer la lutte contre la cybercriminalité, le gouvernement continue sa folie liberticide. Dès lors, il faudrait que les radios privées unissent leur voix pour défendre leur liberté, en s’associant au combat de la presse écrite aussi. Le pouvoir et ses millions vont essayer de diviser les radios et les journalistes en faisant miroiter carotte et bâton. A charge pour les amoureux et défenseurs de la liberté d’expression et celle de la presse de s’unir, malgré les ego surdimensionnés, contre l’autocratisation de notre pays qui s’accélère à la faveur de la pandémie.