Tout Mauricien patriote aura lu avec joie ces derniers jours des articles dans les médias internationaux annonçant l’assouplissement de l’alerte rouge écarlate imposée sur notre pays par la France. 

L’extrême mesure française portait un coup dévastateur à l’industrie touristique mauricienne qui dépend largement de l’apport français et réunionnais. Quelque 150 000 Mauriciens dépendent du secteur touristique qui contribuait quelque Rs 50 milliards à l’économie mauricienne avant le Covid-19. 

Nous avions relevé la semaine dernière les maladresses des autorités mauriciennes comme cette fameuse lettre écrite à l’ambassadrice de France sollicitant désespérément l’assistance médicale de La Réunion. Il paraît maintenant que le Premier ministre a décidé dans le sillage de l’extrême mesure française de prendre le taureau par les cornes. Il a ainsi fait une représentation directe auprès du président français Emmanuel Macron et ce dernier a réagi positivement. Les dirigeants français de la droite comme de la gauche ont toujours tenu Maurice en haute estime, du fait que leur pays a marqué la vie de chaque citoyen de cette île. 

On savait qu’une représentation au plus haut niveau avait été faite auprès du président Macron. Ce qui avait valu un article sur le site Web de l’express dans la soirée du dimanche 5 décembre faisant état d’un assouplissement dans la position française. La décision a été annoncée à Paris le mardi 7 décembre. 

L’initiative prise par PKJ était plus que nécessaire après les clowneries auxquelles s’étaient livrés des «roder-rol» comme une photo opportunity avec l’ambassadrice de France alors que la situation demandait une représentation au plus haut niveau possible. Les Français ont évidemment apprécié cette démarche de PKJ. 

Il reste maintenant à régler le problème de liens entre Maurice et le département français de La Réunion. Maurice reste une destination rouge écarlate pour les Réunionnais. Or, Maurice est une destination importante des Réunionnais. Bien qu’ils ne descendent pas tous dans les cinq-étoiles sur le littoral du pays, nos cousins/cousines bourdonnais contribuent énormément aux revenus des propriétaires de petits établissements et de campements, aux marchands des foires et aux vendeurs de fastfood, y compris de dholl-puri et de gâteaupiment. Les tour-opérateurs réunionnais ont d’ailleurs fait une représentation pour pouvoir bénéficier du même traitement que la «métropole» par rapport à Maurice. Ils jugent injuste qu’on pourrait se déplacer de France vers Maurice mais pas à partir de La Réunion. 

Par rapport à La Réunion, le gouvernement mauricien semble souffrir d’un manque d’efficacité dans la besogne comme c’était le cas avec la France avant que PKJ ne décide de jouer dans la cour des grands et parler directement au président Macron. Le Premier ministre aurait intérêt à établir des liens au plus haut niveau à La Réunion aussi avec des personnalités politiques des différentes tendances et des opérateurs économiques. Et ainsi renouer avec une vieille tradition. Tout comme les Ramgoolam père et fils, Gaëtan Duval et Paul Bérenger qui avaient entretenu des relations personnelles avec les personnalités d’avant-plan à La Réunion. Il est vrai que Duval était mieux vu par les gens de la droite et Bérenger par ceux de la gauche. 

Ces liens personnels avaient contribué dans une large mesure à enrichir et consolider les échanges entre les deux îles. L’histoire de Maurice retiendra le fait que le député de droite de La Réunion Michel Debré avait joué un rôle crucial d’«agwa» (entremetteur) pour la mise en place de la grande coalition Ramgoolam-Duval en 1969. Navin Ramgoolam y comptait des amis de tous les bords politiques dont Didier Robert, Jean-Paul Virapoullé et feu Saminadin Axel Kichenin. D’ailleurs, Jean-Marc Virapoullé, fils de l’ancien sénateur-maire et homme fort de La Réunion a épousé la fille de l’ancien ministre travailliste Moorthy Sunnassee. 

On note depuis quelques années des commentaires de plus en plus négatifs sur Maurice chez les Réunionnais. L’attrait mauricien a commencé à pâlir chez nos voisins. Ce qui va à l’encontre des intérêts économiques de Maurice. Le gouvernement devrait songer à une opération de communication de grande envergure à l’île soeur pour redorer le blason mauricien.