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Lueurs d’espoir
Il faut être vraiment prudent quand on évoque le coronavirus ainsi que les vaccins ou les médicaments qui l’entourent.
Cependant, même s’il est encore un peu tôt pour pavoiser, les informations qui circulent à propos de l’Omicron ces derniers temps laissent percer des raisons d’espérer, mènent même à envisager l’optimisme !
La première des nouvelles rassurantes est qu’un rapport du South Africa Medical Research Council sur un échantillon (certes faible) de 166 patients admis à l’hôpital Steve Biko de Gauteng note que les cas récents de Covid repérés sont très largement «incidental», c.-à-d. que des patients, qui viennent à l’hôpital pour d’autres causes, sont repérés comme ayant été infectés au Covid par des tests de routine, mais n’ont pas de symptômes suffisamment forts pour les mener à l’hôpital, d’eux-mêmes. En fait, 76 % des cas de Covid à l’hôpital étaient, au 5 décembre, des incidentals. D’autre part, contrairement aux trois premières vagues de Covid dans ce pays, la grande majorité des patients admis au Covid Ward dans cet hôpital n’avaient pas besoin d’oxygène et saturaient bien…
Le 7 décembre, la Dr Angélique Coetzee, médecin qui, à l’origine, a remarqué les symptômes de l’Omicron et qui est présidente de l’Association des médecins sud-africains, répétait qu’il était assez facile de rater un patient infecté par l’Omicron, les symptômes étant fondamentalement différents et se limitant à des douleurs au corps, des courbatures, des maux de tête, de la fatigue (1 à 2 jours), occasionnellement une faible irritation à la gorge, mais une absence de toux et pas de nez qui coule. Elle a été aussi frappée, dit-elle, de voir plus de jeunes infectés à l’Omicron.
Le Dr John Campbell, un chargé de cours en soins infirmiers du nord de l’Angleterre, qui suit tous ces développements avec attention (1) souligne que 99 % de ceux admis à l’hôpital pour des symptômes de Covid ne sont pas vaccinés. Les symptômes sont les mêmes, mais apparemment plus prononcés que ceux repérés en consultation. Il faut rappeler que seuls 25 % des Sudafricains sont vaccinés (Pfizer et J&J).
Encore plus intéressant : c’est le Delta qui domine, à 80 %, dans les infections sud-africaines, jusqu’en octobre, mais en novembre, pour la 4e vague, l’Omicron domine à 73 % ! C’est dire que sa capacité de transmission est largement supérieure à celle du Delta. Au début de décembre, ce taux passe même à 90 % ! L’omicron déplace et remplace donc le Delta et ce modèle va certainement se reproduire dans tous les pays de la planète sur les trois à quatre prochaines semaines. Cinquante-sept pays ont déjà identifié l’Omicron, mais il y en a sûrement bien plus qui n’ont pas les moyens de faire du séquençage ou qui prennent des semaines avant de publier les résultats… comme ici. Campbell, comme de plus en plus de professionnels, suggère que ce variant extrêmement contagieux, mais avec des symptômes moins graves, pourrait, finalement, être une excellente nouvelle !
Il y a bien eu une augmentation des admissions dans les hôpitaux sud-africains. Le Daily Mirror en a fait des choux gras en parlant, en titre, de 300 % d’augmentation en deux semaines ! Cependant, dans son tout dernier paragraphe, le Daily Mirror confie que de 17 admissions post 3e vague, on est passé, en deux semaines, à 78 à Gauteng, la province la plus peuplée et de loin la plus infectée à ce stade. Il n’est pas précisé si ce chiffre contient les incidentals. La population de Gauteng est de 15,8 millions, rappelons-le, et il était estimé, à cinq semaines de la fin de l’année, que le taux de contamination à l’Omicron dans cette province était de 14,25 %. Les décès sont bien loin d’atteindre les sommets des vagues précédentes. Du moins, pour le moment…
Comme vous le constatez, c’est finalement compliqué tout ça et il ne faut pas se précipiter vers des conclusions hâtives, mais il y a une lueur d’espoir car si l’Omicron, moins musclé que le Delta, le déplace complètement, nous pourrions finir avec une deuxième forme de grippe, qui, je vous le rappelle, tue aussi, mais à une cadence apparemment bien plus acceptable… (2), ce qui mènerait à la fin de la pandémie. Nous vivrions donc, à partir de là, avec simplement un virus de plus en espérant que de nouvelles mutations ne viennent pas créer de nouveaux variants tueurs… Il faudra donc souhaiter plus d’Omicron dans notre pays !
Cependant, si ce scénario se concrétisait, ce ne serait possiblement pas une bonne nouvelle pour notre industrie pharmaceutique naissante qui annonce sa première production de vaccins pour juin 2022… Un cas d’être tout de même thankful for small mercies ?
Lueur d’espoir pour le secteur hôtelier aussi, maintenant que le pays n’est plus sur la liste «rouge écarlate» de la France. Nous ne connaissons pas tous les arguments canalisés vers les autorités françaises, ni celles retenues par celles-ci, mais nous avons été, semble-t-il, convaincants, malgré le pic actuel de cas et de décès dans le pays.
Pour le secteur hôtelier qui avait de grands espoirs pour le mois de décembre, la casse, sous forme d’annulations de réservations, depuis l’annonce que nous étions sur une autre liste «pénalisante», est tout de même palpable. Déjà grandement fragilisé, opérationnellement et «bilan… tiellement», par 18 mois de fermeture de l’aéroport – sans que nous n’ayons pu assurer, en fin de compte, une protection efficace contre la mortalité (3), notre secteur touristique chatouillait à peine sa résurgence et avait grand espoir, comme tous les ans d’ailleurs, de pouvoir capitaliser sur la «grande saison» de fin d’année. Grâce à du lobbying efficace, nous éviterons le pire, ainsi la lueur d’espoir, mais il faudra attendre encore quelques jours pour voir si les dégâts sont rattrapables ou pas et si les 650 000 touristes attendus jusqu’à juin 2022 peuvent l’être toujours…
Lueur d’espoir pour le mot «démocratie». Dans un sommet virtuel réunissant 110 pays et territoires ainsi que des ONG, des entreprises et des caritatifs, le président Biden a au moins eu le mérite de ne pas dénaturer la notion même du mot «démocratie», au moins à travers sa liste d’invités. Les démocraties ne sont pas toutes pareilles et sont toutes plus ou moins imparfaites, mais si les enfants du bon Dieu ne sont pas des canards sauvages ; on devrait pouvoir s’entendre sur le fait que la Chine et la Russie ne sont pas des démocraties, même si elles voudraient bien s’approprier le titre ; la Chine en s’arc-boutant sur et plaidant les «réalités chinoises» et la Russie ses «traditions russes».
Si la Russie et la Chine ont toutes les deux des côtés spectaculairement réussis ; pour la Russie, on pense à sa littérature ou à Stalingrad, et pour la Chine, on évoquera la discipline citoyenne, l’ingéniosité créatrice et les grands chantiers ; elles ne seront certainement pas démocratiques tant que, entre autres, Navalny ne sera pas candidat dans une élection libre et que Hong Kong ne pourra respirer comme ça lui a été promis. Entre autres !
Les cas limites ont effectivement généré de la controverse. Pourquoi inviter les Philippines de Duterte, mais pas la Turquie d’Erdogan ? Pourquoi inviter le Brésil de Bolsonaro, mais pas la Hongrie d’Orban ? Il serait intéressant de connaître les critères retenus et les raisonnements pratiqués. Ce qui est certain, c’est que dans notre pays l’opinion publique ne souhaite clairement ni rejoindre les 47 régimes autoritaires répertoriés par l’IDEA (dont la Chine ou l’Iran) ou les 20 régimes «hybrides» (dont la Russie ou la Turquie), préférant de loin rester dans le groupe démocratique des 98 pays (4).
La libre parole du peuple doit compter, même si elle ne s’exprime pas toujours de la manière la plus rationnelle ou espérée qui soit. L’alternative est bien trop effrayante…
(1)https://www.youtube.com/watch?v=5E6gpPJwYIY. (2)https://www.who.int/news/item/13-12-2017- up-to-650-000-people-die-of-respiratory-diseases-linked-toseasonal-flu-each-year (3)https://www.lexpress.mu/idee/402348/vraiecatastrophe-covid (4)https://www.idea.int/gsod/sites/default/ files/2021-11/the-global-state-of-democracy-2021_1.pdf (voir, en particulier, les figures 5 et 13. On nous regarde !)
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