Ce n’est pas une ironie du sort. C’est calculé de manière cynique. Cela relève d’une stratégie qui est de, sans jeu de mots, faire feu de tout bois contre les adversaires du régime, en utilisant, bafouant, toutes les institutions du pays.

Hier devait être un jour de manifestation de plus contre le gouvernement, ses ministres et ses mignons et mignonnes, dans le sillage de la révoltante affaire Molnupiravir, qui ne finit pas de révéler ses dessous pourris. Mais le pouvoir a décidé d’inverser le jeu, d’une part, en pointant du doigt les hauts fonctionnaires, et de l’autre en allumant un contre-feu, avec du bois vieux de 10 ans.

Mais en allant cueillir Roshi Bhadain chez lui à Albion, les policiers ne savaient manifestement pas que sa soeur et sa nièce, qui se relèvent douloureusement d’une tragédie familiale, allaient être présentes sur les lieux. Du coup, leur présence est venue conférer à l’interpellation d’hier matin un caractère outrancièrement inhumain. Cela ressemblait à une pure vendetta politique contre un adversaire politique qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a promis de faire partir Pravind Jugnauth avant la fin de son mandat. (Et dire qu’il y a quelques années, durant la période de Noël, c’était Bhadain l’avocat qui défendait Pravind Jugnauth contre la police...)

L’utilisation abusive des charges provisoires par la police instrumentalisée est un système inique qu’on a maintes fois dénoncé. N’importe quand n’importe qui peut alléguer n’importe quoi contre vous et moi – sans preuve aucune. Et malgré cela la police risque de vous arrêter parce que les instructions viennent d’en haut. Dans le cas de Bhadain, la parole d’un récidiviste a eu davantage de poids que celle d’un ancien ministre de la Bonne gouvernance, qui a été décoré Grand Officer of the Star and Key (en 2016, en même temps que Nando Bodha !), directeur des enquêtes à l’ICAC, parlementaire, avocat, leader d’un parti politique. Et quand Bhadain a fait remarquer aux enquêteurs qu’ils peuvent facilement vérifier qu’il n’y a pas eu de contact entre le récidiviste et lui, les enquêteurs ont rapidement fait ressortir : «On a essayé de vérifier, mais à Mauritius Telecom, on nous a dit qu’ils n’ont plus de ‘record’ au-delà de 10 ans !» Malgré tout cela Roshi Bhadain a été arrêté et une interdiction de quitter le pays pèse contre lui !

Roshi Bhadain a quand même une consolation – de taille. Il est devenu officiellement un martyr hier. Le pays a vu la méchanceté et la perfidie de ce régime en direct.

Et si les députés de l’opposition acceptent de démissionner en bloc du Parlement – qui est déjà en veilleuse – les choses risquent de prendre une vilaine tournure pour ce gouvernement...

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Alors que l’attention médiatique se focalise sur Roshi Bhadain, la commission anti-corruption épluche les dossiers relatifs au scandale de Molnupiravir. Le High-Level Committee, le ministre de la Santé, et les fonctionnaires semblent n’avoir rien appris des achats d’urgence de l’an dernier malgré tout le bruit provoqué par les respirateurs de Pack & Blister et les gros contrats raflés par des propriétaires de quincaillerie, bijouterie, des agents politiques et des proches amis.

Sommes-nous devenus le seul pays au monde où une compagnie de gardiennage, qui n’a que quelques mois d’existence comme fournisseur de médicaments, arrive à décrocher un contrat de plus de Rs 70 millions pour approvisionner le gouvernement au détriment des importateurs historiques ? Et ce, à un prix supérieur à la concurrence ?

Si le ministre concerné et le Premier ministre ne trouvent pas cela choquant, et tentent de jeter le blâme sur les hauts fonctionnaires, est-ce pour couvrir Akash Chuttoo, agent politique qui a travaillé activement aux dernières élections aux numéros 4 et 5, et qui a même essayé, à travers ses contacts, d’obtenir une licence radio au même titre que Wazaa FM et Planet FM, alors que les opérateurs traditionnels sont systématiquement écartés pour des raisons de perfidie politicienne ?

On ne peut qu’être d’accord : il est des gens qui ne sont l’expression de leurs méfaits, vils parce que sans scrupules...