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Noël à la merci d’Omicron
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Noël à la merci d’Omicron
Cette année encore, pour la moitié de l’humanité, le cadeau de Noël pourrait bien être un vaccin anti-Covid-19. Si chez nous, la dose de rappel ne déplace pas les foules, ailleurs, en Afrique notamment, le vaccin demeure un luxe encore inaccessible.
Après la terrible vague Delta (qui provoque encore des décès à Maurice, même si le pic de contaminations semble être derrière nous), on a entendu tout et son contraire sur le variant Omicron. Les autorités pensaient au départ que c’était une version soft du virus. Certains esprits (trop optimistes) avançaient même qu’Omicron était carrément annonciateur de la fin de la pandémie et qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer. C’était un pur voeu pieux.
Dans la réalité, avec un recul de quelques semaines, l’OMS note que le variant Omicron se propage «à un rythme que nous n’avons jamais vu jusqu’ici». Si la dangerosité et la contagiosité d’Omicron sont encore incertaines, vu ses mutations rapides, la communauté internationale s’inquiète que ce variant, classé comme «préoccupant», soit plus facilement transmissible que le variant Delta par exemple, même si ses symptômes semblent – pour l’heure – moins sévères. Pour l’heure…
Omicron a déjà voyagé dans plusieurs régions du monde depuis son apparition en Afrique australe. A cause des moyens dérisoires de certains pays, il n’a pas encore été officiellement détecté. La dernière communication de l’OMS souligne la forte probabilité qu’Omicron continue de se propager – malgré toutes les restrictions sanitaires. En Europe et presque partout ailleurs dans le monde, ces restrictions se multiplient pour lutter contre Omicron, qui vient ainsi prolonger la pandémie et plonger l’humanité dans l’expectative.
En attendant, on se replie sur nousmêmes, en essayant de réinventer la notion de célébrations, et d’éviter que le Covid-19, sous toutes ses formes, se joigne à nous à table pour le réveillon, un réveillon qui s’annonce terne et qui nous poussera forcément à réfléchir sur la notion de solidarité en ce jour de Noël.
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Dans les pays riches ou dans les petits pays (en termes de population) comme Maurice, on ne ressent pas encore l’effet d’un manque de vaccins, même si, au départ, ici, on a accepté toutes sortes de vaccins, dont certains n’étaient pas encore homologués, ou leurs effets pas encore analysés. Mais la donne a changé avec Omicron. Et le manque de solidarité, qui est contraire à l’esprit de Noël, est mis à nu.
En raison de l’afflux de certains pays vers les troisièmes doses, l’OMS avoue craindre de nouvelles inégalités criardes dans la distribution des vaccins dans les pays dits pauvres. Saviez-vous que 98 pays (soit pratiquement la moitié des pays du globe) n’ont toujours pas atteint la barre des 40 % de vaccination de leur population ?!
Si à la mi-novembre, le mécanisme international Covax a franchi la barre des 550 millions de doses de vaccin anti- Covid-19 (distribuées dans 144 pays et territoires), cela ne représente que 10 % du montant total qu’espérait Covax à son lancement, quand on croyait bêtement que le coronavirus allait rapprocher les pays, puisque, globalisation aidant, nous sommes tous dans le même bateau face au coronavirus, qui pourrit nos vies depuis deux ans maintenant.
Sur le terrain, c’est une autre paire de manches. L’Union africaine, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies et le Covax réclament une amélioration de la qualité des dons de vaccins d’une part, et un meilleur système de distribution, d’autre part. Car, comme les dons qui ont atterri sur le tarmac mauricien, la plupart des dons ont été fournis avec peu de préavis et de courte durée de conservation. Ce qui a rendu extrêmement difficile, pour plusieurs pays, de planifier des campagnes de vaccination et d’augmenter la capacité d’absorption, étant donné les réalités infrastructurelles ou politiques en Afrique, qui sont bien différentes des pays du Nord ou des petits Etats insulaires.
Ce qui nous semble triste c’est que l’accès somme toute inéquitable aux vaccins laisse les pays à revenus faibles à la merci du Covid-19 et surtout d’Omicron, alors que les pays disposant de stocks importants, au lieu de distribuer de toute urgence les doses promises, les conservent pour leur troisième dose. Ce qui augure une bien vilaine reprise de la course aux vaccins !
«L’OMS n’est pas contre les doses de rappel. Nous sommes contre l’iniquité» vaccinale, s’égosille le Dr Adhanom Ghebreyesus Tedros, lui-même originaire d’Ethiopie. «C’est une question de hiérarchisation des priorités. (…) Donner des doses de rappel aux groupes à faible risque de maladie grave ou de décès met simplement en danger la vie de ceux à risque élevé qui attendent toujours leurs premières doses.»
En ce jour de Noël, les derniers chiffres de l’OMS démontrent que nous vivons plus que jamais dans un monde cynique, où l’iniquité vaccinale demeure le maître-mot. Outre les 98 pays qui n’ont pas atteint la barre des 40 %, pas moins de 41 pays n’ont toujours pas réussi à vacciner 10 % de leur population. Question existentielle : comment mettre fin à la pandémie, si le monde, l’ONU ou l’OMS, n’arrive pas à mettre fin à l’iniquité vaccinale, qui est pervertie par le turbo-capitalisme et l’appétit d’ogre des Big Pharma ?
C’est bien de faire sa troisième dose si on a cette chance, mais pensons aussi à ces milliards de personnes dans le monde qui n’ont reçu aucune protection jusqu’ici. Cela traduit le fait que nous ne sommes pas tous égaux sur terre et que seule la mort finit par nous ramener, tragiquement, sur un pied d’égalité, qu’on soit riche ou pauvre, du Nord ou du Sud.
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