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Un Bérenger ‘soft’ fait toujours gagner

29 janvier 2022, 09:36

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Quand il y a alliance entre Paul Bérenger et le Parti travailliste ou le MSM, sa réussite dépend d’une perception apparente, claire et sans conteste, que le leader du MMM va partager équitablement le pouvoir mais sans en être le ‘mari’.

C’est ainsi qu’une alliance entre le MSM et le MMM remporta sur le score de 57-3 les élections de 1991, avec Prem Nababsing aligné comme Premier ministre-adjoint et évidemment sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre. Paul Bérenger en fut le N°3.

Puis vint l’alliance entre le Parti travailliste et le MMM en 1994. Aucun doute sur la perception populaire quant à l’identité du ‘mari’, terme non-sexiste utilisé en créole pour désigner le partenaire dominant, avant l’invention du concept de l’égalité des genres. Menée par Navin Ramgoolam, cette alliance remporta une énorme victoire à l’élection partielle de janvier 1995 dans le N°19 puis aux générales de décembre 1995. Paul Bérenger accéda aux fonctions de vice-Premier ministre. Deux ans après, il fut révoqué sans que cela ne produise de grandes répercussions dans le pays.

Puis, aux élections de 2000, nouvelle alliance toujours avec Paul Bérenger et un autre parti, le MSM en l’occurrence. Encore une fois, Anerood Jugnauth en fut le leader tranchant, incontestable et Paul Bérenger un allié ‘soft’. La formule de partage de pouvoir fut largement plébiscitée.

Aux élections de 2005, une toute nouvelle configuration. Dans une alliance entre le MMM et le MSM, au départ même, c’est Paul Bérenger qui est projeté comme le ‘hard leader’ qui serait Premier ministre avec comme N°2, le nouveau leader du MSM, Pravind Jugnauth, plus ‘soft’ que ‘soft’. Résultat : sans déployer de grands efforts, Navin Ramgoolam remporte une large victoire.

Par la suite, Paul Bérenger essuiera deux défaites, l’une à la partielle du N°8 en 2009, l’autre aux élections générales de 2010. Après maintes contorsions en 2014 dont la fameuse séance d’échange de tranches de gâteau d’anniversaire entre lui et sir Anerood Jugnauth, voilà que Paul Bérenger finit par devenir l’allié de Navin Ramgoolam. Et mieux qu’en 2005, le leader du MMM est affiché comme Premier ministre pas pour un mandat limité dans le temps mais pour toute la durée de cinq ans.

En 2014, ce fut une formule toute nouvelle bénéficiant du soutien d’un allié de taille. L’écrasante majorité des Mauriciens croyant comme toujours que le vrai chef, le ‘mari’, est le Premier ministre et non pas un président s’opposèrent à cette proposition révolutionnaire. On ne saurait les blâmer car contrairement à ceux ayant entrepris des études en France, ils n’étaient nullement exposés aux concepts tellement exaltants de république, seconde république ou encore valeurs républicaines.

En deux occasions, en 1991 et 2000, le clan Jugnauth a su utiliser Paul Bérenger à bon escient quand il a été soft. Ce fut la grande défaite en 2005 avec la nouvelle formule. Ramgoolam a su profiter de l’apport de Bérenger en 1995. En 2014, ce fut le désastre.

Dans la nouvelle configuration de 2022, Navin Ramgoolam trouverait-il la recette gagnante ? Autrement, on aura toujours Pravind Kumar Jugnauth comme Premier ministre en 2034, soit pour au moins douze ans encore car la victoire lui serait assurée en 2024 et encore en 2029.