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Un énième pacte de (vieux) loups !
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Un énième pacte de (vieux) loups !
Qui de Navin ou de Nando fera balancer le coeur mauve de Bérenger ? En attendant l’issue du recomptage des votes dans la circonscription n°19 et dans l’attente de connaître les répercussions de cet exercice sur les autres pétitions électorales, l’opposition parlementaire continue à mobiliser l’attention. Et c’est ainsi qu’un premier épisode de koz-koze entre Ramgoolam et Bérenger a repris jeudi dernier.
Fini donc le temps des émissaires, des ballons-sondes et des signaux envoyés par l’entremise des médias. Voici venu le moment d’un nouveau (pathétique !) flirt rouge-mauve qui met fin à certaines spéculations d’une entente tacite PTr-MSM. Les retrouvailles des deux leaders laissent deviner un énième pacte de (vieux) loups, prêts à renouer avec leurs amitiés conjoncturelles, en enterrant la hache de guerre et en faisant semblant de sacrifier leur ego surdimensionné sur l’autel d’une recomposition de l’opposition.
Si cette prise de contact entre les leaders revêt un caractère particulier, c’est parce qu’elle survient après quelques épisodes qui avaient provoqué des permutations de rôles, à l’exemple du poste de leader de l’opposition que le PTr avait remis sur la table, hérité ensuite par Duval.
Aujourd’hui, si le chef du PMSD déclare vouloir passer officiellement le relais du leadership aux Travaillistes dans l’esprit d’un partage des rôles et que Boolell se positionne déjà pour retrouver son siège, tout porte à croire que le (re) nouveau tandem Ramgoolam-Bérenger a déjà les yeux fixés sur les modalités d’une alliance électorale dont il ne parle pas pour le moment ! Les deux se contentent d’invoquer une «rencontre positive», en commentant leur tête-à-tête.
Si cette (re) nouvelle entente de l’opposition parlementaire attire l’attention, c’est aussi parce que le leader du MMM semble avoir revu ses options. Alors que depuis l’échec des dernières législatives, Bérenger avait dit oui à un PTR sans la candidature de Ramgoolam comme Premier ministre, le positionnement a, paraît-il, évolué. Après avoir ouvert les bras à Bodha, qui avait claqué la porte du MSM, le leader mauve ne se privait pas pour envoyer plusieurs piques à ses camarades de l’opposition, tout en ne faisant pas mystère de son appréciation de l’ex-ministre du MSM : «La démarche de Bodha pe fer sertin panike (...) Kan dir sanzman, se vre sanzman o nivo Premie minis osi (...)», lâchait-il alors, comme pour bien faire comprendre à Ramgoolam qu’il avait d’autres cartes à jouer.
Est-ce que Bérenger a aujourd’hui changé son fusil d’épaule ? A-t-il découvert que, malgré son pari sur le profil sociologique de Bodha (nourrissant par la même un affreux jeu communaliste), le parti de celui-ci peine à décoller ?
Entre-temps, c’est Bodha qui affiche ses ambitions premierministérielles en donnant le coup d’envoi d’une série de manifestations – qualifiées de pèlerinage – dans l’île, pour dévoiler ses propositions sous l’angle d’un manifeste électoral. Et après avoir plaidé pour un seul mandat (sur les ondes de Radio Plus), le leader du Rassemblement Mauricien récidive dans l’express dimanche en déclarant son vœu d’incarner le symbole d’un changement profond.
Interrogé sur le rôle que le leader du PTr aura au sein de l’opposition, Bodha répond qu’il n’y a aucune urgence et se demande si une alliance dirigée par Ramgoolam peut «remporter une victoire semblable à celle du MSM en 2014». Et de poursuivre : «Le programme ne peut pas être aussi simpliste que de déboulonner Jugnauth.»
Voilà donc deux prétendants sur les bancs de l’opposition, qui ne font aucun mystère de leurs aspirations, Ramgoolam se voyant lui comme le candidat au poste du Premier ministre de transition au sein de l’Alliance de l’Espoir !
Alors que pendant un temps, les leaders de la plateforme de l’opposition avaient parié sur l’allié Boolell, certains croyant même en son destin national, celui-ci, qui ne bénéficie pas du soutien des Ramgoolamistes, plus puissants que les Travaillistes, semble désormais se contenter de sa place de leader de l’opposition qu’il retrouvera à la rentrée parlementaire.
Difficile donc d’imaginer le scénario d’un PTr sans Ramgoolam, celui qui ne veut (indécemment) pas céder sa place car nourrissant le rêve de devenir le challenger de Jugnauth après deux lourdes défaites électorales !
Est-ce qu’après avoir mesuré le rapport de forces entre Navin et Nando, c’est le leader rouge qui trouve grâce aux yeux du chef du MMM ?
Qui des deux fera finalement pencher le coeur mauve ? Comment, après cette énième proposition de plat réchauffé, ne pas comprendre ceux qui sont dégoûtés de la politique ?
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