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Qui pourra arrêter Poutine ?

26 février 2022, 08:04

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Avant les missiles, qui déchirent le silence de la nuit et déchiquettent les immeubles et les corps, c’est un combat de mots et de termes. 

Que se passe-t-il en Ukraine ? Est-ce la guerre ? Une invasion ou une «opération militaire spéciale» ? Les prémices de la troisième guerre mondiale ? Un crime contre l’humanité ? Toute l’humanité ? L’affaire n’est pas simple. Cela dépend de ce que vous lisez ou de qui vous écoutez. Cela dépend largement de la perspective dans laquelle vous vous placez. 

Son visage, froid, impassible, est sur tous les écrans et à la une de tous les journaux. Cet homme, Vladimir Poutine, aux commandes du plus vaste pays du monde depuis deux décennies, est bel et bien le responsable de la crise sans précédent en Ukraine, crise qui est en train de chambouler l’ordre mondial, en exposant les limites de la diplomatie et la duplicité des uns et des autres. 

L’objectif de Poutine : réécrire l’histoire, briser l’Ukraine et la démocratie, ou les rayer de la carte, même s’il dit vouloir protéger le peuple russe et «dénazifier » l’adversaire. Il ne mâche pas ses mots en violant allègrement le droit international : «Quiconque entend se mettre sur notre chemin ou menacer notre pays et notre peuple doit savoir que la réponse russe sera immédiate et aura des conséquences jamais vues dans votre histoire.» 

Face à un tel personnage de l’histoire qui n’est pas sans rappeler Staline ou Hitler : que peut faire l’Onu ? Qui va vouloir braver les forces russes (qui ont envahi Kiev depuis jeudi) et voler au secours du président Volodymyr Zelensky et de son gouvernement ? Qui va risquer une guerre totale ? Les Etats-Unis ? L’Otan ? L’Europe qui est témoin d’une guerre frontale à ses portes — d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale ? L’Inde ou la Chine ? Les sanctions économiques et financières peuvent-elles affaiblir le régime russe à l’ère des cyber attaques et des crypto- monnaies ? Beaucoup de questions, mais peu de réponses à ce stade, alors que le changement du monde s’accélère. 

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A Maurice, lorsqu’on affrète un yacht de luxe et évoque un voyage scientifique pour aller planter un quadricolore sur un bout de notre territoire, pourtant reconnu par le droit international, on reconnaît implicitement que le monde est dicté par la loi du plus fort. Sinon on n’aurait pas eu à prévenir les Britanniques de notre virée dans notre zone économique exclusive. La volonté d’imposer la loi du plus fort est égale au mépris affiché du droit international. En focalisant uniquement sur ses intérêts, Poutine fait-il, toutes proportions gardées, ce que les Britanniques font avec nous avec la complicité des Américains par rapport aux Chagos ? Si Maurice avait un porte-avion et des armes nucléaires, au lieu d’une MPA qui ne peut empêcher des naufrages, aurait-on eu une meilleure voix au chapitre des discussions multilatérales pour retrouver notre intégrité territoriale ? 

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La dérive dictatoriale de Poutine, nostalgique de la superpuissance de l’ex- URSS, a été progressive. Au fil des mandats, il s’est doté de pouvoirs aujourd’hui quasi absolutistes, même si son bilan économique n’est pas flatteur; son pays, pourtant doté de richesses naturelles inouïes, n’est que la 12e économie mondiale, derrière l’Italie et devant l’Espagne. 

Pour rester au pouvoir, il a verrouillé la société civile de son pays et a étouffé les voix discordantes. L’assassinat en 2006 de la journaliste d’investigation Anna Politkovskaïa porte la marque d’un système mafieux qui a pris la politique en otage. Plus récemment, soit en août 2020, la tentative d’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné, se révèle un autre signe de cette dérive permanente. 

C’est pour cela qu’il nous faut combattre sans cesse, au quotidien, et à chaque instant, ceux qui veulent encore plus de pouvoir, moins de transparence, et régner à vie, que ce soit au sein de leur parti ou à la tête du pays… En attendant, que vontils faire, nos leaders politiques ? Se lever et défier Vladimir Poutine ?