Pendant que le monde a les yeux rivés sur les violences à Kiev, pendant que les Mauriciens prient pour que nos compatriotes soient sains et saufs en Ukraine, pendant que la crainte se fait sentir à la suite de cette indésirable instabilité géopolitique que nous paierons tous d’une manière ou d’une autre, ici, les pouvoiristes continuent à insulter notre intelligence. Voici donc Yogida Sawmynaden qui, sans complexe, en fidèle compagnon du Premier ministre, se fait voir à ses côtés lors d’une énième inauguration (Camp Thorel Sports Complex) dans leur circonscription commune. Ne voilà-t-il donc pas que l’ancien ministre du Commerce se permet de nous faire la leçon en déclarant : «Ena dimounn la pou met baton dan la rou, pou trouv zis negativite (…) Ou ziz ou depite par travay ki pe fer.»

Non mais ! Comme le dit l’adage local : pa mank toupe ! Voilà donc un élu qui, il y a à peine quelques semaines, s’est encore une fois retrouvé au centre de l’actualité après les conclusions de «foul play» (un épilogue n’étonnant plus personne) dans la mort de Soopramanien Kistnen. Qu’a-t-on encore appris à la fin de janvier ? Qu’après les conclusions de l’enquête judiciaire, il y a désormais une nouvelle demande d’une réorientation de l’enquête pour homicide, que la police doit aussi enquêter sur les transactions de l’ancien ministre du Commerce et qu’elle doit éplucher les différents contrats obtenus par les proches de celui-ci lors du premier lockdown.

Et c’est ainsi qu’un ancien ministre, obligé de démissionner, accusé de délit d’emploi fictif et qui devrait se mettre à la disposition de la justice pour être à nouveau interrogé quant à certains privilèges dont ont bénéficié ses proches (soi-disant inquiétés par l’ICAC dont nous connaissons le rôle de bouclier), se permet de critiquer ceux qui, selon lui, ne voient que la «moitié du verre vide» !

Si ce n’est pas de l’arrogance culottée, on se demande ce que c’est !

Est-ce que le député s’écoute quand il dit qu’il faut juger les élus par leur travail ? Dans son cas, doit-on le juger sur sa capacité à distribuer des emplois fictifs ? Ou devrait-on le voir comme un super héros qui, de par sa seule présence au gouvernement, a le don de faire apparaître ici et là des contrats pour son entourage ? Négativité, dit-il ! Est-ce que Sawmynaden croit qu’il dégage de la positivité quand la capitale a été envahie de gros bras et surtout, quand il y a eu un déploiement excessif d’une police (incluant des tireurs d’élite) à la solde du gouvernement juste parce qu’il devait comparaître en cour ? Et ce, dans une affaire où le point de départ est la mort d’un agent politique avec pour conséquence des conclusions de «foul play» venant contredire la thèse de suicide de la police ! N’y a-t-il donc personne au gouvernement pouvant dire à Sawmynaden que ses discours sont des insultes à notre intelligence collective ? Et qu’il serait temps pour lui de nous faire l’économie de ses leçons indécentes ?

Doit-on commenter le comportement du Premier ministre qui, dès le départ, avait donné son soutien au ministre du Commerce et qui, manifestement, n’est pas près de l’abandonner, même si entre-temps, des développements de taille ont surgi ?

A Maurice, les pouvoiristes comptent sur la capacité des citoyens à absorber les multiples scandales, les uns chassant souvent les autres, qui provoquent d’interminables débats jusqu’à ce qu’une énième secousse vienne démontrer que nous n’avons eu aucun enseignement après la précédente faute grave. N’est-ce pas le cas actuellement avec ces bateaux qui ont échoué durant la semaine écoulée, provoquant choc et interrogations, mais qui, au fond, ne traduisent que l’incompétence d’un gouvernement qui n’a pas tiré les leçons attendues après le naufrage du Wakashio ?