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Courses hippiques : quel avenir ?
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Courses hippiques : quel avenir ?
Dans l’opinion publique, les craintes que les courses de chevaux finissent par toucher le fond de l’abîme sont réelles. Les récentes communications officielles entre les décideurs hippiques, tant la nouvelle Horse Racing Division (HRD), qui est une émanation d’une Gambling Regulatory Authority (GRA) devenue puissante après des amendements récents à la loi, que la Mauritius Turf Club Sports & Leisure (MTCSL), subsidiaire de ce qui reste encore d’un Mauritius Turf Club (MTC) poussé, lui, à l’agonie par des décisions étatiques qui l’amputent de son statut d’«autorité hippique», confirment, à travers revendications et ultimatum, qu’un point de non-retour, catastrophique pour les courses, risque d’être atteint entre les deux parties. Cela ne tient, en fait, qu’à un fil. Ce qui provoquerait, si l’impensable se produit, un tsunami hippique dans une île dont les fondations historiques ont été pourtant faites grâce au concours des courses de chevaux, symbole de tolérance, de réconciliation et de paix entre Français et Anglais.
Quel avenir, donc, pour cette industrie qui, malgré l’épineux problème des paris illégaux, génère des milliards de roupies chaque année ? Si le gouvernement continue à se justifier dans la manière dont il gère la problématique hippique après les critiques de la commission Parry, en misant notamment sur sa «vision» de transformer le secteur à travers les pouvoirs attribués à la GRA et à la HRD, le MTC, lui, refuse de le suivre sur cette voie. Car l’organisateur des courses – aujourd’hui MTCSL – considère que les actions du gouvernement visent à l’éliminer de la carte hippique à travers une nationalisation à outrance des courses de chevaux à Maurice.
Dans cette guerre de pouvoir, l’équation pouvant amener à un apaisement, dans l’intérêt des courses, n’est pas simple. Il suffit de lire entre les lignes les correspondances échangées entre le MTC/MTCSL et la HRD. L’organisateur des courses ne peut ne pas savoir que les conditions qu’il impose à la HRD pour démarrer la saison 2022 – ‘betting tax’ ou encore ‘off-course betting’ – ne relèvent pas des attributions du régulateur, qui n’est qu’un exécutant du pouvoir législatif. Ces demandes, sur lesquelles le MTC/MTCSL insistait depuis l’année dernière auprès du ministère des Finances pour réussir la relance post-Covid, traduisent, en fait, la position inconfortable de l’organisateur des courses par rapport aux changements intervenus dans le milieu hippique. Inconfortable pour une institution aujourd’hui réduite à un simple «racing organiser» sans aucun pouvoir décisionnel.
En face, une HRD nouvelle qui est là pour «control and regulate» et son ‘Head’, l’Australien Wayne Wood, après quelques timides pas au Champ de Mars en 2021 avant la promulgation des amendements apportés à la GRA Act, n’a pas pris longtemps pour faire une démonstration d’autorité, selon le pouvoir que lui confèrent plusieurs sections de cette loi. Au-delà de son intransigeance sur plusieurs questions soulevées par le MTC/MTCSL, comme les Rules of Racing par exemple, ce qu’il faut surtout retenir de sa réplique au MTC/MTCSL, c’est que la HRD, sans que Wood le dise ouvertement, aurait d’autres options, d’où une menace à peine voilée au sujet du délai accordé à la MTCSL pour la soumission des documents relatifs à sa demande de licence : «In case of non-compliance, we will take it that you are not interested in going ahead with your application for a Horse Racing Organiser Licence for the Horse Racing season 2022.» Avant de révéler 24 heures plus tard, aux interrogations des entraîneurs/propriétaires, que la HRD «a» un plan B. Sans en dire plus !
Serait-ce alors une indication que le gouvernement, la GRA et la HRD peuvent se passer du MTC/MTCSL si aucune entente n’est trouvée avec les locataires du Champ de Mars ? L’avenir des courses se conjuguera-t-il AVEC ou SANS le MTC(SL) ? Nouvelle preuve, si besoin est, de la… glorieuse incertitude du turf !
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