Publicité
Fédération russe: Vivement le «back to old normal» du temps de l’URSS
Par
Partager cet article
Fédération russe: Vivement le «back to old normal» du temps de l’URSS
Holland Park School, Londres, 1961
La langue russe a été optée par moi à des fins d’étude, conseillée en cela par ma brillante amie anglo-saxonne Chloe Forbes, qui l’apprend aussi. Notre enseignant est un Monsieur immense, doté d’une égale affabilité envers ses deux petites élèves qui n’avaient pas encore atteint l’âge de teenagers. Éclate la nouvelle sensationnelle que le pilote russe Yuri Gagarin a voyagé dans l’espace et en est revenu sain et sauf, en ce 12 avril, dans la capsule Vostok 1. Cet exploit inimaginable est cependant assorti de quolibets colportés de l’Ouest.
À l’école, nous entendons des rumeurs : Yuri aurait eu des prédécesseurs aux fins tragiques, la Russie soviétique prévoirait d’utiliser sa supériorité spatiale pour gouverner le monde, le cosmonaute (mot nouveau) Yuri serait contaminé par une charge radioactive et quiconque s’en approcherait serait atteint de maladies incurables, voire mortelles, ou de stérilité. Notre enseignant poursuit ses cours, imperturbable et modeste, comme seuls les Russes savent l’être. Ma mère cite cette boutade du renard déconfit de La Fontaine «les raisins sont trop verts» à l’égard des mauvais perdants de la course au cosmos.
Yuri Gagarin en visite
Au début de juillet, mon père, Azize Sookia, qui est affecté à Scotland Yard comme officier de police, me prévient que je ferai l’école buissonnière le mercredi suivant. Pour cela, je devais peaufiner mon apprentissage du russe et n’en souffler mot à personne. Ce n’est que la veille au soir qu’il m’annonce que j’allais rencontrer l’exceptionnel Yuri Gagarin, dont c’est la première visite en sol étranger. Je songe aux émissions radioactives, annoncées à cor et à cri par des opposants à la Russie. Par une matinée ensoleillée, nous attendons dans le jardin de l’ambassade de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Une trentaine d’adultes, composés de familles des diplomates, sont debout devant nous.
Mon père ne peut me hisser sur ses épaules, ayant la responsabilité avec ses collègues, en tenue civile, du bon déroulement des déplacements de Yuri, qui est l’invité à déjeuner de la Reine Elizabeth II.
En me voyant, les gens me propulsent à l’avant avec une grande gentillesse, de rangée en rangée, jusqu’au pied des marches du bâtiment. Ils m’encouragent à les grimper. À mi-chemin, je cherche mes parents du regard. Ma mère tient prêt son appareil photo. Je suis maintenant sur le palier.
Brusquement, la porte s’ouvre sur Le Cosmonaute, au visage étonnamment juvénile, aux joues roses et aux yeux d’un bleu intense. Il me sourit et s’avance vers moi dans son uniforme militaire. Il n’y a pas de barrière dans la langue russe, aussi j’accueille mon «Camarade Gagarin» que je félicite pour son succès orbital et lui souhaite bon séjour. Il me remercie d’une voix douce et se met à applaudir la Russie, imité par ses admirateurs et moi. Il continue à applaudir et à sourire en se dirigeant vers sa voiture. Finalement, j’ai eu moins peur que Rita Nurskanova, la fillette de cinq ans, la première à l’avoir vu atterrir dans son champ de pomme de terre au sortir de l’espace. Je vais même pénétrer dans une réplique de la capsule exiguë du Vostok1 au Science Museum de Kensington.
Russie en liesse, Amérique en détresse
Tous ou presque saluent la suprématie spatiale sans conteste de la Russie. Voilà un pays qui se suffit à lui-même, vit retranché du reste du monde, est à genoux depuis la Seconde Guerre mondiale, 26,6 millions d’hommes tués et environ 30 % d’infrastructures rasées pour arriver à bout du nazi Hitler alors qu’en Amérique (US), 405 400 soldats abattus et aucune institution touchée. N’y entre, ni n’en sort qui veut. Elle arrive malgré tout à produire des professionnels émérites, toutes catégories sociales et genres confondus, grâce à sa philosophie communiste.
On retient surtout qu’elle est une puissance nucléaire, au même titre que l’US qui ne la porte pas dans son coeur. Les Américains sont démoralisés par cette trajectoire orbitale qui ne porte pas leur signature. Tandis que Yuri est acclamé ailleurs par des dirigeants importants et la royauté britannique, le Président John Kennedy (JFK) choisit de lui refuser l’entrée aux États-Unis, sous prétexte, dixit, qu’il est «trop populaire».
Ukraine, Amérique et Russie, février 2022
Le «conflit» entre l’Ukraine et la Russie a incité l’Amérique à mettre en pratique ce qu’elle sait faire de mieux : isoler intégralement son ennemi. Le Président Biden a persuadé, avec menace de sanctions à l’appui, un grand nombre de pays à placer la Russie au banc des accusés.
Les secteurs bancaires, financiers, sportifs, culturels et politiques la fuient comme la peste. Comme autrefois avec Cuba, situé à au moins 170 kilomètres de la pointe de La Floride, parce qu’il prônait le Communisme et était massivement subventionné par la Russie.
Aujourd’hui, on trouve saugrenue l’idée que le Président Poutine aspire à protéger ses 2 300 kilomètres de frontière commune avec l’Ukraine contre une influence invasive de l’OTAN, basé en Amérique et la présence d’un nucleus néonazi tant détesté en Ukraine. L’Amérique rancunière n’a jamais pardonné à la Russie de l’avoir condamnée aux accessits, avec le lancement du premier satellite artificiel Sputnik d’abord, ensuite celui du premier humain dans l’espace.
Le russe est, depuis, admis comme la langue spatiale au lieu du seul anglais. Mieux, les 50e et 60e anniversaires de cette fameuse randonnée hors de notre ciel ont été célébré dans les sept continents avec la construction de statues, de pièces de monnaie et de médailles frappées à l’effigie de Yuri, sans oublier que l’Ukraine, elle, a sorti un timbre avec son portrait portant son casque, devenu emblématique. Désormais, la nuit du 12 avril est connue comme la Yuri’s night dans le monde entier.
Malgré la pandémie, elle a eu son mot à dire en virtuel. Pas de chance JFK, Yuri demeure le cosmonaute le plus aimé de la planète Terre. À propos, la Reine Elizabeth II, Rita, moi et tous les autres qui ont côtoyé Yuri de près n’avons pas subi de maladie grave – Dieu nous en préserve – en dépit des fake news américaines de 1961. Pareillement, on n’a jamais trouvé d’armes chimiques en Irak, comme soutenu avec véhémence par l’US. Le pauvre Irak a été moins heureux que nous, les fake news américaines ont massacré ses innocents femmes et enfants par milliers, et leur territoire n’existe presque pas sur l’échiquier mondial.
Pris de remords, un journaliste occidental avoua avoir volontairement giflé une jeune Iraquienne afin d’étayer son réquisitoire contre le Président-monstre Saddam Hussain. Attention à l’effet ricochet. L’embargo sur le pétrole et le gaz russe pousse des usagers à reporter leur sevrage des énergies toxiques pour s’approvisionner en charbon qui est, lui, disponible et peu coûteux. La couche d’ozone deviendra plus précaire.
La pandémie a déjà préparé le peuple russe à des confinements, à des deuils, à des séparations, bref, à des sacrifices énormes. Le retour à la «old normal», d’avant la dislocation de l’URSS en 1991, mais cette fois sciemment provoqué par l’Amérique, ne saurait l’effrayer. Comme dirait Yuri, au moment de son lancement historique du cosmodrome de Baikonour, «POYEKHALI» (en avant), expression qui se répandit à l’international. Ceux qui pensent que le crépuscule tombe sur la Russie devront repasser à l’aube.
Je saisis l’opportunité qui m’est gracieusement offerte par la Rédaction pour passer mon bonjour à leurs Excellences, les Ambassadeurs de la Russie et de l’Amérique, en poste à Maurice. Les diplomates ont pour habitude d’entretenir des relations conviviales entre eux; après tout, ils sont simplement les messagers de leur Président respectif.
Publicité
Les plus récents