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Arrêtez d’abuser des finances publiques !

2 avril 2022, 09:32

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La contraction inédite de notre économie en 2020 –un recul historique de quelque 15 % de notre PIB ! – nous avait déjà condamnés à nous repenser. On croyait alors que pour retrouver notre croissance prépandémique (de 2018-2019 ou avant) il fallait attendre environ 4-5 ans. Mais entre-temps on a eu coup sur coup deux autres chocs, celui de l’inflation et celui de la guerre en Ukraine. Ce qui vient pulvériser nos espoirs de reprise.

Pour revenir à un PIB de 500 milliards (avant la contraction), on ne peut plus attendre passivement et continuer avec les méthodes d’hier. Gouvernement, secteur privé et société civile doivent se concerter afin de prendre les taureaux par les cornes et réinventer ensemble notre gouvernance et notre modèle économique en focalisant sur un problème grandissant : les inégalités qui se creusent davantage à l’heure de l’explosion des prix des produits alimentaires sur le marché mondial. Les signes d’un appauvrissement certain sont visibles.

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Nous ne sommes plus dans la ligue des High-Income Economies et les revenus par tête d’habitant sont passés de $ 12 300 en 2019 à $ 8 600 en 2020. La chute aurait pu être encore plus brutale sans l’aide étatique (notamment le Wage Assistance Scheme et le Self-Employed Assistance Scheme) pour soutenir financièrement les ménages et les entreprises (et partant l’économie elle-même). Aujourd’hui, après avoir pressé le citron, et emprunté un maximum, il ne reste plus que la MIC et ce que le Dr Renganaden Padayachy va en faire... Puisqu’il est cash-less.

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L’économie étant à genoux, il nous faut impérativement réduire les dépenses publiques afin de réduire la dette publique, qui est à des niveaux-record. En ces temps difficiles, si le ministre des Finances veut avoir l’adhésion du public, il doit impérativement proposer des coupes budgétaires. Le gouvernement doit dépenser et voyager moins; il doit réajuster son train de vie princier par rapport à la crise économique que nous traversons. Il doit montrer l’exemple de ser-sintir. Il doit le faire pour se protéger contre une sourde colère sociale qui émane de la rue.

Basées sur les observations puisées des récents rapports du Public Accounts Committee et du directeur de l’Audit (qui font un travail remarquable en faveur des finances publiques malgré leurs structures désuètes), voici quelques propositions pour Pravind Jugnauth et Renganaden Padayachy:-

  • Réduire de moitié le nombre de ministres et diminuer drastiquement le nombre de conseillers dans les ministères. Les finances du pays ne peuvent plus nourrir ceux qui ne font pas grandchose mais qui coûtent néanmoins cher, par exemple le vice-président de la République. Il faudrait aussi troquer les limousines des ministres qui carburent aux énergies fossiles contre de petites voitures hybrides, respectueuses du changement climatique et de son impact sur un petit État insulaire comme Maurice.
     
  • Éliminer tous les organismes parapublics où l’on case des candidats battus ou petits mignons/petites copines du régime au pouvoir. Les Chairpersons et les directeurs doivent rendre leur voiture de fonction et arrêter de téter les mamelles du pouvoir – il n’y a plus de lait ! On a suffisamment de fonctionnaires, qui sont d’ailleurs plus compétents que les apparatchiks des partis, pour faire le boulot.
     
  • En finir avec les grasses pensions à vie des anciens présidents, vice-présidents, PM, ministres, députés. Il y en a qui touchent concomitamment une pension de vieillesse avec leurs pensions diverses. Il faut cibler systématiquement et ne plus octroyer des pensions universelles, surtout à nos millionnaires et milliardaires.
     
  • Couper tous les ‘fees’ des hauts fonctionnaires ou ‘advisers’ qui vont chauffer les ‘boards’ des compagnies étatiques et paraétatiques. Certains protégés du système siègent sur plus de neuf conseils d’administration tout en cumulant leurs responsabilités au sein de leurs ministères respectifs. Comment font-ils pour être partout à la fois ?
     
  • Intégrer les doublons genre MBC et Government Information Service ou IBA et ICTA afin de réduire le personnel pléthorique et les dépenses salariales et ‘fringe benefits’.
     
  • Stopper les subventions aux socioculturels. Ces regroupements ethniques empêchent l’émergence du mauricianisme et bouffent l’argent de tous les contribuables, y compris ceux qui ne se sentent pas concernés par les associations socioculturelles.
     
  • Introduire la taxe rurale afin que villes et villages soient sur un pied d’égalité fiscale. Cette mesure, qui remettra la NRPT au goût du jour, fera rentrer des sous dans les caisses vides du gouvernement, même si elle risque de froisser la ‘hindu belt’. Tant pis les élections villageoises sont derrière nous, alors que les municipales sont devant !
     
  • Continuer à échanger via Zoom, WhatsApp et Skype et renoncer aux voyages officiels, qui sont coûteux. Depuis le premier lockdown, c’est un fait : toutes les réunions ou conférences peuvent être suivies à distance. On ne risque pas de choper un variant et en plus économisera énormément en billets d’avion et surtout en PER DIEM ! Maurice n’est pas Dubaï, vous autres ! Revenez sur terre et arrêtez d’abuser des finances publiques !