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Gouvernement d’unité nationale ou le passeport pour l’Eldorado
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Gouvernement d’unité nationale ou le passeport pour l’Eldorado
La question de formation d’un gouvernement d’unité nationale est évoquée en temps de guerre ou dans le sillage d’une grande calamité ou encore quand un pays rencontre des problèmes économiques d’une rare gravité. Ce qui a sans doute amené certains cercles à réfléchir sur la nécessité pour Maurice de se doter d’un tel gouvernement.
Ce n’est pas un fait du hasard que la première personnalité d’avant-plan ayant évoqué une telle initiative politique n’a été personne d’autre que Rama Sithanen, sorcier économique et financier tant du MSM que du Parti travailliste à différents moments de sa vie mais qui se révéla un bater-kart désastreux avec ses prédictions des élections de 2014. Mais Rama Sithanen reste quand même un élément très crédible sur le thinking des grands barons du secteur privé, ce qui donne une dimension particulière à sa proposition de gouvernement d’unité nationale.
Ce qu’on pourrait déduire au commencement même de cette initiative, c’est que le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), n’est nullement menacé dans son enracinement autocratique par l’arrivée de nouveaux éléments, dont Paul Bérenger. Ce serait pour lui la plus grosse et la plus ambitieuse opération d’acquisition de transfuges, ce qui ferait de l’alignement de Neera Seebarun et d’autres Jenny Adebiro un jeu de lakaz zouzou.
Puisque dans le cadre de ce gouvernement d’unité nationale, le trône de PKJ n’est nullement remis en question, il coulera de source qu’il conserverait Nayen Koomar Ballah, le cousin de Lady Jugnauth, comme chef de la fonction publique et secrétaire au conseil des ministres.
Dans la même logique, vu l’efficacité opératoire de Prakash Maunthrooa dans le jeu de ponction des ressources des institutions de l’État, on ne voit pas PKJ se débarrasser d’un tel atout. De toute façon, il paraît invraisemblable que les nouveaux alliés de PKJ voudraient lui imposer des conditions, surtout sur le choix de ses lieutenants jugés indispensables.
Toujours dans le contexte des hommes et de leur puissance opératoire, PKJ voudrait maintenir un contrôle total sur le Parlement en bénéficiant de l’appui déterminant du speaker, Sooroojdev Phokeer. Les éventuels alliés devraient pouvoir fonctionner dans les paramètres décidés par le tandem PKJ-Phokeer. Chopine-six reste au menu.
En concédant le moindre de ses atouts à de potentiels alliés, PKJ se mettrait en position de vulnérabilité. Donc, c’est en position de force qu’il ferait entrer de nouveaux éléments pour constituer un gouvernement d’unité nationale.
Dans ce nouveau contexte comme évoqué par Rama Sithanen, ce que les nouveaux adhérents obtiendront comme élément de motivation et de satisfaction personnelle, outre le noble désir de se mettre au service du peuple, c’est l’accès au pouvoir. Si on prend le cas du MMM, par exemple, pour ses 53 ans d’existence, ce parti n’a été au pouvoir que pour une période totale de neuf ans, neuf mois. Soit neuf mois en 1982-83, deux ans avec sir Anerood Jugnauth (1991-93), deux ans avec Navin Ramgoolam (1995- 97) et cinq ans avec le MSM, de 2000 à 2005. Neuf ans, neuf mois ; singulier cas de grossesse au pouvoir.
Une fois ce nouveau gouvernement constitué, sa tâche principale consisterait à redresser vigoureusement l’économie pour que Maurice ne rejoigne pas le Sri Lanka comme un failed State. Budget social revu, système de pension réformé comme l’avait tenté PKJ en 2003-05, santé publique en partie payante, gel des nominations et des promotions, fermeture des corps paraétatiques parasitaires, guerre sans merci contre la corruption et le gaspillage, rien ne fera peur à un gouvernement disposant d’une très forte majorité au Parlement.
Dans le même souffle, le gouvernement investirait massivement pour sauver les emplois et en créer d’autres. Forcément, la Mauritius Investment Corporation (MIC) bénéficierait de financements encore plus généreux pour renflouer les caisses de nos grosses entreprises. Les Mauriciens se verraient contraints de se serrer encore la ceinture.
Après des années de sacrifices, le pays sortirait plus fort et plus prospère que jamais, le gouvernement d’unité nationale ayant pris des mesures courageuses et finalement payantes. Le secteur privé sortirait plus riche que jamais grâce à cette initiative d’unité nationale. Un gouvernement fort, un Premier ministre plus fort que jamais, c’est à ce prix que Maurice éviterait la catastrophe… contrairement au Sri Lanka.
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