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La stratégie de la fuite !

14 avril 2022, 07:15

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Les éclats de voix entendus à Plaine-Magnien envers deux ministres (Hurreeram et Toussaint) ne sont pas anodins et traduisent un ras-le-bol d’habitants impuissants face à des représentants du pouvoir, hués parce qu’ils ont préféré fuir des questions légitimes au lieu d’assumer leurs responsabilités de députés de la circonscription.

Ce qui s’est passé à Plaine-Magnien n’est pas un acte isolé car il rappelle l’épisode survenu au mois d’avril de l’année dernière quand un autre ministre, en l’occurrence Alan Ganoo, avait affronté la colère (également après des jours de fortes pluies) des villageois de Chemin-Grenier.

Avril 2021-avril 2022 et c’est la même scène ! Voici donc des membres de la majorité descendant dans leur circonscription, entourés de quelques béni-oui-oui et de leurs partisans, un exercice qui ressemble à une propagande du gouvernement, sous les caméras de la MBC.

Les élus, en déconnexion totale avec la réalité et les problèmes affectant le quotidien des citoyens, s’attendent à un accueil royal et oublient qu’ils sont en fait les représentants de ces habitants sans qui ils n’auront pas eu leur siège à l’Assemblée nationale ! Si la colère à Chemin-Grenier avait porté ses fruits l’an dernier, le ministre Ganoo ayant annoncé ensuite un démarrage des travaux, il aura fallu les mêmes cris de révolte pour qu’après les incidents impliquant Hurreerram, Toussaint et le député Doolub, un stop order soit émis contre la construction du parc industriel de la DBM à Plaine-Magnien.

Or, ce sont justement ces travaux que les habitants soupçonnent d'avoir provoqué l’incroyable et soudaine montée des eaux dans leur maison. Et c’est pour questionner les élus de la majorité sur le permis octroyé à la DBM et sur les doutes entourant cette construction, provoquant selon les habitants un débordement d’inondations, que le président du village (Nazim Gurib) et quelques conseillers voulaient s'entretenir avec eux. Incapable de faire face aux critiques légitimes des citoyens, Hurreeram (sur sa page Facebook) a qualifié ceux qui s’en sont pris à eux de «certaines personnes avec des agendas politiques» se «donnant en spectacle sur les réseaux sociaux», tout en mettant la montée des eaux sur le compte des «effets du changement climatique».

Ce, alors qu’il n’aura pas fallu plus de 24 heures pour que le Conseil de district de Grand-Port donne raison aux protestations des habitants et émette un arrêt sur la construction du bâtiment de la DBM. Parce que des «anomalies» ont été découvertes entre les travaux en cours et le plan initial soumis par le promoteur ! Quant au ministre Toussaint, interrogé sur ce qui s’est passé à Plaine-Magnien lors du lancement d’une Education and Job Meet Up à Côte-d’Or, ne voilà-t-il pas qu’il choisit de ne pas répondre à la presse arguant qu’il serait «désagréable d’utiliser cette plateforme pour parler d’autre chose que des jeunes».

Ainsi avons-nous affaire à des ministres payés des fonds publics pour représenter des habitants de leur circonscription et qui préfèrent fuir dans leur limousine quand ceux-là leur posent des questions d’intérêt national, tout en trouvant des prétextes inutiles afin de ne pas répondre aux journalistes.

À croire qu’ils ne connaissent pas la définition de leur fonction : qu’ils sont là pour trouver des solutions, améliorer la vie des citoyens et non pas la leur en gaspillant l’argent public, en confondant les caisses de l’État avec leur poche, en voyageant à grand frais à Dubaï et dans d'autres pays, tout en se prenant pour des princes du jour !

Les élus de la majorité oublient aussi que tous les maux ne peuvent être analysés sous le prisme de la petite politique à l'exemple de la conférence de presse du MSM hier. Tout comme le ministre des Finances qui, à travers ses réponses mardi dernier à l’Assemblée nationale, donne une nouvelle preuve du comportement inacceptable de la majorité. Celui-ci, interrogé par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval (qui a émis des propositions plutôt justes dans le contexte économique difficile actuel), a répondu sur le terrain politique ! Padayachy, au lieu de dire à la population ce qu’il compte faire face à la flambée des prix qui asphyxie des familles, a choisi de s’attaquer à l’année 2008, soit quand Sithanen était ministre des Finances !

Combien de fois doit-on rappeler au gouvernement du jour qu’il ne sert à rien de pratiquer une politique ridicule de comparaison et qu’il est censé corriger les erreurs du passé pratiquées par d’autres ? C’est ce genre d’attitude qui provoquera sans doute – après Chemin-Grenier et Plaine-Magnien – d’autres éclats de voix ailleurs…