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Les effets optiques
Je ne regarde pas la MBC depuis 20 ans, mais je peux l’imaginer à partir de ce que présente son site web. Ces jours-ci, les caméras se sont forcément très souvent tournées vers New Dehli où se trouve notre PM.
Les citoyens mauriciens qui ont le bonheur de regarder la MBC auront donc vu la réception triomphale faite à notre Premier ministre, la garde d’honneur de soldats emplumés, son cortège qui avançait avec peine parmi une foule piétonne qui arrosait sa voiture de pétales de fleurs, son accueil bien amical par le Premier ministre Modi. La visite en Inde, qui a duré sept jours, est principalement articulée autour du lancement de la médecine traditionnelle indienne, l’Ayush, mondialement. Il y a même un ministère de l’Ayush en Inde maintenant. Un marché mondial de 23,3 milliards de dollars est estimé pour 2022, un hôpital ayush sera donc construit à Côte-d’Or et Maurice cherche aussi l’aide de l’Inde pour produire des médicaments et vaccins. Dans son discours, notre PM declare : “We are envisaging to establish a pharmaceutical and vaccine manufacturing industry in a bid to position the country as a pharmaceutical hub in Africa” et présente cette idée comme un “fundamental component of the government’s agenda”, mais le mot “envisaging” n’est-il pas consternant, à ce stade?
L’appel à l’investissement de ceux présents (masqués à moins de 15 %, dans une salle où il y avait environ 20 fois plus que 50 personnes…) était on ne peut plus clair. C’est à se demander jusqu’à quand et pourquoi l’Inde accepterait de nous aider à marcher sur ses plates-bandes ! On se souviendra sans doute qu’ayant aidé à construire la Cybercité à Ebène, nous avions, en plus, invité des compagnies indiennes à s’installer chez nous et à former nos jeunes et que cela n’a pas malheureusement débouché sur grandchose. Le ministre Jeeha avait pourtant annoncé 280 M de dollars d’investissements d’Infosys le 12 mars 2001. Il est vrai que c’était l’époque ou le dollar ne valait que Rs 26.50…
Et puisque, dans son discours officiel, le directeur de l’OMS se référait à notre PM comme «Prime Minister Pravind Kumar», ne lui faisons pas l’injure de l’appeler «Mr Tedros» !
Cependant alors que notre PM recevait un accueil triomphal en Inde, ici on augmentait le prix de l’essence, après celui du gaz et de nombreuses marchandises dans les supermarchés en attendant les révisions de prix apparemment inévitables du lait en poudre, du pain ou de l’électricité… Le contraste est on ne peut plus frappant. Alors que le quotidien et le pouvoir d’achat des Mauriciens modestes basculent avec une dévaluation aggravante, les dirigeants de ces mêmes citoyens baignent, après Dubaï, dans le grand bonheur d’un grand voyage dans un grand pays qui ne leur veut que grand bien. On ne sait pas qui gère cette conjonction plutôt malheureuse d’événements au calendrier, mais ce ne sera sûrement pas à l’avantage du PM Pravind Kumar quand il retournera sur terre aujourd’hui.
D’autant plus si le PM insiste pour analyser les manifs contre les prix qui montent avec des lunettes opportunistes, qu’elles soient d’ordre politique ou tribal, alors que la situation réclame de l’empathie, de la mesure et… des mesures; quand bien même il n’est pas celui qui ferait les courses chez lui ! Car les prix qui explosent, s’ils embêtent tout le monde, ont le don d’être dévastateurs pour les moins fortunés et il doit quand même savoir où ils se retrouvent proportionnellement en plus grand nombre, tout de même ?
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Le débat entre Macron et Lepen mercredi soir a été, une nouvelle fois, une occasion ratée pour la dirigeante du FN face à un président sortant pugnace et affichant une meilleure maîtrise des dossiers nationaux et qui luttait pour ne pas paraître trop confiant. Le journal Le Monde comparait Macron à un boa constrictor qui resserrait peu à peu son adversaire jusqu’à son étouffement et soulignait combien ses marques délibérées et maintes fois répétées de respect («Vous avez raison !») ne visaient qu’à souligner les inconsistances et les faiblesses de raisonnement de Lepen. D’ailleurs, le sondage Elabe de téléspectateurs concluait que Macron avait été plus convaincant a 59 % contre 39 % pour Lepen. La belle formule répertoriée chez Europe 1 était que ce fut le débat entre la condescendance et l’insuffisance ! Si Lepen a réussi son pari de paraître plus empathique, Macron a certainement fait figure de «mains plus sûres», surtout en ces temps troubles.
D’ailleurs, le sondage mentionné plus haut trouvait que 37 % des interrogés (contre 35 %) estimait Lepen «plus proches de leurs préoccupations», ce qui n’empêchait pas 53 % de ces mêmes personnes de trouver Macron plus crédible comme président (Lepen 28 %) ! Il n’est pas du tout sûr qu’un écart d’appréciation semblable puisse, pour le moment, se concrétiser chez l’électorat mauricien…
Le sondage IFOP post-débat voyait Macron prendre une avance grandissante de 7 % sur Lepen. Il reste donc seulement à déterminer le taux de mobilisation des votes de chaque camp pour ce dimanche. À moins que les sondages…
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Nous aurons sans doute tous constaté combien le temps et l’actualité peuvent déplacer même les sujets les plus importants ou les plus troublants des gros titres médiatiques. La guerre d’Ukraine a relégué le Covid à l’arrière-plan. Aujourd’hui, c’est la guerre des prix qui efface celle de l’Ukraine… À notre modeste échelle, l’inflation enterre le scandale du Molnupiravir, comme tant d’autres scandales ont aidé à effacer tant d’autres casseroles, d’Angus Road à Pack & Blister, des rapports de l’Audit à l’affaire Kistnen, de…
Et pourtant, le problème le plus grave de la planète n’est lui-même arrivé à se faire entendre que pendant quelques semaines en novembre 2021 grâce à la COP26 de Glasgow. Nous parlons bien évidemment du réchauffement de la planète et il nous reste maintenant très peu de temps pour agir de manière décisive. Et nous ne faisons toujours pas grand-chose. (*) Et la catastrophe, irréversible celle-là, arrive pourtant !
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On évoque souvent la déchéance du Sri Lanka ces jours-ci : un pays presque en faillite, qui vient de déclarer son incapacité à payer ses dettes et qui quémande aux grands frères chinois et indiens de quoi importer ce dont elle a besoin, c.-a.d. quasiment tout, à part du textile et du thé. Cette ‘perle’ de pays est aujourd’hui confrontée à des pénuries alimentaires et même des black-outs de plus en plus fréquents sur son réseau électrique. La population souffre. L’activité économique aussi, accélérant une spirale infernale.
La déchéance de ce pays était prévisible longtemps avant la pandémie sur le dos d’une longue série de déficits doubles au niveau budgétaire et au niveau du commerce extérieur. Le ratio dette/PIB en est à 110 % et la balance des paiements, déficitaire depuis longtemps déjà, a atteint 7,8 %. De plus, à la sortie de la guerre civile de 2009, l’économie restait largement dominée par le secteur public gaspilleur, dont les 500+ entreprises qu’il possède, largement déficitaires et opérant dans quasiment tous les secteurs de l’économie… Ils en sont au point où les 26 ministres du gouvernement du Premier ministre Mahinda Rajapaksa ont démissionné et que le président Gotabaya Rajapaksa a invité, mais un peu tard, à un gouvernement d’unité nationale ! Le ministre des Finances démissionnaire était Basil Rajapaksa !
Le déclencheur de la crise fut bien évidemment la disparition des recettes touristiques avec la pandémie (le pays s’étant rouvert, sans quarantaine, seulement en novembre 2021). En parallèle, une chute du FDI (qui fuyait l’arrivée des Rajapaksa au pouvoir en 2019) et l’effritement majeur des envois de fonds de la diaspora – du moins à travers les circuits officiels. Mais il y eut aussi la catastrophe de la «grande idée» de la famille au pouvoir : faire de l’île le premier producteur agricole 100 % bio…
Une des belles promesses de la campagne électorale des Rajapaksa de 2019 (comme la promesse, ici, de la pension à Rs 9 000 qui passerait à Rs 13 500 sans expliquer comment on la financerait) était une agriculture «100 % organique» sur les 10 prochaines années. Comme il fallait commencer par «dépolluer» les terres, le gouvernement bannissait totalement l’importation de fertilisants et de pesticides synthétiques et obligeait ses deux millions de fermiers à cultiver bio.
Les résultats furent rapides : 20 % de production de riz en moins dans les six mois, ce qui forçait ce pays longtemps auto-suffisant en riz à en importer pour $ 450 M avec pour résultat que le prix sur le marché local augmentait de 50 %. Autre conséquence : le thé ou des pertes de production de $ 425 M furent… récoltées. Le gouvernement déboursait, contrit, $ 349 M en compensation à ses fermiers. Ça ne satisfaisait personne évidemment. On estime que 500 000 individus passaient, en conséquence, sous la ligne de la pauvreté absolue.
La leçon est claire : dans un pays déjà fragilisé, ne risquez surtout pas vos dernières billes sur une idée ‘follement’ attrayante, dont vous ne maîtrisez pas les conséquences…
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