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Sur la toile, cette semaine…

1 mai 2022, 09:17

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Décidément !

La manière d’agir de divers bras du gouvernement face au Mauritius Turf Club (MTC) ces derniers temps révèle une menace nouvelle et bien réelle pour le secteur privé et la société civile en général : si vous ne vous couchez pas et acceptez toutes les conditions imposées, ça peut finir très mal ! Et il ne faut surtout pas se coucher, au risque de susciter des appétits grandissants »

Sans prétendre connaître tous les détails de l’affaire et malgré mon manque d’intérêt personnel ou de connaissances pour les courses hippiques (d’autant qu’elles favorisent le jeu qui, à bien des égards, est un poison social), l’équation de base semble être claire. On légifère et on structure (Gambling Regulatory Authority, Horse Racing Division) depuis quelques années déjà dans le monde hippique pour contrôler de plus en plus, alors qu’un tel contrôle ne semblait pas bien nécessaire au départ, les courses ayant une bonne image de gestion réussie. On ne semble, par contre, pas beaucoup s’intéresser à la question clé des paris illégaux qui foisonnent, paraît-il.

Ce qui n’est pas nouveau, c’est que le gouvernement se voit de plus en plus comme LE centre décisionnel presque exclusif de la nation et que l’influence politique s’incruste partout. Cela fait des années que ce mouvement se met en place et se renforce. Gare à celui qui revendique ses libertés et son autonomie ! Bien peu de citoyens ou d’intervenants économiques sentent qu’ils peuvent désormais s’en sortir sans ‘toucher un mot’, sans faire jouer ou utiliser un contact, sans, parfois, graisser une patte. Combien sont-ils ceux qui croient encore qu’ils ont des droits et que les procédures standard ou le seul mérite suffiront pour faire aboutir leurs demandes ? Cette culture n’est pas nouvelle, mais elle s’étale de plus en plus et parasite désormais partout. Comme la liane cuscute ! Certains croient pouvoir passer au travers grâce à des collaborations et des ‘contributions’, mais l’épisode de la BAI démontre au moins que cela ne saurait pas toujours suffire… Car, en effet, c’est le bénéficiaire qui décide, seul et dans tous les cas, de ce qui est assez !

Cependant, ce qui semble être nouveau dans ce cas, c’est quand la culture de contrôle a elle-même un autre but inavoué. La lettre de résiliation du bail du MTC sur le Champ-de-Mars, rédigé par le conseil municipal de PortLouis, ne se cache pas pour souligner que la mairie ne recevra plus de revenus sous sa ‘concession de privilège’, ni de revenus des licences de bookmakers etc.… puisqu’il n’y aura pas de courses en l’absence d’un permis de la HRD. La municipalité prend aussi fait et cause pour l’État, son patron, qui perdra aussi des revenus substantiels provenant de taxes sur le jeu. Le message est limpide. Ces revenus et les emplois qui vont avec sont importants au point où si le MTC, qui est maintenant sans permis et sans terrain d’opération, est bureaucratiquement incapable d’organiser les courses, les autorités auront sans doute à chercher «ailleurs». Rapidement. Cependant, la tentative désespérée de deux directeurs de la Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL) de payer leur licence, en acceptant maintenant les conditions imposées au départ, mais qui paraissaient alors inacceptables, est refusée jeudi au motif que la MTCSL… n’a plus d’hippodrome. Toutes les cartes étant détenues d’un seul côté, le piège s’est refermé ! Qui sera surpris de voir bientôt un ange, tombé du ciel, qui deviendra l’organisateur exclusif de courses, en harmonie totale avec la HRD et la GRA, assurant ainsi, éventuellement, même si plus tardivement, les revenus de l’ État, de la municipalité et d’autres ?

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Autre situation, autre ‘bobo’ national cette semaine. Un trafiquant de drogue slovaque, M. Uricek, qui bénéficiait pourtant d’une injonction du juge Maghooa de la Cour suprême contre un ordre d’expulsion, a été, malgré tout, embarqué, manu militari, sur un avion slovaque venu le chercher. Le Passport & Immigration Office (PIO), le bureau du Premier ministre (PMO) ainsi que le directeur de l’aviation civile (CAA) avaient tous été prévenus en amont du vol prévu pour 15 h 50 et cependant… l’ordre de la cour n’a pas eu la préséance qui lui était due sous la Constitution !

Nous sommes pourtant bel et bien dans un État de droit, où la séparation des pouvoirs et les checks and balances qui arbitrent entre les divers pouvoirs doivent être respectés, faute de quoi nous ne serions plus en démocratie mais dans un État arbitraire où tout devient possible, autant que le politique le souhaiterait ! Il faudra donc rapidement établir QUI a trouvé bon de défier une injonction de la Cour suprême et POURQUOI donc, et penser à le sanctionner sévèrement, si besoin est, puisque c’est le genre de dérapage dont ce pays doit absolument se débarrasser, au risque de terrifier ou au moins de rendre mal à l’aise nos citoyens, ainsi que ceux que l’on invite à immigrer et investir ici.

Que l’on ne se trompe surtout pas sur la leçon de cet épisode. S’il n’est pas bien de bousculer un avocat, s’il est plutôt crasseux pour un policier de déclarer qu’il «bien fer f…t avek inzonksion !», si c’est vraiment moche qu’un policier menace une avocate qui filme la scène avec : «…Pou éna konsekans pli divan…», nous jouons ici, fondamentalement, avec la Constitution du pays et les principes opérants d’un État de droit. Tous les Mauriciens sont des justiciables potentiels et pour cette seule raison, ils ont intérêt à s’assurer que le judiciaire soit respecté en toute circonstance, quand bien même ce serait le chef de l’exécutif lui-même, à l’image de sir Anerood Jugnauth dans le cas de la Sri-Lankaise enceinte, Mme Medagama, qui pourrait se croire autorisé de juger d’un cas qui est pourtant devant une cour de justice et d’imposer SA volonté. Il faut d’ailleurs au moins reconnaître à SAJ sa déclaration subséquente à l’express du 28 novembre 1993 : «Il n’était nullement de mon intention de ne pas respecter la cour», ce qui permettait de réconcilier et de rétablir le judiciaire et l’exécutif dans leurs fonctions respectives.

On n’en attend pas moins du chef de l’exécutif, du patron du PMO, du PIO et de la CAA, cette fois-ci aussi

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Après Shanghai, voilà Pékin qui est touché par le Covid ! 12 cas repérés après… 20 millions de tests, cela ne paraît vraiment pas très grave. Mais la Chine a une politique bien plus têtue de ‘zéro Covid’ que Maurice, seuls 38 % des vieux de plus de 60 ans sont là-bas vaccinés, ils ont à faire avec un Omicron plutôt infectieux et la Chine reste un pays où les mesures qui sont prises sont entières quand il s’agit de la communauté, même si c’est aux dépens des droits individuels !

Résultat ? Une ruée époustouflante vers les supermarchés en anticipation de possibles lockdowns à venir ! Pour ne pas être en reste, Taïwan, largement épargné jusqu’ici, connaît sa première vague alors que certains médecins en Afrique du Sud voyant monter l’incidence de cas, redoutent, eux, une cinquième vague… Le taux de tests positifs croît encore en Hollande, en Corée, en Thaïlande, en Australie, au Japon, en France et ailleurs… Si l’on s’y habitue presque partout, ce coronavirus ne paraît pas vouloir nous lâcher les baskets de sitôt ! Pourvu qu’il ne profite pas de ce temps pour nous imposer une mutation bien plus embêtante !

Pendant ce temps-là, M. Poutine pilonne et détruit les villes d’un pays qu’il espère toujours conquérir, neuf semaines après son ‘invasion’ qu’il dit ne pas en être une et reproche à ceux qui aident l’Ukraine de prolonger une guerre qui n’en serait pas une non plus, qu’ils risquent une troisième guerre mondiale qui serait cette fois-ci, au moins, bien réelle ! Avec du nucléaire à la clé, vous savez…

Point de doute ! Cela aurait été tellement plus commode pour Poutine si l’Ukraine s’était tout simplement couchée, mieux si elle s’était soulevée contre Kiev pour accueillir ses ‘libérateurs’ ! À défaut, si personne n’avait pris le parti de l’Ukraine et si, tremblant d’effroi, ils avaient choisi plutôt d’assouvir l’amour-propre et les besoins d’affirmation de M. Poutine. N’est-ce pas M. Voltaire qui suggérait que : «L’amour-propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on y fait une piqûre» ? Tant de situations s’y prêtent , n’est-ce pas ? Y compris à la GRA-MTC, en Chine et en Russie !