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Le cas de «dominer» le plus outrageant dans l’histoire de la fonction publique

7 mai 2022, 09:10

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Pendant longtemps, un job au gouvernement assurait sécurité d’emploi et pension alors que dans le privé, aucune nomination n’était permanente car on pouvait y être hired and fired anytime. 

Bien que le principe de job assuré jusqu’à la retraite dans la fonction publique fût largement respecté, il était toujours possible pour le gouvernement du jour de faire partir un fonctionnaire dans le public interest mais cela moyennant une full pension. Quelques super-employés de l’État comme les juges, le Commissaire de police et le Directeur des poursuites publiques (DPP) avaient leur sécurité d’emploi assurée par la Constitution. On se souviendra de la longue et laborieuse procédure employée pour faire partir le Commissaire de police Raj Dayal. 

Le principe de l’emploi assuré fut radicalement remis en question après le 60-0 de 1982. Le gouvernement d’alors modifia la Constitution pour que les employés du gouvernement puissent être congédiés sans grande compensation. C’est ainsi que le secrétaire au Cabinet Bramduth Ghoorah et les chefs de cabinet Hervé Duval, frère du leader du PMSD, et Kanti Banymandhub furent congédies d’après la nouvelle loi de même que les ambassadeurs à l’étranger. Bramduth Ghoorah se rapprocha du MMM en 1987 et fut même candidat malheureux de ce parti aux élections générales. Hervé Duval se joignit à la politique lui aussi avec davantage de succès que Ghoorah. 

Après le 60-0 de 1982, le directeur des Government Information Services (au pluriel alors), Jaykurrun Ramlagan, personnage emblématique affectueusement appelé Le Maire, soumit sa démission. Fidèle compagnon de sir Seewoosagur Ramgoolam, il accompagnait le Premier ministre dans une Volkswagen modèle Coccinelle mettant le cap sur le Sud où les deux hommes marchaient dans la plantation de canne appartenant à l’épouse du leader rouge. Son poste fut déclaré vacant et à l’issue d’un appel de candidatures public réclamant des talents particuliers de la part des postulants, deux candidats émergèrent du lot, Dan Callikan et un journaliste universitaire expérimenté. La PSC choisit Callikan, ancien lauréat, diplômé en France et ayant connu un parcours à la MBC. Après le départ de Callikan, seuls des fonctionnaires qualifiés et universitaires furent nommés à la tête du GIS. 

Le règne des Jugnauth de 1983 à 2005 fut marqué plus ou moins par le respect des principes de base bien qu’il y ait des cas de favoritisme dans les promotions et de pratique de discrimination à l’encontre des soi-disant «anti» souvent victimes de cabales. 

Après son arrivée au pouvoir en 2005, Navin Ramgoolam respecta les grands principes tout en ne parvenant pas à contrôler des ministres comme Etienne Sinatambou, ce dernier qui fut à la base de quelques licenciements abusifs et des cas d’abus à l’encontre de policiers. Durant ce règne des Travaillistes, le cousin de lady Sarojni Jugnauth, Nayen Kumar Ballah qui est actuellement chef de la fonction publique et secrétaire au Cabinet, ne subit aucune discrimination dans la poursuite de sa carrière de fonctionnaire. Il ne manqua aucune promotion. Par contre, un fonctionnaire du Réduit, ne respectant pas le devoir de réserve et applaudissant bruyamment des discours politiques et partisans, perdit quelques privilèges sans que son emploi même ne soit menacé. 

A son retour au pouvoir en 2014, sir Anerood jadis connu pour être un «légaliste» sans faille avait d’autres chats à fouetter dont la destruction des familles Rawat et Bhunjun. On favorisa quand même des promotions dont celle du fameux cousin Ballah qui devint chef de la fonction publique et secrétaire au Cabinet et des transferts en haut lieu des préférés du clan familial. Mais aucun cas bruyant de brutalité envers les fonctionnaires en général. 

Tout devait changer radicalement après l’accession de Pravind Jugnauth aux fonctions de Premier ministre en 2017 et surtout après sa victoire électorale en 2019. C’est ainsi que le fameux Government Information Service (au singulier maintenant) connut une singulière expérience dans toute l’histoire de la fonction publique allant de l’administration britannique à l’ère postindépendance. Au GIS, son chef, un diplômé expérimenté, fut tout simplement remplacé par un nominé politique, Rudy Veeramundar, ce dernier n’étant nullement qualifié pour de hautes fonctions dans le secteur public. Tous les professionnels de ce département possèdent des «degrés» universitaires, certains avec des maîtrises. C’était comme si on faisait d’un Senior-fail mais chatwa le recteur du collège Royal de Curepipe. 

La raison officielle invoquée pour faire partir le directeur-général du GIS, Lutchmeeparsad Ramdhun, c’était qu’il avait atteint l’âge de 60 ans et qu’une section de la loi sur les pensions permettrait une telle mise à la retraite. Or Dev Manraj agissant comme secrétaire au Cabinet et qui avait conseillé à Ramdhun de partir était lui-même âgé de 73 ans et par la suite c’est le grand Ballah âgé, lui, de 65 ans qui le congédia officiellement jugeant le directeur du GIS trop vieux à 60 ans pour diriger un tel département. 

Sous le règne Pravind, outre le cas GIS, des fonctionnaires ayant des liens de parenté avec des dirigeants de l’opposition ont subi des pratiques discriminatoires. C’est ainsi que le chef de cabinet Ashish Hoolash n’obtint aucune promotion et vit des juniors le dépasser dans la hiérarchie. 

Veeramundar devait ouvrir la porte à la nouvelle pratique où on demande à un nominé politique nullement qualifié de venir diriger un département composé de professionnels diplômés et expérimentés. L’expérience Veeramundar fut ainsi répliquée au Mauritius Standards Bureau (MSB) où on utilisa un subterfuge pour supplanter une professionnelle hautement qualifiée, Rashida Nanhuck, pour la remplacer par la politicienne MSM Sandhya Boygah. Cette dernière y a été nommée General Manager et de ce fait elle agit comme la vraie directrice du MSB, une institution spécialisée dans la définition des normes relevant de la haute technologie. 

Toutes proportions gardées, personne ne devrait être surpris d’apprendre qu’on a octroyé le titre de General Manager à un colleur d’affiche et qu’on l’a placé à l’hôpital Victoria. A partir de ses nouvelles fonctions, le super-chatwa vient supplanter le Regional Health Director.