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C’est la faute à l’opposition !
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C’est la faute à l’opposition !
La politique du déni. Telle est la posture adoptée par le Premier ministre qui, lors du débat sur la motion de censure – rejetée sans surprise par la majorité MSM –, affirme au Parlement que son gouvernement est à l’aise avec sa conscience, que l’opposition veut créer une instabilité en poussant les gens à descendre dans la rue.
En clair, rien de nouveau dans la stratégie de Jugnauth qui, depuis les zones de tension dans plusieurs régions de l’île, accusait déjà les membres de l’opposition d’être les instigateurs de ces émeutes. La tactique est connue : continuer à pratiquer une politique de l’autruche en utilisant une propagande primaire sur fond de démagogie pour mieux tromper la population, tout en n’arrêtant pas de diaboliser l’opposition, dont les membres sont présentés comme des déstabilisateurs. Le message envoyé ? Le gouvernement n’a nullement fauté et il n’y aurait donc aucun virage de direction, comme le souhaitait le leader de l'opposition, Xavier Duval, qui est à l’origine de la motion de censure.
Les mêmes arguments sont répétés inlassablement par le leader du MSM : la Covid-19 et la guerre Ukraine-Russie sont responsables de tous nos maux. Même s’il faut admettre que personne ne vit en autarcie et qu’il faut compter avec le contexte international, le Premier ministre gagnerait à reconnaître l’incompétence de son gouvernement ! Ainsi, faute d’avoir pu prévoir les événements, l’équipe du MSM a continué à gaspiller l’argent public, tout en n’ayant aucune réserve, si ce ne sont pas dans les fonds de la Banque de Maurice que le pouvoir a dangereusement puisé !
À écouter Pravind Jugnauth, qui a essayé de se défendre contre les critiques de l’opposition, les élus de la majorité travaillent sans répit ! Sauf que le Premier ministre oublie de dire que ceux-là sont tellement absents de leur circonscription que le jour où ils décident d’aller se faire voir sur le terrain, avec la complicité des caméras complaisantes de la MBC, ils doivent rapidement déguerpir. Ce, parce qu’ils font face à la colère citoyenne, comme l’ont illustré les affrontements opposant Hurreeram, Toussaint et Doolub aux habitants de Plaine-Magnien. Un épisode pas isolé car il fait écho aux cris de colère enregistrés à Chemin-Grenier l’an dernier, quand le ministre Ganoo se faisait insulter !
À en croire le Premier ministre, l’opposition serait derrière toutes les manifestations de rue auxquelles on assiste. N’est-ce pas là une insulte aux syndicats, travailleurs sociaux, toute une masse de personnes qui, pour montrer une indignation collective, n’ont d’autres recours que de descendre dans les rues, que ce soit pour protester contre la série d’augmentations sur les denrées alimentaires, la hausse du prix de l'essence ou encore pour dire non à certaines dérives, à l’exemple de la marche inédite des avocats vendredi dernier ?
À suivre la logique du Premier ministre, les hommes de loi du Bar Council, parce qu’ils marchent pacifiquement – pour dénoncer la manière de faire de la police – se laisseraient donc manipuler par les partis de l’opposition ! À ce chapitre, la démarche de l’Attorney General, obtenant une suspension de l’enquête judiciaire ordonnée par le DPP, confirme à quel point l’Exécutif veut mettre sous sa tutelle le bureau du DPP, avec pour objectif le contrôle de l’ensemble des institutions.
Après avoir échoué dans la tentative de faire voter le Prosecution Commission Bill – grâce au PMSD qui avait alors démissionné du gouvernement Lepep –, après que la police (sur un ordre venant d’en haut ?) a tenté vainement de faire arrêter le DPP (Satyajit Boolell) en 2015, nous assistons cette fois à une autre tournure de la dictature imposée par le MSM. Le débat ici n’est pas ce que le gouvernement veut faire croire : que ceux qui réclament des comptes sur la façon dont l’expulsion du Slovaque a eu lieu sont automatiquement des fans de la mafia de la drogue !
Les interrogations sont : pourquoi, s’il pense avoir bien agi, le gouvernement veut-il stopper une enquête indépendante – réclamée par le DPP – sur le départ forcé du Slovaque Peter Uricek ? Pour quelle raison un ordre de la Cour suprême obtenu par l’avocat Varma en faveur de son client n’a-t-il pas été respecté ? Comment se fait-il qu’après avoir vécu au pays ces quatre dernières années, ayant même obtenu initialement un permis de travail, Uricek a-t-il été brutalement expulsé sans qu’on nous donne les véritables raisons en toute transparence ? Jugnauth et les siens auront beau vouloir tout contrôler, ils ne pourront pas (fort heureusement) avoir la mainmise sur la liberté de pensée, de questionnement et de réflexion de l’opinion publique.
Même s’ils tentent de nous infantiliser et nous prennent pour des imbéciles en nous faisant croire tout et son contraire ! Et en pratiquant parallèlement une politique du déni !
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