Publicité

Shireen Abu Akleh journaliste-martyre

17 mai 2022, 10:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Notre consoeur d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, a été tuée, d’une balle israélienne dans la tête, alors qu’elle était en reportage sur le terrain à Jénine (nord de la Cisjordanie) le 11 mai. C’est abominable. Mais il y a pire. Ce qui écoeure davantage, c’est que deux jours plus tard, le jour de ses funérailles nationales-palestiniennes, les forces de sécurité israéliennes ont accueilli ceux qui transportaient le cercueil de Shireen, non pas avec des fleurs, mais avec des coups de matraque. Scène surréaliste qui fait le tour de monde et qui montre que certains Israéliens ne vont rien faire pour calmer les esprits, au contraire, ils font tout pour jeter de l’huile sur le feu et pour inciter à la haine. Shireen, qui a des milliers de fans dans la région, toutes origines et fois confondues, devait rejoindre la Vieille Ville pour trouver le repos éternel. Mais sa dépouille a été malmenée devant les caméras du monde entier.

Était-ce de la pure provocation ?

La presse internationale rapporte que les policiers israéliens se sont acharnés sur les porteurs du cercueil de Shireen. L’un d’eux a reçu une dizaine de coups de matraque dans les côtes et sur l’épaule, puis un coup de pied aux fesses, et il a fini par s’écrouler. Le cercueil de Shireen a basculé, s’est incliné, mais n’est pas tombé. C’était comme si les officiers israéliens voulaient tuer la journaliste d’Al Jazeera une deuxième fois, mais que celle-ci, protégée par ses proches, collègues et confrères, lecteurs, téléspectateurs, followers sur les réseaux sociaux, ne voulaient pas se laisser faire cette fois-ci. 

Quatorze personnes ont été blessées, dont trois touchées à la tête par des balles de métal cerclées de caoutchouc. Mais Shireen n’est pas tombée une deuxième fois. 

*** 

Israël ne voulait pas de drapeaux palestiniens lors des funérailles de Shireen, qui a la double nationalité palestinienne-américaine, ni entendre des chants nationalistes. Mais les proches de Shireen, déjà meutris et dévastés par sa mort sauvage, ne pouvaient pas contrôler la foule qui chantait sa révolte devant l’atroce, l’injuste, l’effroi. 

La politique n’y peut rien. Elle divise, exacerbe davantage, elle est incapable de discuter, pactiser. Mamoud Abbas, de l’Autorité palestinienne, a dit qu’il ne partagera pas les résultats de l’enquête medico-légale aux services israéliens «parce que nous ne leur faisons pas confiance». Il les réserve à la Cour pénale internationale, qui montre trop son impuissance, comme c’est le cas actuellement en Ukraine. 

Au départ, l’armée israélienne avait dit que Shireen a été tuée par des tirs… palestiniens. Mais a changé de version à la suite de la pression internationale des autres journalistes, témoins du meurtre en direct. Sa thèse désormais : un soldat israélien a pu faire feu sur notre consoeur depuis un blindé situé à quelque 200 mètres de distance, alors qu’il visait à la lunette un tireur palestinien… 

Au moins 16 journalistes ont été tués, dans l’exercice de leur métier, dont neuf pendant la guerre de 2014 à Gaza, mais il n’y a eu aucune enquête ni sanction. Depuis 2001, Reporters Sans Frontières recense 35 journalistes tués, dont dix pendant la seconde Intifada. La majorité de nos confrères sont morts dans les Territoires palestiniens occupés…