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Le Rwanda, une bonne école pour Maurice ?
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Le Rwanda, une bonne école pour Maurice ?
Polico Crapo, une chanson locale qui relate des excès policiers qui devient un major crime. Des manifestants contre le prix exorbitant des carburants qui sont arrêtés pour avoir brandi des tank vid. Un deputy speaker, qu’on croyait plus démocrate que le speaker, qui envoie un article de presse au Directeur des poursuites publiques, alors que les Parlements des démocraties progressistes dépénalisent les délits de presse. Chaque semaine qui passe apporte son lot d’exemples qui démontrent que nous avons déjà abordé un virage autocratique.
Si le Rwanda peut être considéré comme un modèle de réussite macroéconomique, comme Maurice l’a été dans le passé, sur le plan politique, il est, à bien des égards, un exemple à ne pas suivre. Toutes les divisions au sein de la population sont encouragées, exacerbées à l’extrême…
Mais comme chaque pays, tout n’est pas tout à fait noir, ni tout à fait blanc. Pravind Jugnauth pourrait, au Rwanda, s’inspirer de l’égalité des femmes et de leur représentativité au sein des partis politiques et de l’Assemblée nationale. De même, nous avons beaucoup à apprendre par rapport à la promotion des nouvelles technologies qui font pâlir notre Cyber Island ou nos Smart Cities. En matière de protection de l’environnement et de transition écologique également, le pays des mille collines peut être une source d’inspiration verte. D’ailleurs, Omnicane a compris le fort potentiel hydroélectrique.
Sur le plan économique, la croissance a connu une moyenne de 7,2 % durant la dernière décennie, mais de plus en plus les observateurs font remonter l’épineuse question du partage du gâteau national. Cette redistribution inégale et inéquitable freine la dynamique de réduction de la pauvreté, et ravive les plaies, encore vives, du génocide.
En raison de son passé de guerrier, Paul Kagame n’a jamais pu rassembler le peuple rwandais, dont beaucoup pensent qu’il est impliqué dans la mort de son prédécesseur, Juvénal Habyarimana. Ayant compris qu’il ne sera jamais accepté par l’ensemble du peuple, Kagame a alors exercé un pouvoir de plus en plus autocratique. C’est connu qu’il ne souffre pas de contradiction.
Le régime Kagame, comme celui de Pravind Jugnauth, s’attaque frontalement aux critiques sur les réseaux sociaux. On retient cette phrase de lui à l’encontre de ses détracteurs sur la Toile : «ils sont près du feu et un jour le feu les brûlera». Aussi, plusieurs journalistes rwandais ont disparu ou sont morts dans des circonstances mystérieuses. Selon Human Rights Watch, les autorités rwandaises sont parmi les plus efficaces dans la censure sur Internet. Plusieurs tactiques sont mises en oeuvre. Certains se sont vu offrir des pots-de-vin pour diffuser des informations qui soutiennent la ligne du gouvernement. Et s’ils refusent de le faire, les menaces suivent rapidement, voire une arrestation, ou pire…
Changement de paradigme depuis ces derniers mois. Washington, DC, après avoir défendu Paul Kagame, a commencé à le lâcher. Ce dernier tente son tour de force avec la communauté du Commonwealth et s’est même réconcilié avec la France, alors qu’il avait interdit l’usage du français au Rwanda. «In the past, the US has ignored human rights groups’ criticism of Kagame on the grounds that he was instrumental in ending the bloody civil war that killed more than 800,000 Rwandans. His defenders in Washington have argued, speciously, that his iron-fisted rule was necessary to keep a lid on ethnic hatreds. But the Biden administration is signaling that Kagame’s free pass has expired and that his actions will be examined more closely. This scrutiny comes at an especially awkward moment for Kagame, who is preparing to host the biennial Commonwealth Heads of Government Meeting next month. This gathering of representatives from 54 countries was meant to be an opportunity for Kagame to flex Rwanda’s soft power as an exception to the political instability and economic decline in East Africa — and to show off his international stature…», fait ressortir le Washington Post, en date du 31 mai dernier. L’expulsion des migrants illégaux du Royaume- Uni vers le Rwanda, défendue par Kagame, ne risque pas d’arranger la situation.
Que retiendra notre Premier ministre de l’image brouillée du président du Rwanda ? Saurat- il faire le tri entre les bonnes choses et les mauvaises… ou sera-t-il conforté dans sa ligne autocratique ?
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