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Lakwizinn : Omerta brisée*
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Lakwizinn : Omerta brisée*
L’ancien CEO de Mauritius Telecom, descendu de son trône, se révèle un Sherry Singh nouveau. Sur Radio Plus hier soir, d’un ton calme et posé, à l’apparence sincère, il a expliqué avoir choisi de démissionner car il aurait refusé d’exécuter une requête antipatriotique du Premier ministre !
Selon Sherry Singh, Pravind Jugnauth l’aurait appelé, il y a quelques semaines, afin qu’il autorise une «3rd party à accéder au trafic Internet» entrant et sortant du pays. Il a parlé de l’installation de «devices» qu’il n’aurait pas permise. Il n’a pas souhaité répondre s’il s’agissait de l’Inde ou d’Israël, malgré l’insistance de notre confrère Nawaz Noorbux, mais il a expliqué que c’était contre l’intérêt national de Maurice.
L’allégation selon laquelle le Premier ministre pourrait mettre en péril les données digitales des Mauriciens est tellement grave que Pravind Jugnauth ne peut plus rester tranquille. Il lui faut rassurer le public et réfuter Sherry Singh sans plus tarder.
On se souvient qu’en mai 2021, le gouvernement, à travers le Consultation Paper de l’ICTA, avait révélé au monde entier son gros potentiel autocratique. «We call on the government and ICTA in particular to retract the consultation paper, which proposes radically disproportionate measures to counter offensive speech on social media and presents a threat to human rights – specifically, the rights to privacy and free expression including press freedom. If it is sincere in its desire to uphold human rights and democratic principles, the government can explore more proportionate and rights-protective measures, appropriate to the context of a free society, for the regulation of illegal conduct on social media», concluent la cinquantaine d’organisations internationales qui condamnaient, sans réserve, l’infâme Consultation Paper on proposed amendments to the ICT Act for regulating the abuse and misuse of social media in Mauritius.
Ce qui préoccupe bien des chercheurs de là-bas ou d’ailleurs, c’est le fait que d’autres pays autocratiques ou en voie d’autocratisation (comme Maurice) pourraient imiter le terrible modèle mauricien. Le problème n’est pas national, mais international. Car quiconque échangerait des correspondances avec des Mauriciens serait concerné par le mécanisme inédit contemplé pour intercepter et stocker les échanges. «It is even more troubling that the Mauritian proposal would enable (…) breaking end-to-end encryption (which) is a threat to cybersecurity and information security, which could expose more data than the proposal contemplates and put the safety of all stakeholders at risk. It must therefore clear the necessity and proportionality test that is recognized internationally as the standard for such measures, and the proposed law does not.»
Face à la levée de boucliers aux niveau national et international, le gouvernement a dû reculer l’an dernier. Mais, un an plus tard, Pravind Jugnauth a-t-il tenté de passer outre le Parlement en faisant appel à Sherry Singh pour déverrouiller l’accès aux échanges – à qui ?! – entre Maurice et le reste du monde…
Il est peut-être trop tôt pour prédire l’avenir politique de Sherry Singh, même si sa sortie de scène au pied de la Telecom Tower, qui relève d’un sens aigu du marketing et de la com, prend des allures prémonitoires. Malgré un script bien ficelé, Sherry Singh a laissé échapper quelques indices : il a dit qu’il faudrait effacer «l’erreur de 2019» et s’est dit prêt à soulever, après avoir écouté le peuple, un «Tsunami» contre Pravind Jugnauth et Lakwizinn 2.0 (qu’il a décomposée, sur un ton guerrier, en citant «Lady Macbeth, Kishen, Dr Joomaye, Ken Arian, Sarah Currimjee, Prakash Maunthrooa, Hans Puttur, Jimmy Appadoo, Bassoo Seetaram et Rakesh Gooljaury»).
Comme réplique semi-officielle du gouvernement, la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, telle la Belle au bois dormant arrachée de son sommeil, a tenté de déstabiliser Sherry Singh en faisant allusion à Duryodhana (NdlR: the villain of the Mahabharata), soit un prince nouveau riche qui aspire à être roi, en piétinant une amitié longue de 15 ans. C’est veule comme argument !
Ceux qui croyaient que Sherry Singh avait démissionné pour protéger le couple Jugnauth ont eu tort. Sherry Singh n’est pas resté tranquille contrairement à Nando Bodha, qui critique sans dossiers, ou Sanjeev Ghurburrun, qui est parti du port pour rester au PMO. Il est encore tôt pour prédire si Sherry Singh réussira à faire tomber le gouvernement mais gageons que le PTr et /ou l’Espoir auront besoin de lui, comme hier le MSM avait besoin de lui…
* Les affiliés mafieux obéissent à un chef et à des lois. Dans leur société, le silence est souvent le maître-mot. L’omerta, ou la loi du silence, permet de ne pas dévoiler plein de choses. Mais attention : l’omerta ne signifie pas une protection aveugle, mais la mise en avant d’une justice «juste», entre l’offenseur et l’offensé. Déroger à la règle du silence est passible de mort pour l’un ou pour l’autre…
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