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8 milliards d’entre nous !

13 juillet 2022, 15:00

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8 milliards d’entre nous !

En novembre de cette année, la population mondiale va atteindre les 8 000 000 000 (huit milliards). Bien évidemment, personne ne sait où naîtra le huit milliardième terrien, mais sa naissance pèsera de tout son poids symbolique. La progression démographique, ces derniers siècles, a été fulgurante après un départ laborieux. Si cela a pris à l’humanité des centaines de milliers d’années pour arriver à un milliard d’entre nous, la taille a augmenté par sept fois en 200 ans ; en 2011, la barre des sept milliards a été franchie. Dix ans plus tard, on était à 7,9 milliards. Nous serons, selon les prévisions onusiennes, 8,5 milliards en 2030, 9,7 milliards en 2050 et 10,9 milliards en 2100. 

Les experts du département des affaires économiques et sociales de l’ONU (UNDESA) constatent que les sentiments sont divisés par rapport aux huit milliards. «Certain·e·s s’émerveilleront des progrès dans la santé qui ont fait augmenter l’espérance de vie, réduit la mortalité maternelle et infantile, et permis le développement de vaccins en un temps record. D’autres feront l’éloge des innovations technologiques qui nous facilitent la vie et nous connectent plus que jamais les un·e·s aux autres. D’autres encore annonceront des progrès en matière d’égalité des genres.» Ce sont des notes de synthèses des différentes conférences sur la démographie et son impact sur le monde. Qui soulignent souvent la dichotomie : la pollution augmente avec la population. Cette perception est renforcée quand des explorateurs comme Jacques Yves Cousteau concluent que la hausse de la population est directement responsable du changement climatique et des dérèglements planétaires. Encore heureux que certains ne commencent pas à prier pour l’avènement d’une autre pandémie pouvant réglementer naturellement le problème de surpopulation… 

Pour ne pas sombrer dans une dépression collective, le département des affaires économiques et sociales de l’ONU prélève des statistiques fines sur différents continents et dans différents pays. Car, primo, la hausse de la population mondiale ne signifie pas que toutes les populations augmentent. Dans beaucoup de cas, tant en Chine qu’en Inde, tout comme à Maurice (voir plus loin), la population est en déclin, car le taux de fertilité n’arrive pas à dépasser le taux de remplacement qui est à 2,1. «Having accurate estimates of population trends and forecasts about future changes also help countries to formulate and implement policies. The pace of growth of global population will continue to decline in the coming decades, with the world population being 20-30 percent larger in 2050 than in 2020», souligne l’UNDESA dans son dernier rapport. 

Elon Musk, parmi les plus riches humains sur terre, estime qu’il ne faut pas s’alarmer du risque de surpeuplement de la planète. Celui qui vient de rompre son alliance avec Twitter, entre autres, parce que le réseau social n’a pas donné le nombre exact de faux profils (qui s’élève, selon lui, à quelque 20 %), argue que «la civilisation humaine s’effondrerait si nous ne faisons pas davantage d’enfants». Selon lui, l’avenir de l’espèce humaine reposerait donc sur la volonté de procréation des jeunes générations. 

En un demi-siècle, le taux de natalité en France, par exemple, est passé de 17,2 (pour 1 000 habitants) à 10,7. Cette tendance se retrouve dans bien d’autres pays, confirme la Banque mondiale. «Il y a une chute exponentielle et continue du taux de naissances à travers le monde depuis 60 ans, avec en moyenne moins de 18 naissances pour 1 000 habitants en 2019 contre une trentaine en 1963.» 

À Maurice, saluons l’initiative de la Mauritius Family Planning & Welfare Association (MFPWA) d’engager une réflexion sur «The Republic of Mauritius, a population of 1.2 million: Regeneration, Resilience and Responsibility», prévue jeudi 14 juillet. 

La double problématique démographique- économique est un enjeu important, surtout pour un petit pays comme le nôtre qui importe pratiquement tous ses produits de consommation courante, du lait aux grains secs en passant par l’huile et les fruits de mer. Dans trois ans, environ 20 % de la population locale aura au moins 65 ans. Cela va impacter de manière conséquente le ratio de dépendance, car il y aura davantage de personnes bénéficiaires de pension que d’employés pouvant financer les plans de retraite. «The proportion of population aged 60 years and over increased from 11.2% in 2010 to 18.3% in 2020; this indicates an increasing number of ageing population (…) With the ever-growing aging population in the Republic of Mauritius, there is the probability that this will be a serious cause of concern as consumption patterns will experience changes. The ability of the government and community to sustain the services and have adequate resources for the families need to be looked into for appropriate measures to be put in place for the future generation», souligne, avec raison, Vidya Charan, Executive Director de la MFPWA. 

Le taux de fertilité, chez nous, est de 1,4 en 2022, une chute de 0,66 par rapport à l’an dernier. «Mauritius is undergoing important demographic changes with a low fertility rate which is below replacement level at 2.1. In 25 years’ time there will be an ageing population of 30% of total population which requires critical thinking, analysis and redefining of birth control programme in the country», rappelle Vidya Charan, qui cite un consensus datant des années 1990, «population is not about numbers but about people». 

Alors que nous nous préparons à franchir la barre des 8 000 000 000, triste est de constater que la famine, les épidémies et la guerre n’ont pas disparu de notre quotidien. Peut-être, comme l’insinue Harari, qu’elles font partie intégrante d’un plan cosmique, et que seule la fin des temps pourrait nous en délivrer ?