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Le «Jacotet Gate» sonne-t-il le glas pour le Premier ministre ?
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Le «Jacotet Gate» sonne-t-il le glas pour le Premier ministre ?
Toutes les réactions enregistrées au lendemain de l’émission de TéléPlus ne vont que dans une direction : est-ce que Pravind Jugnauth a menti ? A-t-il induit le Parlement en erreur ? Par conséquent, a-t-il commis un acte criminel contre notre pays ? Les nouvelles révélations sont trop graves pour que le Premier ministre continue de se contenter de son mantra habituel : «Atann, pli tar zot pou kone.» Les documents brandis par Nawaz Noorbux lors de son émission sont trop sensibles pour que nous acceptions la version donnée par les représentants du gouvernement samedi matin : le ministre Balgobin criant encore une fois «au complot pour déstabiliser un gouvernement», tandis que son camarade Hurreeram s’est voulu défenseur d’un «Premier ministre fort» et de la «discipline légendaire de la famille Jugnauth», avant de se montrer menaçant envers le rédacteur en chef de Radio Plus (Nawaz Noorbux), qu’il accuse d’avoir comploté avec Sherry Singh et Bruneau Laurette !
En s’attaquant à notre confrère du Défi Media Group, qui a animé une excellente émission en fournissant des documents à l’appui, Hurreeram ne fait que confirmer la fragilité de la défense du gouvernement qui n’arrive pas, depuis le début de cette affaire, à donner une version des faits franche et crédible de ce qui s’est passé à Baie-du-Jacotet. En revanche, qu’on apprécie ou pas Sherry Singh, il faut avouer que sa communication, jusqu’ici, semble respecter une ligne de conduite dont l’objectif est d’avancer des pions de manière judicieuse !
D’ailleurs, dès son entrée en matière sur le plateau de Radio Plus vendredi soir, il ne laissa aucun doute sur la tournure qu’allait prendre ses échanges : «Ena enn gran atant du public. Zot nepli anvi trouv nou reye ! Swa nou met goal, swa nou al lakaz !» Une phrase qui en disait long sur son fighting mood (contre un gouvernement, ce qui n’est pas banal !) et qui a suffi pour garder en haleine des milliers d’internautes, avec un pic de l’audimat atteignant 111 000 connexions ce soir-là !
Un chiffre que le pouvoir gagnerait à ne pas minimiser car il témoigne de l’intérêt des Mauriciens, soucieux de savoir si effectivement leur Premier ministre a commis un acte de trahison envers le pays, si Pravind Jugnauth a, de son plein gré, livré notre République à l’Inde avec, en contrepartie, plusieurs échanges de marchandises/services, et si le leader du MSM a donné sa bénédiction à «une invasion technique illégale», pour citer Ashok Radhakissoon intervenant sur le plateau de TéléPlus vendredi soir !
Pour l’heure, la principale défense du MSM, à écouter les diatribes indigestes du tandem Balgobin-Hurreeram samedi matin, se résume au rapport (comportant les preuves de data capture et d’exercice de sniffing) qu’ils tentent de décrédibiliser, allant jusqu’à comparer ce rapport technique à une rédaction d’un enfant !
Sauf que tous leurs arguments ne peuvent escamoter le ressenti de l’ensemble des Mauriciens qui se demandent si l’ancien CTO de Mauritius Telecom a été effectivement contraint de mentir dans une lettre (au lendemain du premier passage de Sherry Singh dans les studios de Radio Plus) où il affirme qu’il n’y avait pas de sniffing, avant de finalement se résoudre à démissionner de son poste, invoquant cette fois ses valeurs : «I am making a choice today to stand by my values and do the right thing. The right thing for me, for my conscience and for the country. I could not carry on like this…» On connaît la suite : le rappel de tous les membres du board de Mauritius Telecom et le fameux rapport qui ressemble à un boulet aux basques du gouvernement.
Il reste, au-delà de la guerre entre le Premier ministre qui s’en tient à une affaire de «survey» et la version de Sherry Singh accusant dès le premier jour le gouvernement mauricien de pratique de sniffing, les questions fondamentales : à quoi a servi cette intervention des Indiens ? Qu’il s’agisse d’un survey ou d’une opération sniffing, dans quel but ces techniciens étaient-ils à Baie-du-Jacotet pendant six heures ? Est-ce que ceux-là ont pris l’avion expressément pour cette intervention en se mettant au service de Maurice ou de l’Inde ? En attendant les prochains/es épisodes/révélations, la question est de savoir si le Jacotet Gate sonne le glas pour le Premier ministre ?
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