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You cannot fool all the people all the time
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You cannot fool all the people all the time
Que l’on parle de ce qui s’est passé à Baie-du-Jacotet ou de ce qui se construit, à hauteur de Rs 8,8 milliards, à Agalega, l’Inde de Narendra Modi demeure durablement au coeur des controverses.
Hier au Parlement, en essayant de faire croire que Xavier- Luc Duval est en train de faire du «India-Bashing» en posant des questions légitimes sur la transformation très secrète d’Agalega, Pravind Jugnauth a laissé échapper : «Au lieu d’être reconnaissant envers l’Inde, regardez le type de commentaires que nous avons.»
Le Premier ministre a ajouté, au sujet du Metro Express : «I must say thanks to the government of India for the network from Port-Louis to Curepipe… they have given us half of the money as grant money… free.»
Cette tentative de communaliser le dossier Agalega, au lieu de jouer la carte de la transparence, alors que cela relève de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté nationale, doit être dénoncée avec force.
Se réfugiant derrière une clause de confidentialité, Pravind Jugnauth non seulement refuse de répondre aux questions du public sur Agalega – ainsi que sur la scandaleuse «data capture» de dix links à Baie-du-Jacotet – mais il essaie de réécrire l’histoire. Pravind Jugnauth ne pipe pas un mot sur la lettre émanant du Sun Trust, écrite en octobre 2014, dans laquelle il affirmait : «Shri Modi Ji, I am privileged to share with you the legitimate concerns of the State and People of Mauritius as regards the signing of a multi-billion rupees contract by the present outgoing Mauritian Government with India’s AFCONS company for a light rail transportation project.»
Dans cette missive, Pravind Jugnauth rappelle que l’Assemblée nationale a été dissoute le 6 octobre 2014, que nous sommes en pleine campagne électorale et que les élections anticipées sont derrière la porte. Et il ajoute ceci : «You will agree with me and with the People of Mauritius that a caretaker and outgoing GM cannot bind our country for such a huge contract for a period spanning over almost half a century. This goes against all principles of good governance and democracy (…) The People of Mauritius appreciates the contribution of India, known here as ‘Mother India’, in the development process of the Mauritian nation.»
On connaît la suite. Lepep des Jugnauth prend le pouvoir en décembre 2014. Sans doute pour notre plus grand malheur !
Le 29 juillet 2016, Pravind Jugnauth bombe le torse et change de discours : «For years, the transport strategy of Mauritius has been disconnected from its urban and rural planning strategy. In fact, the current transportation system is a major source of pressure on our towns and villages. The building of new roads is not in itself a solution to the traffic jam. It has become manifestly clear that a holistic and coherent urban planning and development strategy is imperative. What Mauritius needs is an affordable new mass transit system along with a network of modern integrated urban terminals (…) Such a project will be a game changer, as it will totally redesign our towns, create new growth poles around the terminals, drastically reduce the commuting time for our citizens, raise productivity, eliminate the inconvenience of traffic congestion, save on our petroleum import bills and significantly cut down pollution. We certainly cannot deny our citizens and future generations the benefits of such a project.»
Outre le nom qui a changé, en quoi ce projet diffère-t-il de celui de l’ancien régime ? Pourquoi a-t-on perdu autant de temps ?
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Pour revenir à Agalega, n’oublions pas qu’en 2018, la ministre des Affaires étrangères de la Grande péninsule, Sushma Swaraj, de passage chez nous, aurait laissé entendre au leader de l’opposition (Xavier-Luc Duval) que ce n’est pas l’Inde, mais Maurice qui garde des secrets. «Je lui ai fait part de notre difficulté pour avoir des informations sur des contrats. En tant qu’ancienne leader de l’opposition, elle comprend notre position», confiait Duval. Mais, hier au Parlement, Pravind Jugnauth a dit qu’il ne savait que Mme Swaraj, décédée le 6 août 2019, avait dit cela, alors que la presse en a parlé, plus d’une fois.
Tout cela pourrait laisser comprendre que le gouvernement mauricien joue les cachottiers. Avec un tel gouvernement, il est tout à fait normal que les Mauriciens questionnent le pourquoi de la construction d’une piste d’atterrissage de 3 km et d’une jetée très profonde à Agalega par l’Inde. Est-ce un projet militaire, comme nous l’affirment nos confrères indiens, qui sont mieux renseignés que nous sur la question ? Les différentes questions au Parlement sont restées sans réponse. Avant Pravind Jugnauth, l’ancien ministre des Collectivités locales, Mahen Jhugroo, tout comme son successeur, Fazila Jeewa-Daureeawoo, avaient maintenu qu’il y a une clause de confidentialité empêchant que l’accord soit rendu public ! Clairement Jugnauth ne veut pas que l’on sache ce qui a été conclu entre les gouvernements indien et mauricien…
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Et alors qu’il y avait plusieurs questions parlementaires hier sur le sniffing-gate, le Premier ministre, visiblement désespéré, a eu l’inélégance de mêler la discrète Veena Ramgoolam – qui ne s’immisçait jamais dans la cuisine interne du pays quand son époux était PM – à l’actualité politique. Encore une diversion après l’épisode Manz bondié, kaka diab et le challenge du ministre Hurreeram à notre confrère Nawaz Noorbux (celui-ci a déjà accepté de venir dans nos locaux, mais le ministre, à l’image de son Premier ministre, essaie de «buy time»).
À l’Assemblée nationale hier, les députés travaillistes sont tombés dans le piège et ont perdu leur sang-froid. Le temps imparti aux questions cruciales sur Baie-du-Jacotet a ainsi été gaspillé et des membres de l’opposition et la séance ont été suspendus. Un gâchis !
Jusqu’à quand ce gouvernement va taire les faits qu’indirectement ou directement les anciens CEO et CTO de Mauritius Telecom, l’opposition réunifiée, la presse mauricienne et indienne, la société civile, les internautes font remonter à la surface quotidiennement ! Les secrets d’État et les mensonges du gouvernement ont une limite. Ils doivent, tôt ou tard, s’incliner face à l’opinion publique, surtout quand elle est éclairée, comme, ici, dans le cas du Watergate mauricien, dont nous n’avons pas encore tout vu et entendu. Et pour Agalega, on verra bien en 2023, une fois les travaux complétés, le type d’avions et de sous-marins qui viendront nous rendre visite. Au moins, Boris Johnson, lui, a finalement compris qu’un Prime Minister can fool all the people some of the time, and some of the people all the time, but you cannot fool all the people all the time!
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