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L'insoutenable légèreté du Premier ministre !
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L'insoutenable légèreté du Premier ministre !
S’il est vrai que la politique est l’art de mentir à propos, le Premier ministre illustre un personnage médiocre, tant il s’égare pathétiquement avec ses versions contradictoires ! Encore une fois, il aura fallu attendre de longs jours – alors que des nouveaux rapports faisant état de data capture et des images de l’intervention des techniciens avaient été révélés publiquement depuis le vendredi 22 juillet – pour que Pravind Jugnauth se décide finalement à réagir en s'adressant à la nation !
Aura-t-on déjà vu un objectif clairement énoncé jamais atteint ? Alors que le Premier ministre affirme être venu, en ce soir du mercredi 27 juillet, rassurer le public, il n’aura réussi, encore une fois, qu’à provoquer l’indignation populaire en s’abritant derrière l’argument de sécurité nationale, faisant ressortir qu’il avait reçu certaines informations sur la sécurité de nos télécommunications. C’est ce qui l’aurait décidé (on notera que plusieurs mois se sont écoulés entre-temps et que des cyber attaques auraient pu avoir lieu !) à commander un survey auprès des techniciens recommandés par le gouvernement indien !
Pravind Jugnauth tente-t-il de mettre fin à certaines spéculations en laissant ainsi comprendre que l’exercice de Baie-du-Jacotet a eu lieu à l’initiative du gouvernement mauricien et non le contraire ? La fragilité des arguments avancés par le leader du MSM, sa ligne de défense ne reposant que sur la démagogie de ses adversaires, ces «assoiffés du pouvoir» voulant créer du «désordre» ne peuvent convaincre que les centaines de partisans à qui il s’adressait le même jour à Moka, dans sa circonscription ! Mais il n’aura pu confondre la majorité des Mauriciens qui ne s’attendent pas à ce que le Premier ministre insulte leur intelligence et les prenne pour des imbéciles !
Parce que c’est ce que le chef du gouvernement a essayé de faire, en balayant, sans explication, d’un revers de main, les accusations de trahison faites contre lui, tout en affirmant que ceux qui les font traînent notre pays dans la boue, gâchent son image, alors que lui respecte la démocratie et les institutions !
Serait-ce un joke au-delà de l’insoutenable légèreté de sa défense ? Le Premier ministre croit-il vraiment qu’il est crédible en affirmant qu’il respecte les institutions – qu’il a cadenassées à double tour –alors que, semaine après semaine, l’on assiste au bâillonnement du Parlement avec le soutien de son cerbère faisant office de Speaker ?
La méprisable scène de cette semaine avec Pravind Jugnauth révélant que c’est l’épouse de Ramgoolam qui l’avait appelé – information démentie, le leader du PTr affirmant que c’était plutôt le contraire – et toute la pagaille qui a suivi, entraînant une nouvelle fois des expulsions des députés de l’opposition, est indigne d’un chef qui n’hésite pas à tomber dans une certaine bassesse !
Pourtant, au lieu de choisir cette direction honteuse, le chef du gouvernement aurait pu éclairer l’opinion publique en répondant aux questions du leader de l’opposition qui lui demandait ce jour-là des précisions sur les infrastructures construites à Agalega. Sauf que, comme d’habitude, le Premier ministre s’est réfugié derrière la clause de confidentialité, refusant ainsi de jouer la carte de la transparence sur la tutelle d’un territoire appartenant à Maurice, mais qu’il semble confondre avec Angus Road ! Le chef du gouvernement croit-il que l’archipel fait partie de sa propriété personnelle ?
En agissant ainsi, le Premier ministre laisse planer le flou, pratique une politique du déni, refuse de voir ce qu’Agalega est devenu et favorise également toutes les analyses légitimes autour du contrat opaque qui semble nous lier pour de futures longues années à l’Inde, dont la générosité n’aura d’égale qu’une grande influence sur la politique intérieure de notre pays !
La lecture de l’historien Jocelyn Chan Low (l’express du 28 juillet) illustre ce que nombre d’observateurs pensent : «Le pays qui a investi énormément (…) pourra faire tout pour empêcher un changement de gouvernement (…)» ; «C’est pourquoi on verra des ingérences dans les affaires internes du pays-cible dans le but de maintenir au pouvoir un gouvernement en sa faveur…» L’ancien secrétaire aux Affaires étrangères, Vijay Makhan, faisait ressortir, dans le même article, ne pas croire que «l’Inde ait investi tous ces milliards sans aucune garantie à long terme».
Agalega ou l’émergence d’un nouveau Chagos, comme le répètent depuis longtemps de nombreuses voix ? «Li kapav vinn enn zone balnéaire», s’est défendu le ministre Hurreeram, parti sur Top FM pour faire le procès de l’ex-CEO de Mauritius Telecom, qui aurait «livré nou pei à Huawei», fournisseur devenant désormais la cible du gouvernement ! Et ainsi se présentera la nouvelle ligne de défense du MSM envers l'ennemi Sherry Singh qui aurait favorisé la société chinoise !
En attendant, interdiction de poser toute question relative à l’infini pouvoir qu’exerce l’Inde sur notre pays. Ce ne serait ni plus ni moins que du «India bashing» !
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