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Sherry Singh a failli de peu… devenir l’aspirant PM fédérateur
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Sherry Singh a failli de peu… devenir l’aspirant PM fédérateur
Sans la perspicacité inégalable de Paul Bérenger, leader historique du MMM et l’homme politique le plus aguerri du pays, Sherry Singh serait devenu le premier-ministrable le plus rassembleur et le plus fédérateur de toutes les oppositions combinées de Maurice.
En effet, le lundi 1er août, soit un mois après sa démission comme grand patron de Mauritius Telecom et chef en vue de ce qu’on a appelé Lakwizinn, Sherry Singh s’était lancé dans une véritable opération de conquête de tous les partis et groupuscules de l’opposition. En effet, en se présentant comme l’homme capable de parler à tous les dirigeants politiques, aux ONG et à ce qu’il a lui-même décrit comme la «société civile», Sherry Singh s’était lancé dans une stratégie – brillante sur papier – de rassemblement et de regroupement de tout le monde avec lui-même comme l’élément commun et unificateur.
De cette position, Sherry Singh dépassait largement en envergure les trois dirigeants principaux de l’opposition, à savoir Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval. Son champ d’action dépassait de loin les territoires définis de ces trois leaders car il allait plus loin encore en prétendant pouvoir parler aux ONG et à la société civile.
Retenez bien le concept de société civile. Selon une définition tirée du web, société civile veut dire «l’ensemble des acteurs, des associations, des organisations, des mouvements, des lobbies, des groupes d’intérêts, des think tanks, etc., plus ou moins formels, qui ont un caractère non gouvernemental et non lucratif.» *
Voilà l’étendue du vaste territoire mauricien que ce descendant de maharaja indien – du moins, ce qu’il prétend être – voulait conquérir. Sherry Singh fut stoppé net dans la charge de sa cavalerie rajput par Paul Bérenger. En effet, disposant d’un flair et d’une acuité que seul un vieux guerrier pourrait déployer, Paul Bérenger, le lundi 1er aout, a même désarçonné l’ambitieux guerrier indien en refusant de le recevoir.
Pourtant, se croyant déjà en territoire conquis, Sherry Singh avait déjà décidé de l’agenda de Paul Bérenger, en affirmant qu’il allait le rencontrer dans l’après-midi du lundi 1er août historique, sinon le lendemain matin. En effet, avec tout le matraquage anti-Sherry Singh lancé dans les médias indiens, il aurait été suicidaire pour Paul Bérenger de se parader pour une séance photos en compagnie de Sherry Singh, encore moins le bénir comme fédérateur et rassembleur.
Pourtant, les calculs de Sherry Singh ne manquaient pas de sagacité. En se faisant si largement accepter par la classe politique, les ONG et la société civile, il croyait dépasser en rayonnement Navin Ramgoolam, qui est vu comme le seul leader crédible et suffisamment armé pouvant mettre fin au règne Jugnauth. En érigeant Bruneau Laurette au même rang de grand leader que Ramgoolam, Bérenger et Duval, il amenait les leaders du MMM et du PMSD à reconnaître implicitement qu’une partie de leur territoire a été conquise par cet activiste tombé du ciel il y a deux ans.
Ce facteur Laurette pourrait constituer une carte maîtresse aux mains de tous ceux qui chercheraient à nuire davantage au MMM et au PMSD. Les élections de 2019 ont amplement prouvé que le MMM ne serait en mesure que de remporter des sièges dans un nombre limité de circonscriptions tout en perdant «la caution» dans les régions rurales. Quant au PMSD, on s’interroge sur sa capacité de remporter seul des sièges dans les villes comme dans les villages.
L’élément Laurette pourrait bien compromettre les chances électorales du MMM et du PMSD. Sherry Singh entendait-il installer une cinquième colonne dans les rangs de l’opposition ? Après Ivan Collendavelloo et Steve Obeegadoo, Bruneau Laurette se présenterait comme l’allié objectif le plus payant pour le clan Jugnauth. Il rassure les chatwa dans leur soutien au «piti-la» tout en divisant davantage un segment de la population hostile au MSM. Mais dans une stratégie de conquête de pouvoir, Bruneau Laurette s’avèrerait le meilleur atout de Sherry Singh et pas seulement au niveau de son maquillage.
Dans les jours et semaines à venir, il serait intéressant de voir comment les Mauriciens réagiraient face à la stratégie politique de Sherry Singh. Il est vrai qu’il jouit d’un élan de soutien en raison de la controverse d’India-bashing qui entoure sa démission et ses prises de position subséquentes. Mais va-ton abandonner le MMM et le PMSD pour chérir Sherry ? Serait-il adulé dans les circonscriptions rurales en raison de ses origines royales et vu comme un raja Rama venu vaincre le Rawan Jugnauth ou le Rawan Ramgoolam? Ou finira-t-il par devenir le raja Jayachandra Rathod, popularisé à Maurice comme Jaichand par ceux qui s’en prenaient aux «traîtres» hindous qui soutenaient le MMM dans la grande guerre de 1982-83 ?
* https://www.toupie.org/Dictionnaire/Societe_civile.htm
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