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Les idées avant les hommes et la police
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Les idées avant les hommes et la police
Aux nombreux congrès qui célèbrent – bien bien en avance – les 40 ans du MSM, tout ce qu’on entend, hormis des cris de putois, c’est que le pays progresse (en quels termes économiques ou démocratiques ?), que le gouvernement est le meilleur qui a existé parce qu’il a dû gérer (un bien grand mot par rapport aux nombreux ratés) le Covid-19, la fermeture des frontières, le transfert des milliards de la BoM aux Finances, la marée noire provoquée par le Wakashio, etc. Du côté des oppositions éclatées, en mode de décomposition-recomposition, c’est le contraire qui est mis en exergue : Pravind Jugnauth doit démissionner, l’économie pique du nez, le pays est une autocratie, la police est une arme politicienne qui persécute les opposants, Kenny Dhunoo doit s’en aller avec Ken Arian, le prix des carburants doit baisser.
Dans une interview accordée à l’express en 2016, notre compatriote Sudhir Hazareesingh (professeur d’université à Oxford et auteur du fameux essai sur la France «Ce pays qui aime les idées») postule que même si le débat d’idées en France structure la société beaucoup plus qu’ailleurs, le grand échec de ce pays, c’est de n’avoir pas su contrer la montée en puissance du Front national en particulier et du populisme en général. «C’est navrant pour le pays de la tradition dreyfusarde. C’est une constante depuis les années 80 : on a systématiquement sous-estimé le Front national (...) on part de l’idée que la France est le pays de la Révolution et des droits de l’homme. Donc, dans ce pays-là, le Front national ne peut être qu’un phénomène éphémère. Donc, on n’a pas besoin d’y réfléchir…»
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À Maurice, il y a des radicaux comme les Le Pen qui se cachent sous des costumes de démocrates et de socialistes – ou les deux à la fois. En dehors des structures mises en place par les politiciens traditionnels, il nous faut, sans plus tarder, favoriser un lieu de production et d’échange d’idées neuves. On doit cultiver des liens entre tous ceux qui croient en la force des idées comme moteur de l’activité humaine. La vie intellectuelle a connu une mutation avec le temps et l’Internet. Cette logique d’échanges et de confrontations de réflexions doit être organisée et amplifiée – afin que les idées prennent le dessus sur les partis et les hommes qui sont à leur tête.
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L’universitaire Edward Said mettait souvent en avant que la mission des intellectuels est de «break down the stereotypes and reductive categories that are so limiting to human thought and communication». Noam Chomsky, autre activiste de la pensée sociale, avance, sans détour : «It is the responsibility of intellectuals to speak the truth and to expose lies.» Comme Jean-Marie Cavada insistait, il y a quelques années lors d’une visite à l’express, la politique doit être l’affaire de toutes et de tous les citoyen(ne)s. Il faut s’en mêler même si c’est sale et dénoncer tous ces politiciens qui ont pris le système en otage, qui ont fait de la politique locale leurs fonds de commerce (en ne laissant même pas les miettes de biscuits aux autres).
Si nous avons peur d’affronter nos démons, inspirons-nous des meilleures pratiques d’ailleurs pour moraliser la vie publique. Interdiction devrait être faite aux politiciens d’employer des collaborateurs familiaux (conjoints, enfants, neveux, beaux-frères, etc.)
Pour changer la donne, non seulement il nous faut légiférer et réformer le système électoral, diminuer le pouvoir du Premier ministre qui ne pourra pas cumuler plus de deux mandats, repenser le financement politique, aller plus loin qu’une Freedom of Information Act afin que le gouvernement soit transparent et redevable non seulement vis-à-vis de la presse mais de l’ensemble des citoyens.
P. S : La police, garant soi-disant de notre sécurité, pourrait facilement piéger n’importe quel Mauricien si les méthodes barbares, utilisées vendredi, par la Special Striking Team, pour rentrer chez la compagne de l’avocat Akil Bissessur, ne sont pas condamnées par la population ! Pour avoir été personnellement victime de deux perquisitions policières à ma résidence, je peux vous dire que la police a franchi un cap cette fois-ci, utilisant des méthodes mafieuses qu’on n’avait pas encore vues jusqu’ici… Même si Pravind Jugnauth avait lancé la menace.
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