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La folie des uns, la foi des autres

21 août 2022, 13:15

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Nonobstant le fait qu’Aung San Suu Kyi, la grande gagnante des élections de fin 2020 au Myanmar, aux dépens des candidats favorisés par l’armée, ait été «évacuée» du pouvoir après un putsch en février 2021, elle a, cette semaine, écopé de six ans de prison de plus. Cette fois-ci pour «corruption». Elle a déjà été condamnée à 11 ans de prison jusqu’ici pour incitation contre les militaires, non-respect des protocoles de Covid et utilisation illégale de talkies-walkies. Elle a 77 ans, sans blague ! Les militaires au pouvoir qui gouvernent sous l’état d’urgence souhaitent, c’est sérieux, légitimer leur pouvoir par les urnes l’année prochaine et vont organiser pour cela des élections «libres», dont le résultat n’est, apparemment, pas encore connu. Pour bonne mesure et par précaution, les autorités actuelles du pays ont prévenu que le parti d’Aung San Suu Kyi serait probablement interdit avant la tenue de ces élections…

 

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Le Mali accuse la France d’avoir aidé et même outillé les djihadistes que la France était, elle-même, supposée aider à maîtriser ! Cette accusation est faite dans un courrier aux Nations unies le 15 août, soit le jour même où l’armée française a été sommée de terminer l’évacuation du pays et précise que, parmi de nombreux «actes d’agression», la France aurait violé l’espace aérien malien plus de 50 fois cette année, au motif de «fournir des informations aux djihadistes et permettre de leur acheminer armes et munitions». On a bien vu, dans le passé, les Américains soutenir les talibans contre les Russes en Afghanistan pour, plus tard, les combattre, mais si les accusations des militaires maliens sont vraies, il faudrait se résoudre à croire que ce serait pour punir le gouvernement malien qui les met à la porte au profit des brigades russes Wagner. Ce qui relèverait de la folie pure vu que les Français devront éventuellement confronter ces mêmes djihadistes de leurs bases voisines au Burkina Faso, au Bénin et au Niger.

Remarquez que Wagner a déjà composé un «lied»’ pour Méphistophélès dans le Faust de Goethe. C’était alors en 1831.

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Aux États-Unis, Liz Cheney, une des rares parmi les représentants du parti républicain à avoir eu le courage de dénoncer «the Big Lie» de Donald Trump, a été battue, comme prévu, dans une élection primaire au Wyoming. L’ex-président Trump qui maintient, sans preuve et jusqu’aujourd’hui, que les dernières élections présidentielles ont été «volées» par les démocrates, alors que c’est luimême qui a essayé de le faire, notamment avec ses listes «alternatives» de grands électeurs, voit, dans cette primaire, un triomphe. Le sien ! Il y a cependant un prix à payer pour sa folle insistance à désavouer la démocratie américaine : si un nombre effrayant de républicains adhèrent encore à ses folles prétentions, de plus en plus d’entre eux n’en peuvent plus de l’avaler et désertent.

Ainsi, un sondage publié par Fox News donne à réfléchir. Entre mai et juillet*, les démocrates engrangent 7 % de plus d’intentions de vote favorable, alors même qu’encore plus de ceux qui sont sondés disent que le pays va dans «la mauvaise direction», soit, à ce stade, 75 %. Cela suggère fortement que la «mauvaise direction» n’est pas prise par le seul gouvernement, notamment avec l’inflation, mais aussi par les républicains. L’attitude jusqu’au-boutiste des trumpistes sur le contrôle des armes, après le carnage d’Uvalde, au Texas (19 élèves et deux profs tués) et des jugements rétrogrades de la Cour suprême largement recomposée par Trump, a aussi des conséquences sur l’opinion publique. En effet, si les parents américains favorisaient les républicains par 45 à 39 % en mai, la situation a évolué de +17 % en faveur des démocrates qui sont choisis, en juillet, par 46 % des sondés, contre 35 % pour les républicains. Heureusement pour les républicains qu’on divorce ! L’autre sujet qui divise et qui fâche c’est le droit à l’avortement, qui devrait aider les démocrates à convaincre la majorité des indépendants et même quelques républicains réalistes ; comme démontré par la victoire du «pro-choice» dans un récent référendum dans un Kansas pourtant très conservateur.

Le problème du trumpisme c’est qu’il est tellement strident et extrême qu’il divise de manière tranchée et finalement irréconciliable. Les républicains feraient bien de s’inquiéter des 29 % d’électeurs du Wyoming qui auront voté pour Cheney. Ils en ont peut-être tellement marre de Trump qu’ils sont potentiellement irrécupérables… sauf de l’autre côté !

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Un parti politique qui promet une Freedom of Information Act pour chatouiller les électeurs, affiner ses galons de «démocrate» et gagner des votes mais qui, une fois au pouvoir voit les fermes avantages de ne pas voter cette loi, de maintenir le secret et l’opacité et de traiter l’électorat comme des demeurés, dans le dos desquels le pouvoir peut décider ce qu’il veut, on connaît ça ! Il y a d’abord eu Ramgoolam, il y a ensuite eu, sur le mode presque inévitable de «banla pa ti fer parey zot?», Jugnauth. Le principe qu’un gouvernement doit être transparent et rendre des comptes précis et complets sur sa gestion des affaires publiques, selon son mandat électoral – qui n’est, après tout, que délégué par l’électorat – ne semble pas particulièrement intéresser ceux qui sont au pouvoir. Cependant, Linion Pep Morisien a le mérite d’avoir plus fortement cristallisé ses convictions en proposant un projet de loi déjà écrit, dans le détail, dès maintenant, ce qui permet aux citoyens d’en discuter et de faire des suggestions démocratiquement.

Il faudra, cependant, les mettre au pouvoir pour voir si, eux au moins, respecteront leurs promesses ou si cette folie particulière va continuer.

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Il est pour le moins amusant de constater que la dernière des fusées construites par la NASA, soit Artémis, qui va retourner dans l’atmosphère terrestre a plus de 24 500 mph (mach 32) en octobre prochain, a fait les 7 kilomètres qui la séparaient de sa rampe de lancement à une vitesse de pointe de 1 kilomètre par… heure.

Mais la folie consiste à avoir dépensé jusqu’ici plus de 20 milliards de dollars sur ce programme qui va simplement ramener l’homme sur la Lune dans une colonie qui permettra d’affiner ce qui sera nécessaire pour éventuellement coloniser… Mars ! Or, à quoi cela sert de coloniser la planète rouge dont on ne sait même pas si on peut y trouver de l’eau – condition pourtant sine qua non pour abreuver les astronautes, mais aussi (et surtout) pour en extraire de l’hydrogène comme source d’énergie. De plus, Artémis va coûter un milliard de dollars de plus pour chaque nouveau lancement et n’est même pas réutilisable comme les fusées SpaceX d’Elon Musk, du moins pas avant 2025/6…

Après tout, avec 20 milliards de dollars, on pourrait se permettre… 67 petites folies comme le métro Réduit – Côte-d’Or de 300 millions !

Ça vous parle mieux ?

(*)Les audiences du comité du 6 janvier 2021 débutent le 9 juin 2022.