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Ayons pitié de nous

27 août 2022, 10:00

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Ayons pitié d’un pays dont le peuple est surtout constitué de moutons. Et dont les bergers les mènent à l’abattoir, à leur perte. Ayons pitié d’une nation dont les dirigeants sont des menteurs, et dont les intellectuels restent largement silencieux, et dont les fanatiques ou chatwas (bigots en anglais) occupent les ondes (de la télévision-paillasson).

Ayons pitié d’une nation qui n’arrive pas à se faire entendre et qui se voit contrainte d’applaudir ceux-là mêmes qui les font souffrir et qui les dirigent en utilisant la force (de l’argent) et la torture (avec ou sans ‘taser’). Ayons pitié d’une nation qui ne carbure plus qu’à l’argent et qui laisse ses droits s’éroder et ses libertés s’évaporer.

Ces mots, traduits de l’américain, sont ceux de l’un des plus grands écrivains : Lawrence Ferlinghetti (qui a écrit presque sans arrêt jusqu’à l’âge de 100 ans). Ils s’appliquent parfaitement à notre situation insulaire en cette année 2022.

Les meetings politiques du Premier ministre – au lieu de répondre aux nombreuses interrogations du public par rapport au coût de la vie, au sniffing-gate, à l’assassinat de Kistnen, à la démocratie qui s’étiole et à l’économie qui s’endette encore plus avec les 300 millions de dollars de Mother India – sont devenus un règlement de comptes avec son ancien conseiller et ami Sherry Singh. Il accuse la femme de celui-ci d’avoir utilisé de l’argent sale pour acheter le bâtiment de sa femme à lui et de son beau-frère ! Mais ne sait-il pas que c’est un crime selon les Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Regulations que d’accepter de l’argent sale ?!

Les accusations contre le «Maharajah» laissent comprendre que le PM s’immisce dans les dossiers des institutions comme la MRA, la FIU et l’ICAC. Celles contre Akil Bissessur, alors que l’enquête policière se poursuit et que le tribunal siège toujours, démontrent que Pravind Jugnauth s’ingère dans les dossiers du CCID et de l’ADSU. En attendant pas un mot sur les luttes intestines au PMO entre les Prakash Maunthrooa, Ken Arian et Sanjiv Ghurburrun. La guerre au cœur du pouvoir doit rester secrète, car trop sale, si l’on en croit ceux qui se sont échappés du Trésor.

Ferlinghetti est devenu un symbole de la défense du droit à la liberté d’expression. Outre ses propres écrits, il a aussi publié des recueils de poésie de Gregory Corso, Jacques Prévert, Frank O’Hara, Pablo Picasso, Jack Kerouac, Pier Paolo Pasolini et tant d’autres, grâce à sa librairie City Lights, qui demeure toujours en activité à San Francisco.

Comme Etienne de la Boétie (auteur du Discours de la servitude volontaire), bien avant lui, Ferlinghetti remet en cause la légitimité des puissants qui nous imposent des discours qui masquent la vérité. Selon eux, la domination de certains hommes bien nés sur le reste du peuple ne repose sur rien de légitime, car le jeu est vicié. Analysant la relation dominant/dominé, ils sont d’avis que «la puissance du tyran repose exclusivement sur le consentement populaire; une fois que le peuple refuse cette puissance, le pouvoir du tyran s’écroule…»

Aurons-nous suffisamment pitié de nous et de nos enfants pour faire descendre le prince de son trône ? Ou allons-nous continuer à subir le «divide and rule» d’inspiration coloniale ? Notre destin, n’est-il pas entre nos mains…Est-ce si difficile de mettre le pays et la nation en avant afin de corriger une Constitution et des politiciens qui nous maintiennent en arrière ?