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Dangereux voyeurisme
Déjà pointée du doigt par rapport à la vidéo, largement éditée avant d’être fuitée dans la presse orange de propagande, de la «saisie» de drogue à Palma, la police descend encore d’un cran. Cette affaire rocambolesque ressemble de plus en plus à un règlement de comptes de la police, plus précisément d’un groupuscule au sein de la police, envers un adversaire du pouvoir. Sinon, pourquoi Pravind Jugnauth en a fait l’un de ses thèmes centraux lors de ses congrès-meetings abusivement médiatisés par la MBC ? Est-ce une mise en garde à ceux qui ne courbent pas devant lui et son régime ?
Les images intimes et personnelles d’Akil Bissessur et de sa compagne, qui se trouvaient tranquillement sur le portable de celle-ci, portable qui était en possession de la police, font depuis quelques jours le tour des réseaux sociaux. Dans une plainte au CCID, Sweety Moheeputh affirme que la police avait pris son téléphone comme «exhibit». Mais «exhibit» signifie «documentary evidence» et non pas exhibitionnisme ou voyeurisme. Après le vol des images du couple et le viol de leur intimité, qui voudrait bien remettre son portable à la police désormais ? Vous ? Quant à nous, nous avons toujours refusé de céder nos portables aux policiers, au nom du sacro-saint principe de la confidentialité des sources. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il nous faut aussi protéger ceux qu’on aime des voyeurs en uniforme ou en civil.
Après les scènes de torture, filmées par des policiers pour se vanter de leurs prouesses sadiques entre eux, sauf que rien ne reste vraiment secret, les images de la compagne d’un adversaire du pouvoir qu’on fait fuiter pour nuire tendent à confirmer que de plus en plus de policiers n’ont plus de respect pour les citoyens, ni pour les lois de la République qui protègent la vie privée de tout un chacun. Ces policiers méritent d’être derrière les barreaux. Ils ne défendent plus les contribuables (qui financent aussi leurs conneries et leur incompétence), ils ne servent plus l’intérêt public, mais sont au service de forces occultes et antirépublicaines.
En sus de fournir des éléments d’enquêtes au PMO – afin de fabriquer les histoires souvent vulgaires de Pravind Jugnauth pour ses congrès-meetings – les brebis galeuses de la police déposent maintenant des plaintes auprès de leurs propres collègues contre la société civile. C’est une démarche dangereuse car elle va accentuer le manque de confiance du public en la police et son commissaire qui, veut-il faire croire, n’avait pas encore vu les vidéos du couple vedette, tout comme les Casernes ne savaient pas, avant la pression populaire, qui étaient les policiers accusés de torture.
Pour rétablir son image, la police doit immédiatement cesser de se plier aux ordres des politiciens. Elle doit redevenir indépendante. Mais cela ne se fera pas avec les politiciens actuels qui profitent d’elle pour avancer leurs pions. Cela se fera avec l’aide de la société civile. Le respect envers la police pourrait s’ensuivre si la manière d’agir ou de parler des policiers évolue positivement. La mafia qui s’est infiltrée aux Casernes centrales avec la complicité des politiques doit être éradiquée. Sinon le pays pourrait s’embraser, une fois encore à cause de la police ! Et nos sapeurs-pompiers, trop peu nombreux, n’y pourront rien…
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