Il est plus qu’évident qu’un Muslim Desk a été aménagé au Sun Trust et ce n’est pas le fait du hasard que le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), a subitement réalisé qu’il a fréquenté l’école de Quinze-Cantons dans son enfance.

Le récent ‘achat’ de Sheik Mukhtar Hossenbaccus après le retour en force de la pimpante, photogénique et énergique Roubina Jadoo-Jaunbocus dans les instances du MSM prouvent clairement que ce desk est bien actif, huilé qu’il est aussi par le généreux Rakesh Gooljaury qui comptait déjà un oumrah (petit pèlerinage en Arabie saoudite) à son actif alors qu’il était au service de Navin Ramgoolam. Et très probablement aussi par un roi du gambling.

Deux facteurs principaux expliquent le pourquoi de cette mise en branle de l’opération de ‘Muslim-s…’ après des décennies de ‘Muslimbashing’. Tout d’abord, le MSM cherche à se donner une bonne fighting chance si jamais des élections municipales sont organisées. Puisqu’un regroupement de toutes les forces de l’opposition s’avère de plus en plus difficile, le MSM entend compter sur le soutien de ses fidèles mais aussi d’une partie de l’électorat musulman afin de remporter des sièges dans les cinq municipalités du pays. Loin de vouloir se faire soutenir par la majorité de cette communauté, le MSM se contenterait d’un apport en termes de quelques centaines de voix dans les villes du pays.

L’objectif principal de l’opération Muslim-s… du MSM vise surtout à affaiblir la base personnelle de Navin Ramgoolam. En effet, de 2005 à 2019, Navin Ramgoolam a bénéficié d’un soutien conséquent de cet électorat. Ce qui explique la performance des Travaillistes dans les villes, à Port-Louis notamment.

Pour avoir passé son enfance et son adolescence à Plaine-Verte et compte tenu du soutien qu’apportèrent des commerçants de Port-Louis dans le financement des études en médecine de Seewoosagur Ramgoolam, le fils Navin a bénéficié d’un goodwill certain dans cette section de la population qui le démarque des autres politiciens. Parmi ceux qui aidèrent l’étudiant Ramgoolam à Londres, le grand-père maternel de Dawood Rawat.

D’ailleurs, en présentant le Dr Rashid Beebeejaun comme son vice-Premier ministre en 2005, Navin Ramgoolam réalisa l’un des plus grands coups politiques dans l’histoire du pays. En sus d’être une personnalité très respectée avec un ancrage rural évident et un professionnel de grande classe, ce Beebeejaun se trouve être le beau-frère de Dawood Rawat…

La politique de ‘démocratisation’ de l’économie pratiquée par Navin Ramgoolam depuis 2005 et la montée en force du groupe British-American de Dawood Rawat devaient changer la donne, ce qui consolida davantage le soutien obtenu par les Rouges dans cet électorat maintenant courtisé par le MSM. Evidemment, en démantelant le groupe British American avec sa banque, sa compagnie d’assurance, sa clinique high-tech, son dealership de plusieurs marques de véhicules et ses magasins Mammouth, le MSM d’Anerood Jugnauth fortement soutenu dans cette œuvre de destruction par Roshi Bhadain et Vishnu Lutchmeenaraidoo, portait le coup le plus meurtrier dans une stratégie de Muslim-bashing initiée en 1983.

Une tâche herculéenne attend PKJ dans sa démarche de conquérir cette partie de l’électorat. C’est tout à son honneur qu’il se démarque des réflexes conditionnés de son papa. Mais puisque 1000 Sheik Mukhtar Hossenbaccus, malgré son gabarit, ne suffiraient pas à faire un Dawood Rawat, il faudrait bien que PKJ commence par exprimer ses sincères regrets pour le démantèlement brutal du groupe BAI et le vol de ses avoirs. Et il n’est pas trop tard pour réparer, autant que possible, les pénibles et douloureux dégâts engendrés par cette tragédie politiquement orchestrée.