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L’autonomie selon Antoinette Prudence
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L’autonomie selon Antoinette Prudence
Sa vie, hélas trop courte, devrait inspirer plus d’un politicien. Antoinette Prudence était le contraire même de ce que sont la plupart de nos politiciens. Elle aimait servir ses frères et sœurs rodriguais mais abhorrait se servir.
Antoinette Prudence prenait très sérieusement son rôle au sein du High Powered Committee sur la réforme des collectivités locales afin précisément de décentraliser le pouvoir de Port-Louis. Elle avait du reste accompagné l’ex-juge (feu) Robert Ahnee à Trinitéet-Tobago pour aider à fignoler l’autonomie de Rodrigues et mettre en place une Assemblée régionale qui pourrait assumer ses choix, indépendamment du pouvoir en place.
Lors de ses discussions avec les journalistes et la société civile, Antoinette Prudence insistait sur le terme «autonomie» pour expliquer pourquoi il fallait «augmenter la capacité des élus locaux à prendre des décisions sans interférence du centre». Par exemple, donner le nom de SAJ à un square pour plaire au fils, qui pourrait ainsi délier les cordons de la bourse, est contre l’esprit de l’autonomie, même si on essaie ensuite de se rattraper en évoquant les noms de Daniel André et France Félicité. Et dire que c’est le même Johnson Roussety qui, lors d’un précédent mandat, menaçait Port-Louis que PortMathurin pourrait s’émanciper de Maurice, réclamer son indépendance et rejoindre le concert des nations, si les fonds n’étaient pas décaissés.
Pour Antoinette Prudence, l’autonomie sous-tend une implication active des citoyens dans le processus politique, avec une plus grande obligation pour les décideurs de rendre des comptes, l’amélioration de l’efficacité économique, l’encouragement de la saine compétition locale et de la coopération inter-fonctionnelle, le soutien à l’expérimentation dans le cadre de certaines politiques publiques. Elle avait pratiquement tout compris et c’est sans doute pour cela que Paul Bérenger a tenu à faire ressortir, après avoir appris son décès, qu’elle «était absolument sincère dans son engagement, elle qui s’est mise au service de Rodrigues toute sa vie. Trop peu de gens savent, par exemple, qu’après les élections de 1995, Navin Ramgoolam et moi-même lui avions proposé le poste d’ambassadeur à Paris et auprès de l’UNESCO. Elle nous avait demandé quelques jours de réflexion, puis elle est revenue vers moi pour dire qu’elle était très honorée mais qu’elle préférait rester au service de Rodrigues. C’est typique d’elle et cela démontre toute sa sincérité et son amour pour Rodrigues».
Malgré les discours officiels, le rapport des dirigeants politiques avec le peuple rodriguais n’a jamais été lisse. Après la polémique autour du nom de sir Gaëtan Duval pour l’aéroport de PlaineCorail, c’est au tour de celui de sir Anerood Jugnauth de susciter la polémique. Alors que l’on célèbre les 20 ans de l’autonomie de Rodrigues — qui n’existe que sur papier — Antoinette Prudence aurait pu servir d’exemple aux jeunes, au cœur de Port Mathurin. Il est dommage que les politiciens veuillent plutôt se gratter le dos au lieu de mettre en avant des exemples 100 % rodriguais. Il n’y a pas qu’elle, aurait protesté Antoinette Prudence. Mais SAJ, qui aimait aussi beaucoup Rodrigues, ne serait pas fâché de lui céder le square, lui qui est déjà au panthéon mauricien, entre (nombreux) autres, au côté de SSR à Pamplemousses.
«Antoinette Prudence aurait pu servir d’exemple aux jeunes. Il est dommage que les politiciens veuillent plutôt se gratter le dos au lieu de mettre en avant des exemples 100 % rodriguais. Et il n’y a pas qu’elle…»
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