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Démocratie sur papier
Le leader de l’opposition, de retour de vacances, a l’air requinqué. S’il ne peut pas cacher son impatience par rapport à la rentrée parlementaire de mardi, en revanche, Xavier Duval pèche par un excès d’optimisme quand il déclare à la presse que «la grande période de cover-up du GM prend fin avec le redémarrage des travaux parlementaires.»
1) Face aux questions des députés de l’opposition, comment peut-on oublier la présence du bouclier massif qu’est le loudspeaker Sooroojdev Phokeer, dont la mission principale est de faire taire les voix anti-GM ou de les expulser carrément, quitte à inventer des standing orders. Lui aussi a dû recharger ses batteries pour mardi.
2) Il y a aussi la vieille tactique gouvernementale qui est de se réfugier derriere la Companies Act pour ne pas répondre aux questions relatives à Air Mauritius, Mauritius Telecom, et autres organismes parapublics qui opèrent dans la plus grande opacité en pompant goulûment l’argent du contribuable.
3) “I dont have the information right now. I will table the answer later on.” Réponse qu’on entend trop souvent mais qui ne se traduit pas, la plupart du temps, dans la réalité. En septembre dernier, seul le ministère de l’Éducation avait déposé quelques réponses promises, relatives aux établissements primaires qui sont en rénovation. Entre le 29 mars et le 26 juillet derniers, un millier de questions ont été posées par l’opposition et les «backbenchers» du gouvernement. Au moins 20 %, soit 281 questions, n’ont pas obtenu de réponses. De ces 281 questions, 103 ont été posées au Premier ministre. Comme mauvais élève, le Premier ministre arrive en tête, suivi de Renganaden Padayachy avec 40 questions restées sans réponses, et de Joe Lesjongard avec 19 questions en souffrance.
Et puis il y a les vacances parlementaires, tellement longues qu’on a oublié une bonne moitié des députés qui siègent dans l’hémicyle…
***
Bientôt deux ans depuis que le cadavre calciné de l’activiste MSM Soopramanien Kistnen a été découvert à Moka et la police n’a toujours pas interpellé les suspects malgré le volumineux rapport de la magistrate qui a présidé l’enquête judiciaire, et dont les commentaires, faits lors de l’audience, ou contenus dans le rapport, donnent froid dans le dos.
Plus que jamais, on le maintient : les terribles révélations qui remontent à la surface viennent démontrer les liens mafieux qui existent entre le pouvoir et ceux qui gravitent autour du pouvoir et des institutions publiques. On a vu un dangereux mélange de menaces, d’intimidations, de faux documents, d’appels d’offres pour des équipements médicaux durant le confinement, avec la complicité experte de plusieurs ministères et de la State Trading Corporation, des compagnies, contrats et emplois fictifs, du trafic d’influence, de la corruption (petite et grande), de l’enrichissement illicite. Ce n’est pas fini : il y a aussi dans cette sordide affaire le rôle ambigu de la police et l’état des caméras de Safe City, les agissements des gardes du corps, les dessous de table, les instructions criminelles qui viennent pratiquement, selon la formule consacrée, toujours d’en haut, les élections et les moeurs électorales, une justice à vitesses multiples.
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