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Considérations quelque peu éparpillées
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Considérations quelque peu éparpillées
Le métro est arrivé à Curepipe ! C’est un grand sujet de satisfaction pour le gouvernement bien évidemment. Le citoyen qui utilise le métro en est certainement content aussi, puisqu’il évite ainsi certains problèmes de circulation, gagne un peu de temps, et voyage dans des conditions jusqu’ici améliorées et agréables. Cela m’étonnerait beaucoup que la population en général n’y trouve pas motif de satisfaction et même de fierté nationale. «Parey kouma lot pey !» a toujours été une formule utile pour bomber le torse ! Il n’y a que très peu de citoyens encore conscients de la note extrêmement salée de ce développement clairement tape-à–l’oeil mais potentiellement aussi crucial à terme comme solution partielle aux problèmes de transport, puisque l’on pourra, je suppose, éventuellement ajouter des locomotives et des wagons ?
Le vin est tiré et il faudra donc le boire, comme le dit le dicton, même si le métro va coûter éminemment cher au budget national au point où l’on se fait très discret au niveau des résultats opérationnels, que l’on ne trouve donc toujours pas au niveau du site web de Metro Express. De plus, on persiste et on signe avec une extension vers Réduit et une autre vers Côte-d’Or – avec une insistance particulière pour un arrêt à St Pierre, allez savoir pourquoi ! – extensions qui vont nous coûter les yeux de la tête et encore 300 millions de dollars d’emprunts de l’Inde qu’il faudra bien rembourser un jour !
Espérons seulement que ce sera avant que le dollar ne nous coûte Rs 60 !
Mais tout bien pesé, il est clairement préférable d’être dans un pays qui dépense pour un métro qui va lui coûter très cher, plutôt qu’être en Corée du Nord, pays à peu près six fois plus pauvre que le nôtre et où l’on dépense plutôt pour des… ogives nucléaires !
Tout est affaire de contraste, bien sûr et toutes les échelles de comparaison peuvent être remises en question finalement. D’autant que, je vous l’accorde, avec la Corée du Nord comme standard comparatif, il est improbable de trouver trop d’item où l’on n’est pas «meilleur» ?
‘’Beaucoup trop d’hommes politiques préfèrent régner que diriger !.”
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Évidemment que les politiciens aiment être honorés avec des noms de rue ou de bâtiments, des hagiographies ou éventuellement des statues ; même si les pigeons y exprimeront régulièrement des opinions aussi visibles et caustiques que les nôtres ! Parfois, ils sont glorifiés par un timbre-poste ou un billet de banque ou une loi-cadre particulièrement cruciale à l’avancement général des citoyens. Si ce témoignage a lieu de leur vivant, le politicien digne saura, bien sûr, le refuser. Si c’est après sa mort, c’est que l’on ne l’aura pas oublié …ou qu’il est encore «tactiquement commode». À cette fin, toutes les places sont utiles.
J’écris «évidemment», parce que le politicien, s’il peut parfois être sincèrement engagé dans la recherche du bonheur de ses concitoyens et la défense des bons principes, est malheureusement souvent plus titillé par les avantages du pouvoir, souvent de nature pécuniaire, invariablement flatteurs pour l’ego. Beaucoup trop d’hommes politiques préfèrent régner que diriger ! Bien trop parmi eux adorent les salamalecs, les estafettes et les per diem, mais sont plus réfractaires face à la lecture d’un dossier, à la réflexion, à la recherche de renseignements solides et à la prise d’une décision, surtout quand celle-ci est nationalement nécessaire, mais politiquement coûteuse !
Quand on voit d’ailleurs la liste des citoyens honorés par des décorations nationales chaque année, on peut aisément conclure que sans nos politiciens, nous serions incapables de survivre et que le seul positionnement raisonnable pour, nous autres, le commun des mortels, est la flagornerie, l’adulation, la loyauté sans borne qui mènera sans doute à quelque avantage éventuellement ?
C’est sans doute comme cela même que l’on glisse lentement vers ces systèmes politiques qui dévouent toutes leurs énergies à la gloire des «fils du soleil», souvent héritiers dynastiques, comme en… Corée du Nord.
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Sommes-nous toujours en régime parlementaire ? On peut parfois se le demander quand on voit l’incapacité criarde de notre chambre législative de préserver ne serait-ce qu’un semblant d’autonomie face à son bras exécutif. Quand on constate aussi les frasques régulièrement partisanes de notre speaker. Quand on voit, de plus, le nombre de questions parlementaires restées sans réponses – le Premier ministre lui-même donnant le mauvais exemple, en alignant 103 questions restées sans réponse sur les 11 dernières sessions parlementaires. Quand on prend conscience des manœuvres délibérées de ceux qui sont au pouvoir pour éviter de faire face aux questions de l’opposition, dont une des fonctions démocratiques de base est pourtant d’exiger de la transparence et d’obliger ceux à qui l’on a temporairement confié le pays et l’argent public… de rendre des comptes !
Je ne me fais aucune illusion. Ce qui se passe au Parlement est un dévergondage de plus qui, avec tous les autres, n’aide pas à forger une image d’un pays sérieux, discipliné et transparent ce qui aurait pu, en passant, consolider la confiance et aider à mieux gérer notre roupie et l’inflation qui va encore en découler…
Heureusement que nous n’avons pas encore l’approche du voisin nord de la… Corée du Sud !
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Pas une semaine ne se passe sans que l’on ne nous annonce des saisies de drogue. Elles sont apparemment de plus en plus importantes. Ce n’est pas un monde que je désire connaître, mais je ne peux que constater certains faits.
‘’... On peut aisément conclure que sans nos politiciens, nous serions incapables de survivre...’’
D’abord, plus de saisies ne veut sûrement pas automatiquement dire moins de problèmes de drogue, sauf si la fourniture est restée fixe, ce qui paraît improbable. En effet, saisir 5000 kg de drogue en 2021 au lieu de 500 kilos il y a 10 ans (mettons, généreusement, 50 % du total dans les deux cas) ne veut pas dire plus d’efficience, si l’importation de drogue dans le pays a été, par contre, multipliée par dix aussi ! En fait, pour qu’il y ait eu amélioration de la situation, il faudrait alors, dix ans plus tard, saisir 95 % du total commercé. Est-ce bien le cas ? Vous voyez le problème ?
Ensuite, il y a définitivement divers types de drogue et de dépendance. Les gouvernements d’ici et d’ailleurs ne semblent pas avoir beaucoup de difficulté à accepter l’alcool, la cigarette et le jeu comme des drogues acceptables, même si elles créent, chez les plus vulnérables des dépendances qui sont finalement dévastatrices pour la sérénité des familles et la sauvegarde de leur portemonnaie. Pour l’alcool, il y a même des risques accrus de violence domestique et d’accidents. Une seule raison à cela et à ce traitement: le trésor public y trouve son compte à travers les taxes !
Qu’est-ce qui bloque donc pour décriminaliser et taxer le gandia ? Le président Biden vient de pardonner à tous ceux qui ont été arrêtés et condamnés pour possession de cette substance comme consommateur (les planteurs et les distributeurs restent, par contre, des criminels !) et, plus encore, leur casier judiciaire, qui handicapait jusqu’ici 14 millions d’Américains pour trouver une maison ou un emploi, sera purgé de cette offense ! De nombreux pays ont d’ailleurs décriminalisé l’usage de la marijuana, dont le Canada, l’Uruguay, l’Afrique du Sud, la Hollande, Costa Rica, la Suisse, l’Argentine, 22 états américains, etc…
Qu’est-ce qu’ils savent déjà, que nous n’admettons pas encore chez nous ?
Bien sûr qu’il y a des risques de psychose pour des sujets susceptibles (comme les schizophrènes) ou si le consommateur fume ou boit trop, trop souvent, avec des taux de THC ou d’alcool trop élevés. Mais l’assassin ne boit pas ou ne fume pas du gandia, nécessairement avant de passer à l’acte. Celui qui entre dans une école et qui tue sans discrimination non plus. Pas plus que les terroristes qui posent des bombes qui déchiquettent de parfaits innocents ou les chefs de guerre qui utilisent du napalm ou encore ceux qui lancent leurs missiles indistinctement sur des hôpitaux, des parcs d’enfants, ou des résidences pour civils ….
Ne faut-il vraiment pas, toujours et encore, en faire une question de logique ?
Qui pourrait nous renseigner sur ce que pense le camarade Kim Jong Un, pour que l’on ne fasse pas pareil ?
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