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Évidemment que ce n’est pas un faux !
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Évidemment que ce n’est pas un faux !
Hier, au Parlement, face aux nombreuses questions du leader de l’opposition sur la sordide affaire Kistnen, le Premier ministre et le speaker, après avoir sommairement examiné le document brandi par Xavier-Luc Duval, comme s’ils le découvraient pour la première fois, ont eu une parade commune : l’extrait du rapport de l’enquête judiciaire attribué à la magistrate Vidya Mungroo Jugurnath ne peut être authentifié parce qu’il ne contient ni signature ni aucun tampon. C’est une tactique archi-vue. Questionner le document afin de gagner du temps ou semer le doute. Comme pour le document du sniffing-gate.
Cette posture démagogique, cependant, a ses limites. Et l’opinion n’est pas dupe. Sans la presse, beaucoup d’affaires auraient été balayées sous le tapis, car nos institutions sont dépendantes du pouvoir, et on n’a toujours pas, malgré plusieurs promesses électorales, de Freedom of Information Act.
Si l’extrait du rapport était effectivement un faux, ne pensez-vous pas que la magistrate, elle-même, se serait manifestée en premier, uniquement pour dire : c’est un «fake» document, «ce ne sont pas mes mots» ! D’autant que la courageuse dame fait la Une des journaux depuis vendredi, au risque de sa propre sécurité. Ne pensez-vous pas qu’au lieu de tenir deux conférences de presse en deux jours pour dénoncer la «fuite» du document en question, et qu’après avoir insinué qu’une personne au sein du bureau du DPP pourrait être, selon lui, le lanceur d’alerte, l’Attorney General aurait, sans tarder, démenti, avec malice, la presse qui a repris dans son ensemble le rapport Mungroo-Jugurnath. Pour moins que cela, nos ministres animent des conférences de presse, maintenant imaginez si tout était faux et fabriqué pour ternir la réputation de Yogida Sawmynaden et du gouvernement. Les porte-parole du MSM auraient pris un malin plaisir à démontrer le «trial by the press». Notre confrère Nawaz Noorbux, qui n’a pas encore été entendu par le CCID, aurait été arrêté et Sawmynaden serait devenu la victime de cette affaire (un peu comme dans l’affaire Yerrigadoo). Et aussi, si le document était faux, pensez-vous que le DPP, qui a commandité et reçu le rapport depuis novembre dernier, et qui a le pouvoir de le rendre public, ne l’aurait pas souligné dans son communiqué émis lundi après-midi ? (Notons que contrairement à l’Attorney General, le DPP utilise le terme «findings» et non pas «purported fin- dings») Au lieu d’administrer une volée de bois vert à Maneesh Gobin, le DPP qui, lui, a bel et bien lu le rapport, aurait certainement condamné la diffusion de «false and malicious denunciation in writing», n’est-ce pas ?
Lors de ses échanges avec le leader de l’opposition, le Premier ministre s’est un peu trahi en montrant des signes de nervosité, surtout quand il a cru bon d’évoquer l’accident d’Adrien Duval, mais il ne s’attendait visiblement pas à ce que Xavier-Luc Duval, sans cligner des yeux, lui réponde du tac au tac s’il (XLD) souhaitait qu’il parle lui aussi de sa famille (soit son épouse et ses filles). En homme de principe, le speaker est intervenu pour demander qu’on évite de mêler les proches dans les débats parlementaires mais n’a pas exigé que le Premier ministre (qui avait commencé) retire ses propos contre le fils du leader de l’opposition. Ce parallèle entre une violation de la Road Traffic Act et l’assassinat d’un activiste MSM dans le sillage des scandaleux Covid-19 Emergency Procurements relève d’un jeu typiquement politicien qui consiste à détourner l’attention.
Tout comme la vidéo en circulation, depuis hier matin, qui va encore plus loin que les commentaires malheureux de l’Attorney General. Cette fois-ci, sur YouTube et TikTok, l’on s’attaque carrément à un officier du bureau du DPP et… à la magistrate, en leur prêtant des desseins politiques. Et l’ICTA ne va rien dire, bien évidemment. Encore moins la ministre de la Femme…
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