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Cirque démocratique VS Règne hégémonique
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Cirque démocratique VS Règne hégémonique
A chacun son embrouillamini politique.
En Grande-Bretagne, pays qui nous a légué notre Constitution et notre modèle westminstérien, le parti conservateur n’entend pas lâcher le pouvoir et risquer de nouvelles élections. Il sent que l’opinion a déjà basculé. Liz Truss en a fait les frais et entre dans l’Histoire comme la PM ayant fait le plus court mandat au 10 Downing Street (moins de sept semaines). Alors que la course est lancée pour trouver un nouveau leader du parti et, accessoirement, un(e) autre PM, deux noms refont surface : Rishi Sunak qui avait été devancé par Liz Truss et... Boris Johnson, celui qu’on avait enterré trop vite. Selon la presse britannique, “Boris Johnson is taking soundings but is said to believe it is a matter of national interest (...) Ex-PM needs 100 MPs to stand a chance.” Le Mail titre, lui, “Boris v Rishi: fight for soul of the Tories”. Est-ce une tragi-comédie ou de la real politik dans tout son cynisme ?
Le 20 juillet dernier, pour conclure sa dernière séance parlementaire, Boris Johnson avait lancé un «hasta la vista baby» que beaucoup n’avaient pas saisi. Il savait, sûrement, que son successeur n’allait pas avoir la partie facile vu l’état de l’économie et les attentes de l’électorat. Cependant dans le camp de l’opposition travailliste, on saluait le départ de BoJo qu’on jugeait «inapte» à gouverner.
Alors pourquoi les conservateurs, en bonne partie, lancent-ils le hashtag #BringBorisBack ? Est-ce le seul qui pourrait rassembler un parti fragmenté, qui tire dans toutes sortes de direction, même s’il fait l’objet d’une enquête parlementaire, car suspecté d’avoir induit le Parlement en erreur par rapport au scandale des fêtes à Downing Street en violation des restrictions anti-Covid-19 ? Peut-il redevenir PM avant les conclusions de l’enquête ? N’est-ce pas un mauvais signal à ceux qui font des enquêtes, quand l’exécutif se permet de toiser le législatif, ou le judiciaire (comme c’est le cas chez nous dans l’affaire Kistnen) ?
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Autre continent, autre réalité. Il n’y aura aucun changement majeur en Chine. Peutêtre un jeu de chaises musicales parmi les seconds couteaux pour créer une impression de mouvements. A la tête, le chef suprême Xi Jinping est désormais indéboulonnable. Presque une décennie après avoir pris les rênes du Parti communiste, alors en plein désarroi, Xi peut se vanter d’avoir remis de l’ordre dans la maison, en rendant la Chine deux fois plus riche en termes de PIB. En parallèle, il a écrasé politiquement tous ceux qui se sont dressés devant lui. Aujourd’hui, il n’y a quasiment aucune contestation pour qu’il se voit confier un troisième mandat comme leader omnipotent.
Mais est-ce une bonne chose d’avoir autant de pouvoir et quasiment aucun contre-pouvoir ?
Le Covid-19 a augmenté la pratique autoritaire du régime Xi. Le pays semble s’être refermé sur lui-même après trois ans de pandémie — autant pour des raisons sanitaires qu’idéologiques. Alors qu’on craignait la possibilité d’un G2, les Etats-Unis sont redevenus la bête noire des Chinois (qui subissent un nationalisme pur et dur), divisant le monde entre l’Ouest et une alliance antioccidentale, avec la Russie et l’Iran.
Entre-temps, la deuxième puissance économique doit confronter plusieurs défis : démographique, écologique, économique, que de vieux dirigeants ne peuvent peut-être pas percevoir. Et ce n’est pas le problème de la Chine uniquement.
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Aucun système politique n’est idéal. Raison pour laquelle la démocratie ne doit pas rester statique. Et quand la démocratie cesse d’être un processus, des pratiques autoritaires et élitistes prennent le dessus et provoquent la désaffection des citoyens. A un moment où les rapports de pouvoir et d’autorité sont de plus en plus complexes, des régimes autoritaires doivent s’accommoder de certaines règles démocratiques. D’où l’émergence de régimes hybrides? Entre la république, la démocratie, la monarchie, l’autocratie, la tyrannie, le despotisme ou encore le totalitarisme, il y a tout plein de nuances. Et chacun finit par trouver son compte pour rester ou retourner au pouvoir. Mais, heureusement, jamais de manière éternelle.
«Aucun système politique n’est idéal. Raison pour laquelle la démocratie ne doit pas rester statique. Et quand la démocratie cesse d’être un processus, des pratiques autoritaires et élitistes prennent le dessus et provoquent la désaffection des citoyens.»
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