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Indignés éparpillés
Certes il y avait bien moins de personnes, massées hier sur la Place d’Armes, qu’en août 2020, mais la colère citoyenne était bel et bien présente, sinon encore plus vive. Face à l’incapacité manifeste des oppositions et de la société civile de mettre leur ego de côté afin d’oeuvrer ensemble, le gouvernement aurait tort de penser que la fronde populaire s’estompe, parce qu’elle est davantage éparpillée qu’il y a deux ans de cela.
Davantage que le Wakashio, le rapport de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath et l’immobilisme du CCID (dirigé jusqu’à tout récemment par Heman Jangi) ont rallumé les braises de la colère.
Contrairement à Xavier-Luc Duval, Paul Bérenger et Rama Valayden (entre autres) qui ont choisi de bouder Bruneau Laurette et ses camarades-coaltar, Navin Ramgoolam, les députés travaillistes et Roshi Bhadain sont venus soutenir la manifestation devant l’hôtel du gouvernement. Ils ont compris, alors que rien n’est finalisé avec l’Entente de l’Espoir, que les indignés d’hier font partie de cette masse silencieuse qui représente facilement plus d’un tiers de l’électorat, et qui se reconnaît de moins en moins dans les partis traditionnels. Car ceux-ci se confondent en alliances et mésalliances.
Cela dit, face aux 37 % glanés par le MSM et ses particules en 2019, il y a clairement aujourd’hui une majorité de Mauriciens qui constatent, comme nous, que le pays s’enlise dans une médiocrité criarde, engendrée par un régime aux dérives totalitaires. Il est temps donc pour les citoyens de reprendre leurs pleins droits en tant qu’acteurs de premier plan dans toute démocratie qui se respecte – et envoyer un signal fort à ceux qui ont oublié qu’ils travaillent pour nous, et non pas pour eux.
Il y a clairement aujourd’hui une majorité de Mauriciens qui constatent, comme nous, que le pays s’enlise dans une médiocrité criarde, engendrée par un régime aux dérives totalitaires.
Beaucoup de citoyens ont déjà trouvé au moins un motif d’indignation – certainement le prix de l’essence et du diesel qui ne chute jamais – pour crier sa révolte. Stephane Hessel nous rappelle que quand quelque chose nous indigne, comme lui a été indigné par le nazisme, on (re)devient militant, fort et engagé. Bref, on redevient citoyen.
À Maurice, nous n’avons pas encore une véritable tradition de marches ou revendications citoyennes. C’est un peu normal car on ne s’est pas vraiment battu pour notre indépendance – qu’on a eue de la Grande-Bretagne sur un plateau d’argent, avec un archipel en moins il est vrai. On ne s’est pas vraiment investi contre la décolonisation; d’ailleurs près de la moitié du pays avait voté pour une association soutenue avec les Britanniques. Sinon nos aînés racontent toujours, avec des éclairs dans les yeux, Mai 1975, ou quelques manifestations au temps jadis du MMM naissant, pour réclamer la fin de l’apartheid, la chute du mur de Berlin, ou protester contre la militarisation de l’océan Indien…
Outre le jeu politique dépassé et le système électoral inique, il est aussi temps de revoir le système économique actuel qui produit des écarts de richesse grandissants et qui détruit notre patrimoine naturel à un point de non-retour. L’intérêt général doit recommencer à primer sur l’intérêt des particuliers…
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