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Éclairage: incursion dans le monde des entreprises
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Éclairage: incursion dans le monde des entreprises
Bien plus qu’un classement de meilleures entreprises du pays, l’édition 2022 du Top 100 Companies (THC) demeure un outil de référence pour les opérateurs et décideurs économiques pour mieux comprendre et appréhender le monde des affaires. Véritable mine d’informations, la publication dresse, comme les précédentes éditions, les contours du corporate world et analyse sa santé financière en portant les projecteurs sur les différents secteurs qui le composent.
Celle qui est sortie sous presse la semaine dernière ouvre une ère d’optimisme pour les conglomérats et autres entreprises du pays qui amorcent un nouveau virage, traduisant une reprise de leurs activités post-Covid, mais sans pour autant occulter le fait qu’il y a d’autres défis économiques à l’échelle globale comme l’inflation galopante, ellemême découlant de la guerre russoukranienne qui dure depuis février dernier et dont les conséquences socio-économiques dépassent largement les frontières de deux belligérants pour se répercuter sur l’ensemble des pays du monde.
La publication qui, au fil des années, s’est imposée comme une bible pour le monde des affaires, souligne que si reprise il y a, ce n’est pas pour tous les secteurs car il y en a certains, comme l’hôtellerie, la presse, l’imprimerie et les agences de pub, qui subissent encore les effets de la crise pandémique. Encore, faut-il le préciser, que l’analyse des sociétés figurant dans le classement de Top 100 est basée sur les résultats financiers au 30 juin 2022, voire décembre 2021, et que les chiffres du dernier trimestre montrent qu’au sein du secteur hôtelier par exemple, tout au moins chez les grosses pointures qui tirent cette industrie, il y a visiblement un début de reprise. Ce secteur quitte momentanément la zone rouge, même si ce n’est pas encore la performance pré-pandémique.
À cet égard, on peut citer NMH Ltd, opérant les hôtels du groupe Beachcomber, et qui a connu une reprise de toutes les activités opérationnelles pour le trimestre se terminant au 30 septembre 2022. Cela se traduit par un chiffre d’affaires de Rs 2,6 milliards et des profits de Rs 11 millions contre des pertes de Rs 755 millions pour la même période l’an dernier. NMH s’attend à réaliser un deuxième trimestre de l’année financière 2023 avec des résultats supérieurs à ceux de la période comparative pré- Covid, même si, reconnaissons-le, elle est prudente, préoccupée par les pressions inflationnistes, la hausse des taux d’intérêts et l’incertitude sur les principaux marchés. Autre groupe hôtelier qui se trouve dans une meilleure posture de croissance est Sun Ltd, avec un chiffre d’affaires de Rs 1,4 milliard pour la même période de juillet à septembre 2022, soit une augmentation de 23 % par rapport au trimestre comparable pré-Covid clos le 30 septembre 2019. Quant au chiffre d’affaires du groupe hôtelier Lux Island Resorts, il a atteint Rs 1,5 milliard pour le premier trimestre se terminant au 30 septembre 2022, représentant une hausse de 25 % par rapport à la période pré-pandémique correspondante de 2019. Sans doute, l’édition de 2023 du THC donnera une nouvelle perspective de ce secteur qui ambitionne d’accueillir un million de touristes d’ici la fin de l’année et d’engranger des recettes avoisinant plus de Rs 40 milliards.
Au-delà de l’hôtellerie, la reprise gagne les principaux secteurs porteurs de croissance économique avec de nouveaux acteurs confirmant leur leadership dans le paysage industriel et commercial, à l’instar du géant indien Larsen & Toubro, qui s’impose en première place dans la filière construction, avec son méga projet de Metro Express dans le centre-ville, brassant un chiffre d’affaires de Rs 4,4 milliards au 30 mars 2021. UBP Ltd, la société mauricienne, se classe en deuxième position, engrangeant des revenus de Rs 3,9 milliards en juin 2021, alors que Transisvest Construction, impliquée dans plusieurs projets d’infrastructure, se retrouve en troisième position. On voit donc un secteur dynamique, regroupant 24 sociétés et dégageant un chiffre d’affaires de Rs 44,5 milliards et des bénéfices avant impôt de Rs 3,2 milliards.
Certes, il n’y a pas que la construction qui retrouve une santé financière. THC relève la grande distribution avec l’ascension fulgurante de Seven Seven Co Ltd qui se classe en deuxième position, derrière Pick & Buy, la société holding de Winners du groupe IBL avec un chiffre d’affaires de Rs 9 milliards. Seven Seven Co Ltd, qui opère la chaîne des supermarchés Dreamprice, déloge ainsi Udis Ltée (Super U) qui régresse en troisième place avec un chiffre d’affaires de Rs 5,2 milliards. Sans doute, le panic buying qui s’était installé au sein de la population dans le sillage de deux confinements a permis de doper la performance de ce secteur qui compte aujourd’hui 27 opérateurs.
Dans la foulée, on note la reprise du textile avec la suprématie de Ciel Textile, l’agriculture, le pôle santé, les TIC ou encore les sociétés de paris avec la remontée de Lottotech qui se classe désormais en première position, réalisant un chiffre d’affaires de plus de Rs 2 milliards en décembre 2021. La société, une filiale du groupe Gamma, fait un bond digital avec éventuellement des paris en ligne, voire des paiements.
Reste que certains pôles d’activité sont toujours à la traîne. La publication identifie les entreprises de presse comme celles qui ont vu leur chiffre d’affaires stagner et les bénéfices chuter drastiquement. THC rappelle que les sociétés qui ont résisté à la crise se trouvent être celles qui opèrent dans un marché populaire et niche, citant Viva Voce Ltd (Radio One), Business Publications (Business Magazine, Essentielle) ou encore Top FM.
Aussi étrange que cela puisse paraître, il y a toujours des entreprises qui grimpent l’échelle des richesses dans la présente conjoncture de crise post-Covid en s’appuyant sur une forte croissance. Top 100 Companies en recense une brochette. Il y a le groupe Medine, qui a vu ses revenus augmenter de 36 % au 30 juin 2022 pour atteindre Rs 1,4 milliard. Engagé dans de nombreux projets immobiliers dans la région Ouest du pays, Medine réussit aussi sa transition sur la base d’une stratégie commerciale de diversification qui porte déjà ses fruits. Dans le même registre, figure, entre autres, Toyota (Mauritius) Ltd qui gagne 18 places avec un chiffre d’affaires en hausse de plus de 52 %. La filiale mauricienne de la multinationale indienne, Indian Oil, fait mieux avec des revenus qui ont littéralement explosé, plus 86 %. Ces achievers se comparent défavorablement aux fallers du présent classement avec le groupe Rogers qui accuse une baisse de 18 % de son chiffre d’affaires de juin 2022, perdant huit places pour se retrouver à la seizième. SKC Surat, Rey & Lenferna et Taylor Smith font partie également de ces fallers.
Et quid de ces newcomers, ceux qui rejoignent le club des millionnaires, voire des milliardaires en 2022 ? Il y en a plus d’une dizaine, certains moins connus que d’autres, dont la société d’État Landscope Mauritius, qui fait son entrée à la 100e place avec un chiffre d’affaires de Rs 791 millions. Fashion Height Group, appartenant à la famille Foo-Kune, qui a racheté les magasins de Rakesh Gooljaury, détenant des prestigieuses marques comme Mango, Esprit, Celio et Jennyfer, entre autres, se joint aussi à cette ligue à la 66e place, alignant un chiffre d’affaires Rs 1,5 milliard. Tout comme d’ailleurs le groupe Manjoo, Kuros Construction, Cargotech et Bamyris Motors Ltd, entre autres.
Baromètre par excellence du monde des affaires, Top 100 Companies est venu, au fil de ses 30 années d’existence, désacraliser la notion d’argent et de profit, ramenant sous les feux des projecteurs les entreprises qui se distinguent et les autres conglomérats commerciaux et financiers qui contribuent à raffermir la taille de l’économie mauricienne.
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