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MMM: la dérive dynastique
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MMM: la dérive dynastique
Le clash entre Aadil Ameer Meea et Joanna Bérenger, lundi, au sein du BP mauve, dépasse l’anecdotique. Il traduit l’exaspération d’un bon nombre de militants qui constatent, le coeur brisé, la dérive dynastique qui s’opère au sein du MMM, parti qui est aujourd’hui plus faible que jamais.
Auparavant, personne n’aurait osé contourner un «Deputy Leader» comme Aadil Ameer Meea (qui en est à son troisième mandat consécutif) et une régionale (ici le no 3) pour imposer ses amis ou protégés sans se faire rabrouer et désavouer par la direction du parti. Mais tel n’est plus le cas : Joanna Bérenger se permet de s’immiscer dans d’autres circonscriptions, pas seulement au no 3, sans qu’elle ne soit rappelée à l’ordre par l’inamovible lider maximo qui n’est autre que son père.
Déjà pour sa première élection en 2019, la fille a bénéficié de l’appui total du leader, contrairement au «Deputy Leader» du parti, Ajay Gunness. Les résultats 2019 de la circonscription no 16 (Vacoas-Floréal) parlent d’eux-mêmes. Joanna Bérenger, qui n’avait aucun bilan ou passé, avec en bandoulière son patronyme, a été élue en tête avec 15 060 voix, soit 41,1 % des suffrages, alors que le no 2 – sur le papier – du MMM est arrivé à la 7e place avec seulement 9 957 voix (28,5 %).
Depuis, la fille Bérenger essaie de se faire un prénom et de créer une petite équipe autour d’elle pour remplacer l’ancienne garde autour du père. C’est ainsi qu’Ajay Gunness et Dhanraj Boodhoo auraient préféré abandonner la circonscription no 16. Pour éviter tout conflit, Gunness aurait choisi de retourner au no 10.
Mais Aadil Ameer Meea, contrairement aux béni-oui-oui qui entourent Paul Bérenger, ne veut plus se taire ; il est de ceux qui estiment que le MMM est en train de départir de ses principes afin de faciliter la transition entre le père et la fille. Sans que le BP ou le comité central, ou encore l’assemblée des délégués, ne soit dûment informé.
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Quand le patronyme prédomine dans un parti politique – le MMM était, avant l’arrivée de Joanna Bérenger, pratiquement le seul qui n’opérait pas selon les codes dynastiques –, la méritocratie n’a plus sa place. C’est pour cela ensuite que les mêmes politiciens s’alternent au pouvoir. C’est aussi pour cela que les fils à papa et les filles à papa (ou à maman, dans le cas des Hanoomanjee), aidés par une clique de flagorneurs et de profiteurs, poussent comme des champignons dans notre arrière-cour de préjugés.
Pourtant, le désir d’une vraie alternance (et non pas une sempiternelle «musical chair» avec les éternels patronymes), la soif de la démocratie et d’un État de droit demeurent une aspiration universelle.
Nous le disons depuis longtemps : il faut «démugaber» la politique à Maurice dans le sens où il faut lutter contre les inamovibles et les dynasties. S’il n’y a pas de démocratie au sein des partis, ou s’il y a une forme de démocratie qui maintient un leader ou une famille aux commandes pendant cinq décennies, alors il faut revoir tout le fonctionnement. La méritocratie doit prendre le pas sur le règne des dynasties et des fils et des filles à papa. S’ils sont méritants tant mieux, mais qu’ils ne viennent pas piper les dès et fausser le jeu démocratique au sein de leur parti respectif, trop souvent confondu avec un business familial, au nom d’une transmission naturelle ou génétique de la chose politique. L’égalité des chances ne devrait pas juste être un slogan !
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